lundi 30 novembre 2015

Souvenirs de lecture 26 : Valérie Simon




Souvenirs de lecture 26 : Valérie Simon




   Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchés, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient d'où on était quand on les lisait, quel temps il faisait. Il m'a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d'écrire. Aujourd'hui c'est Valérie SIMON qui me fait l'honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.


LLH : Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus touché et pourquoi ?


VS :   Je suis une grande lectrice, mes premiers souvenirs de lecture apparaissent très tôt, vers l’âge de 4/5 ans. Je me souviens également que j’ai toujours eu un don pour trouver un livre dans n’importe quelle maison. Lire est pour moi un besoin viscéral, dont je ne pourrais vraiment pas me passer.

Je raconte souvent une anecdote qui m’a profondément marquée. Ce n’était pas durant mon adolescence, je pense que j’étais bien plus jeune que ça… J’ai fait une partie de ma scolarité dans un ancien pensionnat de jeunes filles qui venait de s’ouvrir à la mixité. Certains de mes professeurs étaient des religieuses avec des jupes grises et des voiles. Cette école avait une très jolie petite bibliothèque, où je passais énormément de temps. Lorsqu’on y entrait, on découvrait à droite des étagères bleues, à gauche des étagères roses. Les garçons lisaient du bleu, les filles du rose. Sur un tourniquet, du côté bleu, il y avait toute la collection des Bob Morane. Je les ai lus en cachette, agenouillée derrière des meubles, je n’avais pas le droit de les emprunter…
On peut donc dire que les Bob Morane furent une étape majeure dans mon approche de la lecture, par leurs histoires pleine d’aventures, certes, mais également et surtout par ce contexte qui va au-delà de la lecture.
Après, évidemment, d’autres textes m’ont marquée, pour de multiples raisons, difficile de n’en citer qu’un. Je parlerai de Joseph Kessel, du Lion et des Cavaliers. Ces deux romans m’ont emportée, autant par l’histoire, qui me tenait en haleine, que par la poésie des mots, la justesse de la phrase, la beauté du verbe. Il s’en dégage un souffle épique, un instantané de beauté simple, brute, sauvage. Des sentiments forts. Une magnifique alliance entre le style et le sens du récit. Pour moi un modèle intemporel.
Je citerai ensuite Anne Golon, et sa merveilleuse Angélique marquise des Anges. Certainement ma première approche du souffle romanesque et de la mise en actes d’une héroïne à la fois touchante et forte, qui entend vivre librement malgré une société (masculine) qui lui impose constamment des carcans. Je me suis toujours amusée de cette odeur de pêché qu’on a voulu accoler à ces titres. Quel scandale, effectivement, qu’une femme qui aspire à vivre aussi librement qu’un homme !
Enfin, j’évoquerai les romans d’imaginaire, qu’ils soient de science-fiction, de fantasy ou de fantastique, et ceci dans un très large spectre, car j’y ai trouvé à la fois une liberté de ton et une originalité d’approche dans lesquels je me sens à l’aise. Le seigneur des anneaux, grand classique de JRR Tolkien malgré ses défauts, fut pour moi une véritable révélation. Il allie ces contes et légendes que j’affectionne à un sens de l’épique et de la poésie qui s’accordent à ma sensibilité.
Je parlerai enfin de deux femmes écrivains, Marion Zimmer Bradley et Anne McCaffrey, dont les romans furent pour moi de grands moments de plaisir. Le cycle de Ténébreuse ou la Ballade de Pern ont réussi, pour moi, l’alliance de la romance et de l’aventure. Ils portent en leur lignes, tout comme les romans d’Anne Golon, un véritable élan libertaire pour les femmes. Ces textes ont jalonné mon adolescence.


LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une influence sur votre désir d'écrire ?

VS :   En rien ! Mon désir d’écrire est né bien avant ces lectures, il est quasiment né en même temps que mon envie de lire. Je me revoie toujours avec un papier, un stylo. Au début, mes histoires étaient petites, elles tenaient sur des carnets. Après, au fur et à mesure que je grandissais, elles investissaient des cahiers, des classeurs… 
Néanmoins, il est clair que ces lectures ont orienté le choix de mes thèmes. Je crois avoir commencé à écrire par frustration, parce que j’avais des choses à dire que je ne retrouvais pas forcément dans mes lectures. A l’adolescence, ce fut pire, car j’adorai lire la science fiction et la fantasy or, il faut bien le dire, la grosse majorité des histoires que je lisais étaient écrites par des hommes, pour des hommes. Ah, les merveilleux cycles de Conan le barbare ! Et tous ces mondes perdus, ces explorations lointaines et ces descentes au centre de la terre avec des héros sans peur et sans reproche, souvent accompagnés de femmes un peu potiches… !!!! Il fallait que je réinvente mes propres univers, avec mes propres personnages, généralement des héroïnes pleines de courage et de passion, qui n’attendent pas de se faire sauver par le premier prince charmant de passage. Elles sont d’ailleurs elles-mêmes de charmantes princesses. Avec entre les mains la même épée que leur consort masculin. Un pied-de-nez au destin.



LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de cœur ?


VS :    Le dernier titre que j’ai lu d’une traite, sans avoir envie de le lâcher, fut Lontano, de Jean-Christophe Grangé. J’aime les histoires qui donnent envie de poursuivre la lecture, qui incitent à y revenir sans cesse et qui poussent constamment à tourner les pages pour connaître la suite. J’aime également la façon qu’à Grangé pour poser ses décors, son style très visuel. 
Autre auteur qui met véritablement des images dans la tête, orienté Fantasy cette fois-ci, Pierre Pevel, dont j’ai lu récemment Le Paris des Merveilles, un roman que j’ai trouvé délicieusement rétro, très « Arsène Lupin » avec une dimension féérique en plus. 
Après, j’ai découvert récemment Mélanie Fazi, une merveilleuse novelliste, tout en délicatesse et en poésie, aux atmosphères simples et cependant incroyablement riches et profondes, avec lesquels j’ai beaucoup d’affinités.  




Biographie

VS :   Je suis née à Strasbourg, en terre alsacienne baignée de traditions et de légendes. Après une maîtrise en Arts et un diplôme en cinéma, je travaille comme graphiste en agence de communication. Je suis publiée dès 1997 au Fleuve Noir (Le cycle de la pierre d’Arkem en 4 tomes, collection Legend) et participe à deux collectifs : Fantasy (Fleuve Noir, 1999, anthologistes Henri Loevenbruck et Alain Névant) et Cosmic Erotica (J’ai Lu, 2000, collection Millénaire, anthologiste Jean-Marc Ligny).
Après un séjour de six ans à Bruxelles, je me suis installée en 2008 près de Lyon d’où je relance une activité littéraire dès 2012 avec la réédition du cycle d’Arkem aux Editions du Riez. Depuis, je propose des textes courts qui parlent de sorcellerie ou de monstres tapis dans les imaginaires collectifs. Mes écrits légers et visuels, sensuels et poétiques, sont toujours remplis d’évasion. Ils s’interrogent souvent sur l’amour et/ou la bestialité humaine. Ils parlent aussi d’héroïnes fortes qui imposent ma propre vision de la Fantasy.
Mon premier recueil de nouvelles, Cœur à corps, est paru en juin 2015 aux Editions Bragelonne. Coup d’Etat, premier tome d’un cycle de Fantasy inédit, La reine des esprits, est disponible depuis mai 2015 aux Editions du Riez. Séismes, un roman court se déroulant à Bucarest pendant un tremblement de terre, est paru aux Editions Rebelle en septembre 2015.


   Encore un grand merci à Valérie Simon pour sa gentillesse et sa disponibilité. Les titres cités par Valérie ayant fait l'objet d'une chronique sur ce blog apparaissent en couleurs et disposent d'un lien intégré vous permettent d'accéder directement à la chronique  concernée.

    J'aurai le plaisir d'accueillir Valérie Simon ainsi que deux autres auteurs, en compagnie de La Muse des Gones le samedi 12 décembre au Biscuit Café Créatif à Neuville sur Saône. à 15h. Venez nombreux !!!

samedi 28 novembre 2015

Rencontre avec Anne-Véronique Herter



Rencontre avec Anne-Véronique Herter le 5 décembre 2015


















   Les lectures du hibou et Le Biscuit créatif vous invitent à une rencontre avec Anne-Véronique Herter autour de son roman coup de coeur, Zou !


Le samedi 5 décembre à partir de 15h au Biscuit à Neuville sur Saône. 




Venez nombreux partager ce moment d'échanges dans une ambiance conviviale.


















  Lien pour l'événement Facebook :https://www.facebook.com/events/932832306771256/

  Page du Biscuit pour les coordonnées :

vendredi 27 novembre 2015

Coup d'État Tome 1 : La reine des esprits



Coup d'État tome 1 : La Reine des esprits de Valérie Simon aux Editions du Riez




   Après dix ans passés chez les Initiées de Denaia, Alia rentre dans son royaume. Elle a dix-sept ans et elle va être officiellement proclamée héritière du trône. Elle a hâte de quitter les Initiées, ces femmes pleines de charme rompues à l'art du combat et de la manipulation, responsables de le mort de sa mère . Dix ans après, elle en veut encore à son père d'avoir confié son éducation à ses pires ennemies. 

   Son retour est l'occasion pour les Initiées qui noyautent tous les royaumes alentours et pour les Rauthan de s'emparer de ce riche État et de son industrie florissante du cristal. Pour y parvenir ils s'allient pour se débarrasser d'Alia.

   Valérie Simon nous entraîne à la suite d'Alia, cette jeune fille rebelle, cette femme qui ne veut pas se laisser dicter sa conduite ni par les Initiées ni par son père . Dans ce contexte explosif elle va lutter pour sa vie, pour la défense du royaume. Par ses descriptions précises, poétiques, l'auteur nous plonge dans ce monde à la fois superbe et inquiétant. Un monde peuplé d'animaux étranges, effrayants dans lequel l'homme est égal à lui-même, avide de pouvoir et de richesse. J'ai été captivé par cette lutte, par ces personnages pleins de profondeur. Le roman est dépaysant, envoûtant, plein de sensualité . Le style fluide et la construction du roman m 'ont fait tourner les pages sans que je m'en aperçoive et croyez-moi ce n'était pas gagné d'avance tant la fantasy n'est pas un genre que j'affectionne. J'attends maintenant la suite avec impatience. 

  "- Jeune Farrukha, conserve à jamais un seul credo : la croyance amène le pouvoir. Toutes les religions sont basées sur cette réalité. Parvenir à l'utiliser en s'en affranchissant, telle est la force du Denaia."

   "D'ailleurs que connaissait-elle de ce père en dehors de ses principes rigoureux ?
     Uniquement des souvenirs d'enfance qui avaient minutieusement forgé sa haine primordiale aise que, maintenant, une pitié qui lui révélait à quel point il était usé, désespéré, étranger à toute forme d'avenir.
     Il n'avait pourtant manoeuvré que pour la rendre forte. Il lui avait construit un esprit libre pour mieux l'enfermer dans son statut d'héritière. Elle savait qu'elle ne s'évaderait jamais de ce rôle. Elle avait été façonnée pour devenir ce pouvoir dédié au trône alsybeenien. Un ancrage dans la tradition. Un sacrifice. "


lundi 23 novembre 2015

Les oubliés de Vulcain



Les oubliés de Vulcain de Danielle Martinigol aux éditions Le Livre de poche jeunesse



   Pour faire face à la surpopulation, les humains se sont tournés vers les autres planètes, les ont colonisées. L'administration de ces territoires s'organise au sein d'une confédération : La Confédération des Trente Mondes. C'est dans ce contexte que Charley fête ses quinze ans.  Pour l'occasion, il reçoit de ses tuteurs, tous deux généticiens, un animal génétiquement modifié, un charat : croisement entre chat et un rat. Lors de cette fête il va faire une découverte qui va le bouleverser. Il est, lui-même, le fruit d'une expérience. Son prénom est un acronyme : Cobaye Humain Amélioré Résitant aux Lieux Extraterrestres, le y final étant le symbole du chromosome  masculin.


  Furieux, le garçon se cache dans un container à ordures bientôt en partance pour la planète Vulcain, la planète poubelle. S'il résiste au largage, Charley se dit que c'est là le meilleur moyen pour fuir son destin tout tracé de cobaye humain. Le jeune garçon, "amélioré" génétiquement, résiste parfaitement au l'atterrissage  et à peine arrivé sur Vulcain,  fait la connaissance de Jani, une native de la planète. Ébahie par la résistance de Charley au largage, elle décide de l'emmener dans sa famille. La robustesse du jeune homme pourra être d'une grande utilité à sa famille qui peine à subsister en triant les déchets au péril de sa vie.

  Peu attiré par les romans de science fiction, je me suis laissé tenter par Les oubliés de Vulcain et bien m'en a pris. Ce roman estampillé jeunesse, paru pour la première fois en 1995 m'a emballé. Il traite de sujets au coeur de l'actualité : la manipulation, génétique, le traitement des déchets. Outre l'aventure de Charley, ce roman est une étude critique et  intelligente de notre société. Sur Vulcain la société est divisée en deux castes : les Ords, classe dirigeante qui vit loin des déchets et les Volcanos qui vivent quasiment au milieu d'eux, qui les trient, subissant les largages de containers et les maladies inhérentes au traitement des ordures. Charley, avec son capital génétique modifié sent qu'il a un rôle a jouer sur cette planète.

  Danielle Martinigol signe avec les Oubliés de Vulcain un roman passionnant, intelligent qui bien qu'estampillé jeunesse passionnera les lecteurs de tous âges. Merci à l'auteur de m'avoir réconcilié avec la science fiction et merci à La Muse des Gones de m'avoir poussé à lire cet excellent roman.

  "Là était la particularité de cette planète. Ses habitants, à part une minorité infime, n'avaient appris son nom qu'en y arrivant en même temps qu'ils découvraient l'impossibilité d'en repartir...


    Personne dans la Confédération Planétaire ne se souciait de la planète poubelle. Personne parmi les milliards d'habitants des Trente Mondes, ne connaissait le nom de Vulcain."

   

mercredi 18 novembre 2015

Fernand, un arc-en-ciel sous la lune



Fernand, un arc-en-ciel sous la lune de Martial Victorain chez L'Astre Bleu éditions




   Fernand Malicier vient de perdre son chien. Il se retrouve seul à La Salamandre, la maison dans laquelle il a passé toute sa vie d'adulte. Sa femme est morte depuis longtemps, son fils ne vient plus le voir qu'une fois par an, débordé par son travail.  Ses journées sont rythmées par les enterrements des alentours, qu'il suit consciencieusement.  La solitude lui pèse de plus en plus. Il a peur de perdre la tête seul avec ses "âmes fêlées". Sa décision est prise : il ne lui reste plus qu'à  refermer la porte sur ses souvenirs encombrants. Sa vie, il la terminera au Perce-neige.

   Le Perce neige est une maison de retraite classique. A son arrivée il est très surpris par toutes les questions qu'on lui pose sur sa santé. Fernand va bien, il est vieux mais encore vert, ne souffre d'aucun maux et a toutes ses dents. Il regrette déjà sa bonne vieille Salamandre. Il va devoir s'habituer aux règles de l'établissement. Mais Fernand n'est pas du genre à se soumettre. Il a ses propres besoins, son propre rythme et il est bien décidé à ne pas se laisser enfermer sans combattre dans cette antichambre de la mort où la vie est ponctuée par les traitements et les repas, le reste du temps consistant à l'attente. Il va petit à petit apporter la vie, ouvrir les portes de ce véritable tombeau.

   Dans Fernand, un arc en ciel sous la lune, Martial Victorain met en lumière nos "petits vieux", ceux qui sont oubliés dans les maisons de retraite, déposés là pour y attendre la mort, y oublier peu à peu qu'ils sont encore en vie, qu'ils ont encore des choses à dire, qu'ils peuvent encore avoir des projets. Ce roman est une critique des maisons de retraites dans lesquelles ces hommes, ces femmes ne sont considérés que comme des cas médicaux, où leurs personnalités, leurs aspirations sont niées. Un roman plein de tendresse et de poésie pour nos aînés oubliés. Les phrases y sont ciselées, polies, un vrai travail d'orfèvre. Un texte plein de souffle, de vie, plein d'espoir et ça fait du bien en ce moment. Ce Fernand restera longtemps dans ma mémoire.  Une très belle découverte pour moi et j'ai déjà hâte de lire le suivant. Un grand merci à Martial Victorain pour ce superbe moment de lecture.

  "À abriter pendant des années les mêmes gens, à percevoir leurs mêmes odeurs, à entendre leurs mêmes voix, les maisons finissaient par prendre les habitudes de leurs locataires. Elles en  étaient une sorte de doublure, un papier carbone qui, en s'imprégnant de leurs présences, décalquaient et reflétaient ainsi les sensibilités de leurs âmes. Les murs étaient chargés de souvenirs et de manies, de joies et de souffrances, de cri, de rires d'enfants et de larmes parfois, d'espoir et désespérance, de tout ce qui brode et tisse les fibres de l'existence. De cela, Fernand en était persuadé. Les maisons finissaient par ressembler à leurs occupants. Elles étaient foisonnantes de paisibles fantômes."

   " Fernand se sentait impuissant, pris au piège inexorable du temps qui passe, ne cessant de fixer le vert artificiel des murs comme s'il s'agissait de la surface même de cette vase dans laquelle il se sentait sombrer. Cette tapisserie finalement, à bien y regarder, n'avait aucune ressemblance avec la Limagnole. Elle en était tout son contraire même : une matière sans âme, du synthétique encollé sur des cloisons de Placoplatre n'ayant aucun histoire, ni passé ni avenir. Elle était le symbole du déguisement, de l'enfermement, un papier peint qui n'avait rien de la belle rivière sauvage libre d'un bout à l'autre ; rien de cette belle furieuse qui tord ses eaux troubles parfois et se vrille et se contorsionne souvent, se dévergonde et se fraye un chemin de vie en osant bousculer dans son jeu d'anguille des galets de fond."

lundi 9 novembre 2015

Vidéo de la rencontre avec Pascal Marmet au Biscuit, le 31 octobre 2015



Vidéo de la rencontre avec Pascal Marmet au Biscuit, le 31 octobre 2015



Le 31 octobre, Les lectures du hibou recevaient au Biscuit à Neuville sur Saône, Pascal Marmet, pour son roman Tiré à quatre épingles, paru chez Michalon. Voici la vidéo de cette rencontre passionnante.



























   



     Voici ma chronique sur Tiré à quatre épingles :http://leslecturesduhibou.blogspot.fr/2015/08/tire-quatre-epingles.html

     Un grand merci à Pascal Marmet pour sa participation à cette belle rencontre. 

samedi 7 novembre 2015

Vidéo de la rencontre avec Martine Magnin le 26/09/15



Vidéo de la rencontre avec Martine Magnin le 26 septembre 2015



   Le 26 septembre, les lectures du hibou recevaient au Biscuit Café Créatif à Neuville sur Saône, Martine Magnin pour son roman Les larmes des saules paru chez Estelas Editions. Voici l'enregistrement vidéo de cette très belle rencontre.


















  Voici le lien de la vidéo :https://www.youtube.com/watch?v=tnLuJGno56o

    Encore un grand merci à Martine Magnin pour ces précieux moments partagés.

vendredi 6 novembre 2015

Ma mère ne m'a jamais donné la main



Ma mère ne m'a jamais donné la main de Thierry Magnier (texte) et Francis Jolly (photos) aux éditions Le bec en l'air



   Lorsque le narrateur, reporter photographe, écoute un message laissé sur son répondeur, c'est un passé douloureux qui ressurgit dans sa vie. Le notaire de la famille le convoque dans le pays de son enfance pour régler la succession de sa mère décédée un an plus tôt. Ce voyage qu'il n'a jamais eu la force de faire, il ne peut plus l'éviter. Ce périple qu'il va effectuer accompagné de Jacques, son meilleur ami, véritable béquille pour cet homme claudiquant vers son passé, va  réveiller les fantômes endormis et réouvrir les cicatrices oubliées.

  C'est dans un pays ravagé par des "événements" tragiques et violents que les deux hommes atterrissent. Une région du monde qui semble désertée. Les deux amis ne croisent que ruines, vent et poussière jusqu'à la coquille vide qu'est devenue la maison familiale. Une bâtisse qui n'abrite plus que les fantômes du passé et la poussière.



"La poussière a envahi les lieux, partout de la poussière. Beaucoup. Avant la poussière c'était uniquement dehors. Surtout quand le vent très chaud de l'été soufflait, là il fallait vite fermer les fenêtres et les portes. Aujourd'hui les fenêtres ne servent plus à rien, la plupart ont disparu, pillées, cassées, le vent s'installe comme il veut. Il est le seul habitant.
  Lui et le passé. Rien d'autre que le vent et le passé, c'est ça. "





   Au fur et à mesure de leur voyage, les souvenirs sautent à la gorge du narrateur. Son enfance dans cette maison coloniale entre une mère qui ne le voit pas, ne s'occupant que de sa soeur jumelle et un père auquel il est très attaché mais qui n'a pas le temps de s'occuper de lui. Tous ses jeux d'enfants avec cette soeur si proche avec qui aujourd'hui il n'a plus aucun contact. Toutes ses premières années dans ce pays jusqu'à  "l'Accident" qui a forcé la famille à rentrer en France.


  Dans ce livre fort, tout comme l'auteur, j'ai été assailli par ces émotions, par ces odeurs, par cette poussière, par ce passé mort mais pourtant si présent dans les souvenirs. Le style de Thierry Magnier rend tout cela très palpable, presque étouffant. Les photos de Francis Jolly  où le vent et la poussière, les fissures du temps qui passent, le vide, sont omniprésents, sont en parfaite harmonie avec le texte.

  Ma mère ne m'a jamais donné la main est un très beau livre, puissant, émouvant. Un grand merci à Anne-Véronique Herter de me l'avoir fait découvrir. Je vous le recommande vivement. 


   "J'étais devenu photographe pour les autres, en aucun cas pour moi : l'idée de voler des images qui ne m'appartenaient pas me glaçait. Je préférais en garder le souvenir, mon oeil et ma mémoire suffisaient, et pas grave pour les pertes. Il y a dans l'acte de photographier quelque chose qui se rapproche de l'acte de tuer ou de faire mourir lentement. Les souvenirs sont fantasmes, et l'oubli rend les clichés plus beaux. Je les regarde, les écoute, ils m'aident à me tenir éveillé la nuit. "



mercredi 4 novembre 2015

Le petit livre rouge des meilleurs voeux



Le petit livre rouge des meilleurs voeux de Martine Magnin chez Estelas Editions




   D'ici quelques semaines, les meilleurs voeux vont fleurir dans nos boîtes aux lettres, dans nos conversations avec des amis, des gens que nous croisons, de parfaits inconnus, ils vont se multiplier dans nos boîtes mail, c'est la tradition. Mais cette tradition a-t-elle encore un sens ?  Ces gens qui nous présentent leurs meilleurs voeux, que nous souhaitent-ils ? Savent-ils seulement ce que nous souhaitons ? C'est le caractère automatique et pour tout dire artificiel de cette tradition qui a amené l'auteur à s'interroger sur les voeux.

     "  Les vœux s’échangent, mais ne changent rien. Cette habitude banalisée m’agace. Pour moi, les mots sont importants. Pourquoi dire n’importe quoi à n’importe qui, sous prétexte que c’est la coutume, si cet usage est vide d’intentions, d’attentions et de contenu et uniquement consensuel ? »


   Dans ce petit livre rouge, Martine Magnin, en bonne fleuriste est allée à la cueillette des ces fleurs d'espèces différentes.  Elle a fait un appel au voeux. Plus qu'à une tâche de fleuriste, c'est à un travail de botaniste qu'elle s'est attelée. Elle a répertorié ces souhaits par catégorie, les a analysés, s'est interrogée sur ce que les gens se souhaitent pour eux-mêmes et pour leurs proches. Le résultat est surprenant et tend à rassurer sur l'âme humaine. Finis les souhaits d'extrême richesse, les voeux s'orientent vers le bien vivre, vers un monde meilleur, vers l'être plutôt que le paraître. 

   « Un poète anonyme rêve pour nous d’un monde meilleur où il ne ferait ni trop chaud, ni trop froid. Il imagine un monde parfait sans haine ni guerre, sans violence ni discrimination, un monde idéal où l’on ne connaîtrait ni la faim, ni la soif, ni la pauvreté ni le malheur.
Ce monde idéal et impossible, égalitaire et neutre, où même la pluie, j’imagine, aurait le bon goût de tomber la nuit sur les récoltes, serait aussi, et peut être pas si grave, un monde qui rendrait ridicule et vain les passions, les désirs, les frontières, les bulletins météo quotidiens, les journalistes, les médecins, la monnaie. Dans cet Eden de faibles émotions, sans transgression ni compétition, serait-il possible aux écrivains d’inventer de façon crédible la moindre tragédie, le plus petit crime, ou même la plus infime intrigue amoureuse ? Quid des artistes maudits qui ne peuvent créer que dans le désespoir, des tragédies grecques ? Serions-nous heureux ou anesthésiés ? »



   Dans la deuxième partie du livre elle applique la même méthode pour une autre tradition de la nouvelle année : les bonnes résolutions, ces déclarations d'intention bien souvent oubliées dès la fin janvier.

   Cette analyse passionnante, qui en dit long sur les aspirations de nos contemporains, c'est un vrai travail de sociologue mené avec toute la tendresse, la bienveillance, l'humour et la vigueur qu'on retrouve dans tous ses livres. Alors en cette fin d'année plutôt que de présenter des voeux vides de sens, offrez plutôt Le petit livre rouge des meilleurs voeux et lisez le vous-même, vous passerez un excellent moment tout en ayant une photographie très parlante de notre société et de ses aspirations.

  Je vous cite ici le plus beau voeu qu'elle a reçu, un de ceux qui me touchent le plus, cela ne vous étonnera pas.

   «  « mon souhait, c’est l’apparition quelque part chez moi d’un clone de la Bibliothèque Nationale avec une chaise longue et suffisamment de bière pour tenir jusqu’à ma mort ». »