mercredi 23 décembre 2015

Fuite de fluide



Fuite de fluide de Li Cam, paru chez Organic Editions



  3h 15 du matin, la narratrice se tourne dans son lit. Impossible de dormir. Et ce ploc, ploc incessant, venant de la salle de bain qui lui vrille les nerfs. Elle se lève bien décidée à faire rendre gorge à ce robinet insolent. Mais les gouttes d'eau continuent à tomber, inexorablement, impitoyablement. De guerre lasse, la jeune femme décide de prendre un bain pour se calmer, s'y plonge et s'endort.

 



 





Li Cam nage dans une mer d'encre, elle y est habituée. Pour l'instant tout est calme mais elle sait ce qui l'attend. Elle va encore devoir lutter contre le Léviathan, ce garde-fou, celui qui empêche la porosité entre le monde de "je" et le monde de Li Cam, qui interdit à l'encre de fixer les mots et les maux de Li Cam dans le réel.



"Le garde-fou est le voile qui couvre le miroir
  et qui met l'âme en danger de mort imminente."

   " L'encre ancre à la réalité"



   Entre "je" et Li Cam, laquelle est la plus réelle ? Celle qui va travailler la journée pour gagner sa vie, ou celle qui part dans son monde de chimères pour en rapporter des histoires ? Cette nouvelle nous plonge dans l'univers de la création littéraire, sur cette lutte entre le réel et l'imaginaire, une lutte qui n'a pas de vainqueur puisque "je" et Li Cam doivent coexister pour que cette oeuvre prenne forme. Cette fuite de fluide est la condition pour qu'elle s'incarne.





 Comment dans le cas de cette nouvelle parler du contenu sans évoquer son contenant. Fuite de fluide est une nouvelle graphique de la collection Petite Bulle d'Univers d'Organic Editions. Le cahier des charges de cette série est pour les auteurs de s'inspirer d'une oeuvre plastique (photos, sculpture, peinture) pour rédiger leur texte.

     Dans Fuite de fluide le texte, poétique, plein de force et de fantaisie de Li Cam et les photos de Jean-Emmanuel Aubert se combinent parfaitement ou puisqu'on parle de fluide, se coulent l'un dans l'autre. Les textes répondent aux photos, ils sont  imprimés sur des pages de couleurs correspondant à l'élément liquide du texte et des photos : le transparent de l'eau, le bleu-vert de l'océan, le sépia, le noir de la mer d'encre. Ce mélange, ce mariage nous offre un objet littéraire - maintenant identifié sous l'appellation "nouvelle graphique" - parfaitement réussi. A saluer également, le travail à la conception graphique de Philippe Aureille. J'en redemande !!!! Bravo !


"A tous ceux qui pensent que mon monde n'est qu'un leurre.
   Je dis : et plus encore.
   Je ne suis pas dupe de la futilité de mes croisades, 
   Comme de la mesquinerie de mes vengeances,
   Et je n'impose à personne de croire en mes chimères.
   Je joue des décalages, des collages sans âges,
   Des dérives sans rives.
   Je ne sais rien et pourtant je donne tout.
   Je laisse la vérité aux bonimenteurs.
   Je laisse la bonne parole aux vrais amateurs.
   Je tisse des trames, je file les existences, je prends, je vole, j'usurpe
   Et si mon monde et ses monstres herculéens peuvent paraître effrayants,
   Ce n'est qu'une imposture pour tenir les pusillanimes à distance.
   Toutes les souffrances et les meurtres que je perpètre,
   Ne font pas de victimes.
   Là-bas, je suis seule, 
   Mais la solitude ne me pèse plus.
   Accompagnée de mes fantômes,
   J'erre sans entraves, 
   Et me délivre du sort des hommes
   Et de mes propres insuffisances.
   Alors, àt oui ceux qui prétendent que mon  monde n'est qu'un piège, 
   Je dis :
   Je ne suis qu'un fluide qui fuit, 
   Un liquide qui s'échappe, 
   Une mer dans laquelle viennent se diluer toutes les peurs et toutes les haines du monde."


    Un grand merci à Jean-Emmanuel Aubert de  m'avoir fourni quelques fichiers photos pour me permettre de vous les présenter. Bientôt je vous présenterai cette maison .







lundi 21 décembre 2015

Vidéos de la rencontre spéciale jeunesse, jeunes adultes du 12 décembre 2015



Vidéos de la rencontre spéciale jeunesse, jeunes adultes du 12 décembre 2015





   Le 12 décembre 2015, Les lectures du hibou et La Muse des Gones recevaient trois auteurs lors d'une rencontre spéciale jeunesse, jeunes adultes, fantasy. Nous avons eu le plaisir de présenter aux enfants et à leurs parents, Valérie Simon, Sylvie Arnoux et Laetitia Pettini dans une ambiance conviviale et festive au Biscuit Café Créatif à Neuville sur Saône.




Notre affiche



Notre salle avant le début des festivités


























Nos trois auteurs et une jeune admiratrice



Voici les liens pour les vidéos des trois rencontres:



   Laetitia Pettini : https://www.youtube.com/watch?v=XZ3_HmVqFIQ vidéo malheureusement tronquée suite à un incident technique.


   Je tenais à remercier très chaleureusement nos trois auteurs pour leur présence et leur bonne humeur.

   Un merci tout particulier à l'inimitable Muse des Gones pour son aide dans la préparation et l'animation de cette rencontre. Une collaboration qui en appelle beaucoup d'autres.








dimanche 20 décembre 2015

Sol y lune éditions : l'interview



Sol y lune éditions : l'interview


Les lectures du hibou donnent régulièrement  la parole aux auteurs dans la rubrique Souvenirs de lecture, aujourd’hui il m’a semblé intéressant et important de donner la parole à un éditeur. Le livre avant d’arriver entre les mains des lecteurs passe par de nombreuses étapes et l’éditeur après l’écrivain est présent dès le début du processus de la création et de la diffusion du livre. Esther Merino a crée en 2012 Sol y lune éditions, elle a accepté de répondre à mes questions. Un grand merci à elle.


Esther Merino
































Question 1 ; Bonjour Esther.  Peux tu en quelques mots présenter ta maison d’édition aux lecteurs ?

Bonjour Denis, et tout d’abord merci de m’avoir proposé cette interview. 
Sol y lune éditions est une jeune maison d’édition, « indépendante » comme on dit, qui a été créée par pure passion du livre et de la lecture. C’est cette passion que j’essaye de partager en publiant des textes qui puissent arriver au plus grand nombre. 


Question 2 : Peux tu définir la ligne éditoriale de Sol y lune éditions ?

La ligne éditoriale est basée sur deux axes. Premièrement : publier des textes - venus de tous les horizons - dont le contenu « parle » au lecteur, qui le fasse réfléchir, qui le mène à se poser des questions par rapport à un sujet, voire plusieurs dans le même ouvrage. Et deuxièmement, faire connaître en France des auteurs contemporains espagnols. 
Mais, la maison d’édition étant toute jeune, rien n’est encore figé et la ligne éditoriale peut toujours évoluer et se compléter, du moins c’est ce que j’espère.


Question 3 : Peux tu nous expliquer ton travail à Sol y Lune ?
Quels sont les rôles de l’éditeur dans la publication d’un livre ?

Ouf ! Alors, la casquette que je porte principalement est celle d’éditrice. Mais si l’on prend le sens strict et pratique du terme, un éditeur, s’occupe de mener un écrit dès son état de manuscrit (en relation avec l’auteur), jusqu’au bon à tirer pour l’impression du livre, la publication. Comme un chef d’orchestre. Mais je crois qu’il faut d’abord faire la distinction entre les petites maisons d’éditions « indépendantes » et les grandes maisons d’édition. En effet, pour un même but (que des belles histoires voient le jour et arrivent au lecteur) les petites maisons d’édition travaillent souvent en effectifs réduits, comme c’est le cas de Sol y Lune éditions alors, même si l’on s’entoure de professionnels et si on sous-traite certaines étapes, il faut compter aussi avec la gestion au sens propre de la maison d’édition, qui doit être gérée en même temps que la production des livres alors que dans les maisons d’édition plus grandes/grosses, on va dire que l’orchestre a plus de musiciens pour jouer la même mélodie, ce qui ne donne pas le même niveau sonore. Il y rentre en compte aussi le modèle économique de l’entreprise qui joue énormément dans les cas des petites maisons d’éditions, puisque les problèmes de trésorerie sont récurrents et c’est pourtant cette trésorerie là qui permet de financer la « production » des livres. Une fois que l’on a pris en compte tous ces paramètres, je parle de casquette parce que dans mon cas j’exerce le métier d’éditeur, mais aussi de diffuseur, de distributeur, de traducteur, de maquettiste, souvent de community manager, de webmestre, d’attachée de presse, de chargée de communication…, puis de tout un tas d’autres fonctions que j’espère petit à petit pouvoir déléguer au fur et à mesure que Sol y Lune Éditions va grandir.


Question 4 ; Considères-tu l’arrivée du livre numérique comme un danger pour ton métier ? Penses-tu un jour, éditer des livres numériques ?

Surtout pas, pour moi le numérique n’arrive pas : il est déjà là. Si les gens avaient eu peur des ampoules, nous n’aurions pas pu profiter de la lumière. Je pense que comme à tout changement il faut s’adapter, au début on tâtonne, mais après si l’on s’y intéresse on arrive à le maitriser. Je pense aussi qu’aujourd’hui on ne lit pas les mêmes choses de la même manière. L’accès à l’information ne se fait plus (ou peu) par les mêmes canaux, mais ce que l’on appelle dans le métier la « lecture plaisir » existe toujours. Aussi, le numérique a aussi ses avantages pour certaines catégories de gens comme les personnes âgées à qui les liseuses rendent plus facile cette lecture en leur donnant la possibilité d’agrandir la taille des caractères. Ou des personnes qui n’ont pas un grand pouvoir d’achat mais qui veulent quand même avoir un titre puisque le prix du livre numérique est moins cher que celui du livre papier, (et encore, je pense qu’il est encore trop cher). Dans mon cas, il est important que l’accès à la culture soit à la portée de tout le monde, je fais des livres à mon sens beaux en tant qu’objets qui respectent un prix de vente abordable (même si le lecteur ne se rend parfois pas compte) et non pas au prix qui permet une plus grande rentabilité. 


Question 5 : Pourquoi ce nom : Sol y lune ? 

Comme pour beaucoup d’autres choses dans ma vie, ce nom est venu comme une évidence à laquelle j’ai pu  imposer des explications : la dualité qu’il comporte par rapport aux deux cultures : l’espagnole et la française. Les deux axes principaux qui font la ligne éditoriale. La lecture de jour vs la lecture du soir, par exemple…
Mais aussi, parce que ce sont deux astres sans lesquels nous ne pourrions pas vivre… comme les livres.



  Un grand merci à Esther Merino d’avoir répondu à cette interview. Sol y lune et Les lectures du hibou vous proposent en ce moment un concours pour vous faire gagner six livres. Il est ouvert jusqu’au 2 janvier et en voici le lien : http://leslecturesduhibou.blogspot.fr/2015/12/concours-sol-y-lune-les-lectures-du.html


  Voici les liens  pour le site internet de Sol y lune et pour sa page Facebook :
    


  Bonne chance et joyeuses fêtes à tous !

vendredi 18 décembre 2015

Résultats du concours Le Noël des blogueurs



Résultats du concours Le Noël des blogueurs

Voila le moment tant attendu pour certains d'entre vous ...Nous souhaitons remercier tous les participants ainsi que les auteurs qui ont relayé le concours ..Nous avons reçu beaucoup de commentaires des plus sympathiques.

Passons d'abord à la réponse de l'énigme avant le tirage au sort.

Notre voleur n'est autre que Guillaume !

Si vous relisez les indices nous apprenons que :
Céline envoyait un SMS à son chéri.
Yvan était avec Stef, en grande conversation et dégustation de Kouglof.
Denis était dehors, il est accro à sa cigarette au chocolat.
Vincent était aux toilettes, c'est le problème quand on boit trop !
David et Loley rigolaient ensemble, enfin entre deux mouchages.

Mais personne n'a vraiment vu Guillaume !

Comment avons-nous procédé pour le tirage au sort ?
Comme certains d'entre vous sont de fins limiers et d'autres un peu moins. Nous avons donc laissé plusieurs chances afin de trouver le nom du voleur. Nous avons donc choisi de rentrer plusieurs fois vos noms dans le chapeau en fonction de votre perspicacité ! Je m'explique ...un participant qui a trouvé du premier coup se voit inscrit trois fois, celui qui a trouvé au deuxième coup est inscrit deux fois et celui qui a trouvé au troisième coup se voit inscrit une fois. Nous n'avons pas accepté plus de 3 chances !

Nous pensons que c'est équitable, j'espère que vous aussi !

Place aux vainqueurs !











N'oubliez pas de nous faire parvenir vos coordonnées via le mail : noeldesblogueurs@yahoo.com 
Bravo à tous . 

Et surtout de TRÈS BONNES  FÊTES DE FIN D'ANNÉE A TOUS !

Des livres à mettre sous le sapin



Des livres à mettre sous le sapin









     Voici un petit récapitulatif d'une année de lecture . Un parcours mois par mois. Il a bien fallu faire un choix parmi les pépites découvertes.  Des livres que je vous recommande d'offrir ou de vous faire offrir. Joyeux Noël et bonne lecture.



Janvier




Noces de neige de Gaëlle Josse, Editions J'ai Lu


















Février




Zoé d'Alain Cadéo, Editions Mercure de France







Mars





   Aide-moi si tu peux de Jérôme Attal, Editions Robert Laffont
  




Avril




La part des flammes de Gaëlle Nohant, 
Editions Heloïse d'Ormesson























Argoun de Martie Garnier 
Editions Baudelaire



Mai






Zou ! d'Anne-Véronique Herter, Editions Michalon 
















Juin




Aime-moi... comme tu es de Cathy Galliègue
Editions Kawa















Juillet









Ric-Rac d'Arnaud Le Guilcher, Editions Robert Laffont






















Editions Persée






Août





Le malheur sera ta chance de Renaud Santa Maria
Editions Belfond











Septembre






Ce qui ne nous tue pas... de Carole Declercq, Editions Terra Nova












Octobre








Les larmes des Saules de Martine Magnin
Estelas Editions









Novembre






L'Astre Bleu Editions















Décembre



La voleuse de Norlane Deliz
Editions du Poutan



















Editions Hugo Roman




















Goodbye Gandhi de Mélanie Talcott
Editions L'ombre du Regard











Livres jeunesse








Max et les poissons de Sophie Adriansen
Editions Nathan


















Le trio L et la Petite Afghane de Sylvie Arnoux
Editions La Cabane à Mots















Tous les titres de livres apparaissent en couleurs car ils disposent d'un lien intégré vous permettant d'accéder à la chronique correspondante.


Joyeux Noël à tous !!!

jeudi 17 décembre 2015

Concours Sol y Lune- Les lectures du hibou




Concours Sol y Lune- Les lectures du hibou



















     En cette période de fêtes de fin d'années Sol y Lune éditions et Les lectures du hibou s'associent pour vous proposer un concours. Et le moins que l'on puisse dire est que l'on vous gâte. Sol y Lune éditions vous offrent leurs trois publications en double exemplaire, soit six livres pour autant de gagnants. Les livres sont arrivés aujourd'hui et je peux vous dire que le packaging est soigné. 


Voici les livres en jeu 






L'âge de la colère de Fernando J. Lopez
La maison en chocolat de Claudio Cerdan






Intermittent de la life de Romain Noël



Comment gagner ces livres :



1) Partager la page du concours sur Facebook ou sur Twitter.

2) Répondre aux deux questions suivantes :

     Question 1 : Combien de livres ont été publiés à ce jour par Sol y Lune Editions ?

     Question 2 : En quelle année a été créée la maison d'édition ?


 3) Envoyer vos réponses et le lien de votre partage du concours sur Facebook à l'adresse mail suivante : leslecturesduhibou@outlook.fr .


Pour vous aider à répondre aux questions, lisez bien l'article de présentation et rendez vous sur le site de la maison d'édition ou sur sa page Facebook et profitez-en pour découvrir ce jeune éditeur audacieux et talentueux . Voici les liens pour y accéder :

    
https://www.facebook.com/solyluneditions/?fref=ts


   Le concours sera clôturé le 2 janvier à midi.

   Les gagnant seront contactés pas mail.

   Le concours est ouvert à tous les francophones !

  Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne chance et à remercier Sol y Lune Editions pour ce généreux partenariat. 











mercredi 16 décembre 2015

Goodbye Gandhi



Goodbye Gandhi de Mélanie Talcott aux éditions L'ombre d'un regard



   "Une femme, le corps en partie dissimulé sous des pétales de roses rouges, reposait sur un lit d'immortelles jaune-orangé. Vivante ? Morte ? La masse des curieux, des hommes surtout, érigeait un rempart mouvant autour de l'inconnue dont le visage était dissimulé sous un dupatta jaune."

   En allant au marché aux fleurs, l'inspecteur Vijay Ramalingam ne s'attendait pas à tomber sur sa prochaine affaire. Une enquête qui s'annonce rapidement épineuse car l'inconnue n'est autre que Monique Duchemin, ressortissante française, plus connue à Pondichéry sous le nom de Amma Amrita, la "Mère Teresa" du cru . 

   D'enquête, il n'y en aura pas, du moins pas officiellement. Le décès sera qualifié en suicide par le médecin légiste. La personnalité de la victime risquant de créer un tremblement de terre en haut lieu, mieux vaut étouffer l'affaire. L'équipe de l'inspecteur Ramalingam recevra le renfort d'un policier français qu'il faudra surveiller comme le lait sur le feu pour qu'il ne pose pas trop de questions.

  Parallèlement à l'enquête, nous suivons les actes qui ont occasionné le décès de la victime d'un bout à l'autre du roman.

   Très vite, l'enquête policière est passée pour moi au second plan, paraissant être un prétexte d'ailleurs plutôt bien ficelé pour évoquer l'Inde. Et croyez-moi, on se la prend en  pleine poire. C'est l'Inde réelle qui nous est montrée ici pas celle des clichés, de la mythologie, des films de Bollywood, du nirvana des hippies. Un pays certes attirant mais tout autant repoussant. Un pays où la pauvreté la plus crasse côtoie la richesse la plus clinquante. Un pays dans lequel la violence et la corruption se sont érigées en système. Un pays idéal pour le business humanitaire, car ici c'est bien un business qui nous est décrit. Le style de Mélanie Talcott a cette capacité d'évocation qui fait que nous y sommes transportés. Nous voyons les couleurs de ce pays, nous en sentons les odeurs (les meilleures comme les pires), nous ressentons presque physiquement la chaleur, la moiteur. Alors venez, suivez le guide dans l'Inde réelle, plongez-vous dans ce livre au style à la fois si poétique et si précis, dans cette Inde actuelle qui nous est montrée comme dans un film car ce roman est très cinématographique. Un grand merci à Mélanie Talcott pour ce voyage passionnant.

  "Je n'ai rien vu du Taj Mahal, de l'incontournable, dit-on, Rajasthan ni de Jaipur la Rouge ou du Kerala, que l'on qualifie de Venise indienne. Je l'ai regretté parfois car les paysages forgent aussi la mentalité des hommes. Mais en Inde il en va autrement et si l'on voulait souligner une quelconque différence entre ses populations, il faudrait plutôt opposer l'Inde des plaines interminables à celles des hautes montagnes, celle des villes à celle des campagnes, car pour le reste, il semble que la même mentalité placide court d'un bout à l'autre de cet immense pays. Ce n'est pas la terre de toutes les opportunités et de tous les possibles, qui seraient impossibles ailleurs, sinon celles des multiples facettes de l'humain, du pire jusqu'au meilleur et comme partout, ce que tu vis - ou plutôt comment tu le vis - ne dépend uniquement que de toi. "

  

  

mardi 15 décembre 2015

Je n'ai jamais eu de petite robe noire



Je n'ai jamais eu de petite robe noire de Roselyne Madelénat aux Editions Hugo Roman


   Florence, la cinquantaine, est journaliste dans un magazine féminin. Côté vie privée, elle est célibataire, elle vit un amour en pointillés avec Pierre, un écrivain mais se laisse séduire par des hommes plus jeunes qu'elle. Florence a besoin de se sentir aimée. Va-t-elle pouvoir construire une histoire durable avec Bob ?

   "Je suis bien avec lui, nous rions beaucoup ensemble sans qu'une intimité réelle se crée, mais est-ce vraiment nécessaire ? Je me laisse porter dans cette histoire. Il me répare, son élan vers moi me surprend plus qu'il ne m'interroge, en attendant, je ne réponds plus aux appels de Pierre qui ne s'acharne d'ailleurs pas à me joindre. Bob colle des pansements sur mes déchirures, de ma rupture avec Fabien à la mort d'Alex, et j'en passe. Pour qui ai-je pu être le Tricostéril de sa vie ? Nous sommes tous et toutes à un moment, pour quelqu'un, un symbole quelconque, un médicament, une rencontre du féminin ou du masculin, une ambition, un fantasme, une découverte, et que généralement nous l'ignorions m'amuse : libre à nous de faire fonctionner à fond notre imagination."

   Florence a besoin d'être réparée. Elle nous raconte son enfance entre un père bipolaire et violent et une mère malheureuse qui essaie tant bien que mal de faire face mais qui a trop de problèmes à résoudre pour s'occuper d'elle convenablement. Très tôt, Florence a coupé les ponts avec sa famille, mais quand sa mère tombe malade, elle va l'assister dans ses derniers instants. 

    Florence en est à la période des bilans dans sa vie et le décès de sa mère va agir comme un catalyseur à ses questionnements sur son enfance, sur l'histoire de la famille. A l'enterrement, elle va se rapprocher de son père , sensible à sa douleur. Peut-être va-t-elle enfin pouvoir l' aimer  et être aimée de lui. Mais des questions restent en suspens. Un lourd secret mine cette famille .  Une non-dit  qui remonte à la deuxième guerre mondiale. Il a eu pour conséquence cette ambiance délétère à la maison.  Comment se construire dans ces conditions ?  Florence va tant bien que mal essayer de faire avouer son père, de lui arracher la vérité. Mais la vérité est-elle plus supportable que l'ignorance ? La certitude plus vivable que le doute ? Et Florence pourra-t-elle encore aimer son père, une fois le doute levé ?

   "La vérité est un rapace qui déboule dans notre champ de vision et qui kidnappe ce à quoi nous tenons. La vérité possède elle aussi ce fameux goût métallique et anxiogène. Une fois qu'elle nous tombe dessus, nous ne pouvons rien faire  pour la mettre à l'écart et l'oublier, elle prend toute la place, nous bouffe tout tel un cancer infiltrant."

   Encore un roman sur un secret de famille me direz-vous ? Oui, ces secrets, comme l'amour, alimentent la littérature depuis qu'elle existe mais si on ne devait lire que des livres sur des thèmes jamais traités on serait très vite à cours de lecture. Et dans ce roman, le sujet est très bien traité. Les doutes de Florence, son désir de connaître la vérité, de se libérer de ce poids pour peut-être le remplacer par un autre encore plus lourd, sont particulièrement bien rendus. C'est un roman fort, terrible, mais pas plombant. Pas de pathos ici , et même des touches d'humour par-ci, par -là. C'est un roman, malgré les circonstances, plein de tendresse et d'amour. Un livre porté par un style punchy, direct, vrai. Voilà qui résume bien le livre je trouve : sa sincérité, son émotion vraie. Rien de surjoué. Je n'ai jamais eu de petit robe noire est un livre que j'ai dévoré et que je vous recommande tout particulièrement. 

samedi 12 décembre 2015

Vidéo de la rencontre avec Anne-Véronique Herter, le 5 décembre 2015



Vidéo de la rencontre avec Anne-Véronique Herter, le 5 décembre 2015



   Le 5 décembre 2015, Les lectures du hibou accueillaient Anne-Véronique Herter pour Zou ! paru aux Editions Michalon, au Biscuit Café Créatif à Neuville sur Saône. Une rencontre pleine d'émotion et de bonne humeur. Voici l'enregistrement de la vidéo de cette très belle rencontre.




















Lien pour la vidéo de la rencontre : https://www.youtube.com/watch?v=S39oX7pYOw0

Lien pour ma chronique sur Zou !  : http://leslecturesduhibou.blogspot.fr/2015/05/zou.html

  Un grand merci à Anne-Véronique pour les émotions , les rires, sa gentillesse. A très bientôt !

vendredi 11 décembre 2015

Flic de papier




Flic de papier de Guy Rechenmann aux éditions Vents salés 



    Printemps 88, un homme disparaît au Cap Ferret, laissant une une épouse et une fille désemparées. Pour l'inspecteur Anselme Viloc, cette affaire sera sa première en solo. L'inspecteur vient d'être muté dans le bassin d'Arcachon. Cet endroit bordé par l'océan semble l'apaiser après une affaire qui lui a valu la perte de sa famille. Alors autant dire que cette affaire de disparition le touche au plus haut point. Il met un point d'honneur à la résoudre malgré le peu d'enthousiasme de son commissaire pour qui cette "évaporation" est somme toutes banale.

    Le moins qu'on puisse dire est qu'Anselme patauge dans cette histoire. Il n'a jamais été un flic de terrain. Son ancien collègue ne l'appelait-il pas le flic de papier ? Anselme est en panne d'intuition, il ne sait même pas ce que c'est, il sait que ça existe mais elle semble le fuir. Dommage pour un flic. Il ne parvient pas à savoir quelle piste il doit suivre. 

    "Mais est-ce vraiment nous qui décidons ? Les chemins sont légion et les questions les mêmes : lequel choisir ? Vais-je pouvoir aller jusqu'au bout ? Avec qui ? Une question d'équilibre sans doute. Même une feuille blanche est remplie de chemins, la plume qui la parcourt  peu tracer, à son gré, des destins fabuleux ou des vies de misère. Nous sommes l'encre de l'écrivain, et suivant son humeur et son imaginaire, nous nous trouverons prince ou valet d'indigence. Les écrits sont perdus, il me reste un buvard virtuel pour comprendre l'histoire. Il a fait sécher l'encre à l'envers sur un papier fragile, mais il est maculé de lignes en tous sens, enchevêtrées, baveuses, une peinture abstraite."

   Cette affaire va plonger notre inspecteur dans son passé dramatique, elle va réouvrir des blessures tout juste cicatrisées surtout qu'en parallèle de son enquête, son ancien collègue se rend en Estonie sur les traces du criminel responsable de la disparition de sa femme et de sa fille.

   Amis amateurs de polars qui aimez les sensations fortes, les meurtres horribles, les courses poursuites infernales, laissez vous tenter par ce polar d'un genre bien différent. Il y a peu de temps, mon amie Leila, brillante blogueuse (Leeloo s'enlivre) avait créé un mot pour décrire un polar humoristique qu'elle venait de lire : drolar (très évocateur, non ?) . Alors laissez moi y aller à mon tour de mon néologisme. Je dirais que Flic de papier est un poélar: un polar poétique. 

   Les états d'âmes d'Anselme sont intensifiés ou apaisés par l'océan, par ce bassin d'Arcachon avec ses vents, ses arbres. Pour se rendre sur les lieux de son enquête, plutôt que de passer par la route, il a besoin de cette traversée en bateau, elle le prépare, elle lui donne le courage d'avancer. Et que dire du personnage de Lilly cette charmante petite fille  pleine d'imagination et  à la langue bien pendue à laquelle il s'attache au fur et à mesure de l'enquête.

   "Heureusement, Lilly ne sait pas encore que l'imagination et la fantaisie spontanées sont l'apanage des gosses. Une fois que l'adulte a trouvé son costume, il ne le quitte plus. La plupart du temps, il est sombre, strict et le comble, c'est qu'il en est content."

   Laissez vous tenter par ce polar d'un autre genre, laissez vous porter par le style plein de poésie, de fantaisie et de sensibilité de Guy Rechenmann. J'ai passé un très agréable moment avec Anselme et Lilly et le bassin d'Arcachon, véritable personnage de ce roman.