Rencontres
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lundi 27 octobre 2014
L'homme de la montagne
L'homme de la montagne de Joyce Maynard aux éditions Philippe Rey
Rachel (la narratrice) et Patty sont deux soeurs, elle vivent dans un lotissement poétiquement nommé "Cité de la splendeur matinale" avec leur mère. Leur père, l'inspecteur Toricelli, charmeur invétéré, amoureux de toutes les femmes, a été mis à la porte par sa femme fatiguée de ses incartades. Les deux soeurs sont livrées à elles-mêmes car leur mère dépressive passe tout son temps libre dans sa chambre à lire des livres empruntés à la bibliothèque. Les deux adolescentes vivent donc en toute liberté, s'inventant des jeux dans la montagne, et passant leurs soirées dans la cour des voisins pour profiter de l'image de leurs postes de télévision. Rachel est pleine d'imagination, elle rêve de devenir écrivain, Patty quant à elle est sportive, elle a un don pour le basket et est passionnée par les chiens. En quelque sorte ces deux inséparables sont la tête et les jambes d'un même corps.
Mais bientôt, les jeux, la vie des deux soeurs vont être perturbés. Des corps vont être découverts dans la montagne, des corps de femmes, nus mises à genoux en position de prière, une bande de rouleau adhésif collées sur les yeux. C'est le détective Toricelli qui va être chargé de l'enquête. Les deux jeunes filles vont vouloir à leur façon aider leur père à résoudre l'enquête, aider ce père qu'elles aiment et qu'elles sentent en difficulté.
Ce roman est plus un roman sur l'adolescence, l'apprentissage qu'un véritable thriller. La vie des deux jeunes filles leurs questionnements, leurs aspirations, leurs réactions devant leur corps qui change ou qui tarde à changer, leur vision du monde sont analysés et décrits avec beaucoup de finesse.
"La fille de treize ans déteste sa mère. Adore son père. Déteste son père. Adore sa mère.
Alors quoi?
Les filles de treize ans sont grandes et petites, grosses et maigres. Ni l'un ni l'autre, ou les deux à la fois. Elles ont la peau le plus douce, la plus parfaite, et parfois, en l'espace d'une nuit, leur visage devient une sorte de gâchis. Elles peuvent pleurer à la vue d'un oiseau mort et paraître sans coeur à l'enterrement de leurs grands-parents. Elles sont tendres. Méchantes. Brillantes. Idiotes. Laides. Belles."
L'amour inconditionnel qui unit ses deux soeurs est touchant émouvant,. L'enquête policière ne joue qu'un rôle de catalyseur, elle exacerbe toutes les émotions de ces deux êtres en construction. Une construction à l'ombre d'un père qui du statut de héros tombe dans la déchéance suite à ces échecs dans sa traque de l'homme de la montagne. Un père idéalisé qui va chuter de son piédestal sans pour autant perdre l'amour de ses filles, mais un amour qui deviendra plus lucide.
La seule critique que je pourrais faire à ce roman est sur sa fin. Une fin rocambolesque, tirée par les cheveux comme si l'auteure avait été pressée par les délais. Mis à part ce bémol, j'ai beaucoup aimé ce roman au style simple, efficace, tendre quand il décrit la relation des deux soeurs et qui devient envoûtant dans les descriptions de ces paysages de montagne effrayants et si attirants. Un mont Tamalpais qui habite littéralement ce roman. Sans cette fin bâclée ce roman aurait été un coup de coeur.
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