Rencontres

lundi 6 avril 2015

La mer d'Innocence



La mer d'innocence de Kishwar Desai aux éditions de L'Aube



    Simran Singh est en vacances avec sa fille adoptive, Dugar. Elles comptent bien profiter des plages paradisiaques de Goa. Alors qu'elle n'a la tête qu'à ses vacances bien méritées, Simran reçoit un bien étrange message de la part de son ancien amant, Amarjit, policier à Delhi. Un message sous forme d'une vidéo inquiétante. Une vidéo apparemment tournée à Goa dans laquelle on voit une touriste britannique se faire agresser par des Indiens. Simran sait bien que si Amarjit lui a envoyé cette vidéo, ce n'est pas innocent, il souhaite qu'elle mène sa propre enquête. Simran finit par se laisser convaincre , elle va découvrir une Goa bien différente de son image de carte postale.


    Qu'est devenue Liza, la jeune anglaise de la vidéo. Elle semble avoir disparu, est-elle seulement encore en vie? L'attitude de Marian, sa soeur, est plus qu'ambiguë, elle cherche sa soeur mais ne semble pas être très encline à aider Simran dans ses recherches. Dans les pas de Simran, nous découvrons l'envers du décor de Goa. La violence, la corruption, la disparition de touristes étrangers, le trafic de drogue, les réseaux maffieux voilà la réalité de cette destination de rêve pour les anciens hippies.


   La mer d'innocence est ma première lecture d'un auteur indien. Kishwar Desai nous livre une photographie sans complaisance d'une Inde vérolée par les trafics en tous genres. Une Inde où la femme est considérée comme un objet de plaisir qu'on peut prendre de force sans encourir de châtiment beaucoup plus grave qu'une tape sur la main. Cette enquête fictive est mise en relation pendant tout le roman avec un fait divers bien réel celui là : le viol d'une jeune indienne par six hommes dans un bus à Delhi. Une violence contre les femmes dénoncée par Kishwar Desai dans tous ses romans, celui-ci étant le troisième de la série mettant en scène le personnage De Simran Singh.


   Qu'il est attachant le personnage de cette travailleuse sociale, énergique, libérée, qui vit sa vie de femme célibataire comme elle l'entend dans une Inde où la femme doit rester à sa place. J'ai aimé le fait que l'enquête soit menée par une travailleuse sociale, une femme habituée aux difficultés rencontrées par ses compatriotes, une femme portant un regard plus humain sur toute l'histoire que ne le ferait n'importe quel flic. L'enquête "policière" est passionnante, mais semble bien secondaire. Ce roman est avant tout une critique virulente de la violence (surtout celle envers les femmes), et de la corruption qui gangrènent l'Inde. Une belle découverte pour moi. Je lirai avec plaisir les deux précédents volumes de cette série.

   "En fonction de la région du monde dans laquelle elles grandissent, les filles d'aujourd'hui semblent presque piégées par la pression de leur entourage, l'influence du commerce et le poids de la tradition. D'un côté on risque de les exploiter sexuellement si elles adoptent une attitude trop libérale et de l'autre, des traditions ancestrales leur volent leur enfance. Dans tous les cas, elles sont victimes de leur propre culture. Certaines jeunes filles aux États-Unis et au Royaume Uni ont des relations sexuelles - et même des bébés - dès l'âge de onze ans tandis que dans certaines régions de l'Inde, on force des petites filles à se marier alors qu'on devrait les laisser jouer ou aller à l'école."

4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  2. Ta chronique m'a vraiment donnée envie de lire le livre! Il rejoint ma Wishlist!

    RépondreSupprimer
  3. Quelle belle chronique pour ce roman d'une auteur que j'adore.
    Merci monsieur le Hibou pour ta sensibilité.

    RépondreSupprimer
  4. bonjour
    j'ai vu l'auteure au quai du polar avec Joelle comte et treky des amis lecteurs , "témoins de la nuit " comme toi je suis emballée par le fait que ce soit une travailleuse sociale qui mène l'enquête j'ai essaye de le dire dans ma vidéo en tous les cas ... merci pour ce regard avec une auteure qui je le crois n'est pas prête à nous lasser merci
    elo melo

    RépondreSupprimer