Ric rac d'Arnaud Le Guilcher aux Edtions Robert Laffont
Jean-Yves, Jeanyf pour sa famille, a quatorze ans. Il est apprenti footballer. Ballon au pied il n'a peur de personne. C'est un technicien hors pair. Seulement, Jean-Yves est tout petit et cela pose problème à l'encadrement de son centre de formation. Pour pouvoir y rester et faire la carrière dont il rêve et qui lui permettra de quitter La Sourle, il doit grandit de 20 cm en deux mois.
La Sourle c'est là que vit Jeanyf quand il n'est pas au centre de formation. La Sourle c'est le "trou du cul du monde" et Jeanyf et son père vivent à l'écart du village. Sa mère et morte et son père, marionnettiste ne s'en est jamais remis. Il transforme la maison, le jardin en un mausolée à la mémoire de sa femme Yvette. C'est là que Jeanyf tracassé par son problème de taille (et de taille il l'est son problème) va passer ses deux mois de vacances au contact des membres de sa famille tous plus déjantés les uns que les autres. Le père dont j'ai déjà parlé Pierryf, son oncle, Jackyf , herboriste original, et son fils Soubirou, illuminé depuis qu'il a vu la vierge.
C'est dans cette ambiance que Jeanyf va devoir se battre avec son problème. Dès qu'il est tendu, triste Jeanyf va courir dans la forêt. Mais après quoi court-il? Après son avenir, après le fantôme de sa mère, après son premier amour, Bessie, qu'il vient de rencontrer et qui est la fille d'un couple qui a acheté la propriété voisine et qui veut y ouvrir une sorte de gîte rural sado-maso? Que fuit-il en avalant les kilomètres?
Ric rac est un roman hilarant, désopilant. Les descriptions des personnages y sont savoureuses et délirantes à souhait :
"Stacy a un look un peu chargé. Elle affiche des mèches rouges dans les cheveux, comme celles que se trimballent les copains du centre de formation quand ils repeignent leur scooter, sans faire gaffe au vent. Elle est émotive, Stacy. La moindre joie, la plus minuscule des contrariétés se lit sur sa trogne sous la forme de plaques rougeaudes. Elle trouve ça joli. Elle y voit un gage de son absolue honnêteté. "Comment voulez-vous que je mente ? Hein? Ça se verrait tout de suite." Stacy affiche une dernier "p'tit truc" à elle : un rouge à lèvre violet, appliqué en pâte épaisse, sur sa bouche mal dessinée.
Cheveux fraise.
Peau framboise.
Lèvres figue.
Le visage de Stacy ressemble à une salade de fruits rouges."
Ce qui ressort de ce roman, à première vue, c'est son humour délirant, mais c'est aussi un livre plein de tendresse et d'émotion. La lutte d'un gamin pour s'extraire de sa famille de ce milieu qui le mine, qui l'empêche de grandir au sens propre comme au sens figuré. Certes sa famille l'aime et il aime sa famille, mais elle ne l'aide pas du tout à aller de l'avant. Avec une plume pleine de fantaisie, un style jubilatoire, Arnaud Le Guilcher nous dresse le portrait d'un adolescent qui doit quitter ses racines, sa cambrousse autant refuge que prison pour pouvoir se réaliser. Un grand plaisir de lecture. J'ai hâte de me plonger dans les précédents romans de cet auteur à l'univers si particulier.
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