Rencontres

vendredi 11 décembre 2015

Flic de papier




Flic de papier de Guy Rechenmann aux éditions Vents salés 



    Printemps 88, un homme disparaît au Cap Ferret, laissant une une épouse et une fille désemparées. Pour l'inspecteur Anselme Viloc, cette affaire sera sa première en solo. L'inspecteur vient d'être muté dans le bassin d'Arcachon. Cet endroit bordé par l'océan semble l'apaiser après une affaire qui lui a valu la perte de sa famille. Alors autant dire que cette affaire de disparition le touche au plus haut point. Il met un point d'honneur à la résoudre malgré le peu d'enthousiasme de son commissaire pour qui cette "évaporation" est somme toutes banale.

    Le moins qu'on puisse dire est qu'Anselme patauge dans cette histoire. Il n'a jamais été un flic de terrain. Son ancien collègue ne l'appelait-il pas le flic de papier ? Anselme est en panne d'intuition, il ne sait même pas ce que c'est, il sait que ça existe mais elle semble le fuir. Dommage pour un flic. Il ne parvient pas à savoir quelle piste il doit suivre. 

    "Mais est-ce vraiment nous qui décidons ? Les chemins sont légion et les questions les mêmes : lequel choisir ? Vais-je pouvoir aller jusqu'au bout ? Avec qui ? Une question d'équilibre sans doute. Même une feuille blanche est remplie de chemins, la plume qui la parcourt  peu tracer, à son gré, des destins fabuleux ou des vies de misère. Nous sommes l'encre de l'écrivain, et suivant son humeur et son imaginaire, nous nous trouverons prince ou valet d'indigence. Les écrits sont perdus, il me reste un buvard virtuel pour comprendre l'histoire. Il a fait sécher l'encre à l'envers sur un papier fragile, mais il est maculé de lignes en tous sens, enchevêtrées, baveuses, une peinture abstraite."

   Cette affaire va plonger notre inspecteur dans son passé dramatique, elle va réouvrir des blessures tout juste cicatrisées surtout qu'en parallèle de son enquête, son ancien collègue se rend en Estonie sur les traces du criminel responsable de la disparition de sa femme et de sa fille.

   Amis amateurs de polars qui aimez les sensations fortes, les meurtres horribles, les courses poursuites infernales, laissez vous tenter par ce polar d'un genre bien différent. Il y a peu de temps, mon amie Leila, brillante blogueuse (Leeloo s'enlivre) avait créé un mot pour décrire un polar humoristique qu'elle venait de lire : drolar (très évocateur, non ?) . Alors laissez moi y aller à mon tour de mon néologisme. Je dirais que Flic de papier est un poélar: un polar poétique. 

   Les états d'âmes d'Anselme sont intensifiés ou apaisés par l'océan, par ce bassin d'Arcachon avec ses vents, ses arbres. Pour se rendre sur les lieux de son enquête, plutôt que de passer par la route, il a besoin de cette traversée en bateau, elle le prépare, elle lui donne le courage d'avancer. Et que dire du personnage de Lilly cette charmante petite fille  pleine d'imagination et  à la langue bien pendue à laquelle il s'attache au fur et à mesure de l'enquête.

   "Heureusement, Lilly ne sait pas encore que l'imagination et la fantaisie spontanées sont l'apanage des gosses. Une fois que l'adulte a trouvé son costume, il ne le quitte plus. La plupart du temps, il est sombre, strict et le comble, c'est qu'il en est content."

   Laissez vous tenter par ce polar d'un autre genre, laissez vous porter par le style plein de poésie, de fantaisie et de sensibilité de Guy Rechenmann. J'ai passé un très agréable moment avec Anselme et Lilly et le bassin d'Arcachon, véritable personnage de ce roman. 

1 commentaire:

  1. très envie d'un poléar, c'est une bonne idée, originale et ça nous fera du bien, merci le Hibou

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