Rencontres

mardi 15 décembre 2015

Je n'ai jamais eu de petite robe noire



Je n'ai jamais eu de petite robe noire de Roselyne Madelénat aux Editions Hugo Roman


   Florence, la cinquantaine, est journaliste dans un magazine féminin. Côté vie privée, elle est célibataire, elle vit un amour en pointillés avec Pierre, un écrivain mais se laisse séduire par des hommes plus jeunes qu'elle. Florence a besoin de se sentir aimée. Va-t-elle pouvoir construire une histoire durable avec Bob ?

   "Je suis bien avec lui, nous rions beaucoup ensemble sans qu'une intimité réelle se crée, mais est-ce vraiment nécessaire ? Je me laisse porter dans cette histoire. Il me répare, son élan vers moi me surprend plus qu'il ne m'interroge, en attendant, je ne réponds plus aux appels de Pierre qui ne s'acharne d'ailleurs pas à me joindre. Bob colle des pansements sur mes déchirures, de ma rupture avec Fabien à la mort d'Alex, et j'en passe. Pour qui ai-je pu être le Tricostéril de sa vie ? Nous sommes tous et toutes à un moment, pour quelqu'un, un symbole quelconque, un médicament, une rencontre du féminin ou du masculin, une ambition, un fantasme, une découverte, et que généralement nous l'ignorions m'amuse : libre à nous de faire fonctionner à fond notre imagination."

   Florence a besoin d'être réparée. Elle nous raconte son enfance entre un père bipolaire et violent et une mère malheureuse qui essaie tant bien que mal de faire face mais qui a trop de problèmes à résoudre pour s'occuper d'elle convenablement. Très tôt, Florence a coupé les ponts avec sa famille, mais quand sa mère tombe malade, elle va l'assister dans ses derniers instants. 

    Florence en est à la période des bilans dans sa vie et le décès de sa mère va agir comme un catalyseur à ses questionnements sur son enfance, sur l'histoire de la famille. A l'enterrement, elle va se rapprocher de son père , sensible à sa douleur. Peut-être va-t-elle enfin pouvoir l' aimer  et être aimée de lui. Mais des questions restent en suspens. Un lourd secret mine cette famille .  Une non-dit  qui remonte à la deuxième guerre mondiale. Il a eu pour conséquence cette ambiance délétère à la maison.  Comment se construire dans ces conditions ?  Florence va tant bien que mal essayer de faire avouer son père, de lui arracher la vérité. Mais la vérité est-elle plus supportable que l'ignorance ? La certitude plus vivable que le doute ? Et Florence pourra-t-elle encore aimer son père, une fois le doute levé ?

   "La vérité est un rapace qui déboule dans notre champ de vision et qui kidnappe ce à quoi nous tenons. La vérité possède elle aussi ce fameux goût métallique et anxiogène. Une fois qu'elle nous tombe dessus, nous ne pouvons rien faire  pour la mettre à l'écart et l'oublier, elle prend toute la place, nous bouffe tout tel un cancer infiltrant."

   Encore un roman sur un secret de famille me direz-vous ? Oui, ces secrets, comme l'amour, alimentent la littérature depuis qu'elle existe mais si on ne devait lire que des livres sur des thèmes jamais traités on serait très vite à cours de lecture. Et dans ce roman, le sujet est très bien traité. Les doutes de Florence, son désir de connaître la vérité, de se libérer de ce poids pour peut-être le remplacer par un autre encore plus lourd, sont particulièrement bien rendus. C'est un roman fort, terrible, mais pas plombant. Pas de pathos ici , et même des touches d'humour par-ci, par -là. C'est un roman, malgré les circonstances, plein de tendresse et d'amour. Un livre porté par un style punchy, direct, vrai. Voilà qui résume bien le livre je trouve : sa sincérité, son émotion vraie. Rien de surjoué. Je n'ai jamais eu de petit robe noire est un livre que j'ai dévoré et que je vous recommande tout particulièrement. 

2 commentaires:

  1. je sens, que je ne peux pas faire autrement, ces quelques lignes sont redoutablement proches de moi, merci le Hibou

    RépondreSupprimer
  2. Je n'ai pas du tout accroché. Odeur trop forte sans doute de magasines féminins. Le thème aurait pu apporter quelque chose de nouveau mais la construction me semble artificielle et je ne suis pas du tout convaincue par le style. A trop vouloir être directe sans doute on oublie les véritables nuances de la sensibilité qui font d'un roman (prisonnier sans doute d'une autofiction mal digérée) un bon roman. Il aurait fallu que l'auteure se positionne en écrivaine oubliant qu'elle était journaliste. Dommage pour moi ça sent un peu le papier bâclé, je pense que l'auteur est passée à côté d'un truc qui aurait pu être très costaud

    RépondreSupprimer