Café Krilo de Baptiste
Boryczka chez Lemieux Editeur
Ce sont le Danemark et l’Europe du futur que nous décrit
Boryczka. Nous sommes à Copenhague, plus exactement à Vesterboro, au cœur du
quartier rouge. Le Danemark, comme le reste du continent, est gangréné par les
dictatures religieuses. Ici ce n’est pas l’islamisme qui est en cause, mais les
religions chrétiennes qui avec l’armée ont mis l’Europe sous une chape de
plomb.
Le café Krilo, autrefois centre de la contestation et du
syndicalisme, n’est plus. De nombreuses descentes militaires violentes ont eu raison
du bel espoir qu’il représentait pour les opposants au régime. Dans ce royaume
du Danemark où il y a bien quelque chose de pourri, trois jeunes danois, chacun
en danger pour des raisons bien différentes, devenus amis, ont racheté l’immeuble,
ou plutôt ce qu’il en reste. Ils occupent chacun un étage de ce taudis avec le
secret espoir de redonner vie à ce lieu mythique qu’était le café Krilo.
« Comme bien
souvent, le métro ne remplit pas sa fonction première. John renonça à attendre
et se mit à marcher vers la ville. Une heure trente lui suffit pour rejoindre
son appartement. Il était situé à Vesterbro, en plein cœur de la vieille ville.
John aimait particulièrement ce quartier, certes quasiment inhabité, mais riche
en traces du passé. Il s’amusait souvent à dire qu’il serait un jour le dernier
habitant de Vesterboro. Comme beaucoup de jeunes de sa génération qui avaient
choisi de rester en Europe, John n’avait pas d’argent, pas d’enfant, pas d’avenir. »
John, Lotte et Mark, les trois personnages principaux se
sont trouvés car bien que très différents, ils ont chacun des personnalités
très mal vues par le régime en place. John est professeur, chercheur et
homosexuel. Lotte, elle est mécanicienne, elle a son propre garage, est très
indépendante. Mark quant à lui est ouvrier et syndicaliste. Tous trois bien qu’hésitants
sur la conduite à tenir : partir pour vivre mieux comme tant d’autres qui
ont quitté cette Europe décrépite pour les cieux plus souriants de l’Asie ou de
l’Afrique, ou rester et résister de l’intérieur pour soutenir la résistance qui
s’organise de l’extérieur.
Dans son premier roman, Korzen, Baptiste Boryczka nous
décrivait une ville imaginaire de l’Europe du Nord, véritable pays de cocagne
vers laquelle de nombreux migrants convergeaient. Une ville qui peu à peu se
laissait tenter par les idées populistes et racistes. Café Krilo est en quelque
sorte la suite de ce premier roman. Il nous montre ce qu’est devenue l’Europe
suite à la montée de ce populisme et l’avènement de la dictature religieuse. Un
roman noir, glaçant mais que l’humour noir de l’auteur parvient à alléger. Un roman d’actualité alors que les populistes remportent les élections aux Etats-Unis et en Europe. Il y
est question d’espoir. Nos trois héros restent car ils ont l’espoir chevillé au
corps que les choses peuvent changer. Ils n’ont pas abdiqué. J’avais beaucoup
aimé Korzen, à sa sortie, mais je trouve que Café Krilo est encore plus abouti.
Baptiste Boryczka est un auteur à suivre.
Je ne sais pas trop si ce livre est fait pour moi. Je note quand même !
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