Rencontres

lundi 26 novembre 2018

Souvenirs de lecture 45 : Mona Azzam




Souvenirs de lecture 45 : Mona Azzam


Nous avons tous eu des lectures qui nous ont profondément touché, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient où on était quand on les lisait, du temps qu’il faisait. Il m’a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d’écrire. Aujourd’hui, c’est Mona Azzam qui me fait l’honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.





LLH : Quel livre lu dans votre enfance et adolescence vous a le plus touchée et pourquoi ?

MA : D’aussi loin que je m’en souvienne, les livres ont toujours été présents dans mon univers et ce, depuis ma plus petite enfance.

Nombreux sont ceux qui m’ont marquée mais s’il en est un que je placerais en tête, c’est Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Plus que marquée, il m’aura bercée à différents stades de l’enfance et de l’adolescence, m’entraînant vers un univers autre où je découvrais, ébahie, que le monde pouvait être beau et que les mots bâtisseurs de ce monde étaient dotés d’un pouvoir magique.

Depuis, je ne cesse de le relire encore et encore, y découvrant à chaque fois un « je ne sais quoi » sur lequel l’on ne pourrait mettre de mots.

Adolescente, grâce à la rencontre d’un professeur qui fut mon mentor, j’ai eu droit à un régime exceptionnel : un livre par jour. Rien de tel pour venir à bout des chagrins d’amour et désillusions diverses.

Rien n’échappa dès lors à la lectrice assidue que je devins : lecture des auteurs antiques, classiques, modernes, tous genres confondus, toutes nationalités confondues...

J’y plongeais, dévorant ces univers démultipliés, m’enrichissant d’eux.
Parmi ces joyaux, La Divine Comédie de Dante, Le Grand Meaulnes, L’écume des jours, Voyage au bout de la nuit de Céline, La promesse de l’aube mais aussi L’enfant noir de Camara Laye, la poésie de Senghor, de Hugo, en passant par Novalis, Byron et Kundera.

Et tant d’autres encore, qu’une vie ne suffirait pas à les citer tous.
Mais, au sommet, demeurent Noces de Camus, Sur la route de Kerouac, Une saison en enfer de Rimbaud et Les Fleurs du mal de Baudelaire, mes livres de chevet sur lesquels veille, attentif, Le Petit Prince.


LLH : En quoi ces livres ont-ils eu une influence sur votre désir d’écrire ?

MA : Ces livres ont certainement contribué à enrichir mon horizon littéraire et influencé mon désir d’écrire, d’une manière ou d’une autre.

J’ai toujours écrit. Très jeune même. Essentiellement des poèmes. Ma venue au roman est plus tardive. Et c’est une aventure qui ne fait que commencer…

Je dirais toutefois que les livres lus ne sont pas à eux seuls à l’origine de mon désir d’écriture.

L’amour des mots, l’envie de jouer avec les mots, de les assembler en une étreinte à la fois unique et démultipliée ; le besoin vital de forger un univers, de le mettre au monde, tout cela, je pense qu’on le porte en soi, au départ.

Dès lors, l’écrit se met en route, emportant dans ses bagages, les lectures qui l’auront nourri, les univers en attente d’être re-créés et les lieux vécus qui apportent au cri de l’écrit ses contours et ses géographies verbales.

Il y a ces mots de Rimbaud qui, à mon sens, disent bien ce qu’est l’acte d’écrire :
« La vrai vie est ailleurs ». Tout écrit n’est-il pas, au bout du chemin, que cette quête du vrai et de l’ailleurs ?


LLH :  Quelles sont vos dernières lectures coups de cœur ?

MA : Ma dernière belle découverte d’un petit bijou de la littérature reste  Correspondance (Camus-Casarès). Un chef-d’œuvre inouï pour la camusienne que je suis.

Mais il y a aussi Au cœur des Ténèbres de Conrad qui m’a passionnée, Judas de Amos Oz, sans oublier Les poissons ne ferment pas les yeux de De Luca, Petit Pays de Faye et Frères d’âme de Diop.





Biographie

Mona Azzam
Née dans la brousse en Côte d’Ivoire. Enfance et adolescence vécues entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

Doctorat en Lettres Modernes (spécialisée en histoire littéraire ; Dante et Quattro Cento italien).

En parallèle, études diverses : Philosphie, Psychologie, Sciences du Langage.

Poste à Beyrouth via l’AUPELF (10 ans) : Professeur de Lettres, Formatrice de formateurs, Chargée de mission (Centre Culturel Français)

Changement de cap après l’aventure libanaise.
Retour en France. Autre tournant : DESS Ingénierie de la formation (Acteur international dans le domaine des langues).

Dirigeante et fondatrice d’Erasme, Centre de formation pour adultes à Montpellier durant 15 ans.

Puis retour à mes anciennes amours : actuellement Professeur de Lettres titulaire à Montpellier.

Auteur d’une étude littéraire : Nerval dans le sillage de Dante (Cariscript, Paris) ; Sous l’oreiller du sable (roman) chez L’harmattan et plus récemment, Dans le Silence des Mots Chuchotés (Il est cri…) aux Éditions La Trace.


Encore un grand merci à Mona Azzam pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Les titres mentionné ayant fait l’objet d’une chronique sur ce blog, apparaissent en couleur et disposent d’un lien vous permettant d’y accéder directement.

2 commentaires:

  1. Toujours très pertinent de découvrir les lectures et le parcours d'un auteur de talent !!! Merci pour ce moment, CM

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