mardi 22 avril 2014

Météo marine




Météo marine de Fabienne Rivayran aux éditions Jacques Flament Editions




Vendredi

Lisa appelle les pompiers la maison en face est en feu. Elle s'inquiète pour son voisin, Pierre, qui doit toujours se trouver à l'intérieur. Elle se souvient de leur rencontre.


Samedi

En attendant des nouvelles de Pierre, Lisa se souvient des événements qui l'ont amenée à déménager pour venir vivre sur le côte basque. Une partie de sa vie qu'elle a racontée à Pierre. Pierre dont elle sait très peu de choses tant il reste discret sur sa vie;

    "- C'est quoi votre job ?
      - La photo. C'est quoi votre café?
      - Ethiopie pour la structure et Equateur pour les notes de cacao.
      - Comment vous savez tout ça? Vous avez travaillé dans le café?
      - Non pas travaillé. J'ai voyagé dans le café.
      - Et vous avez travaillé dans quoi?
      - ... Le béton.
      - Et maintenant ? Vous êtes à la retraite?
      - La retraite? Non , maintenant je vis."

Dimanche

Lisa va explorer la maison de Pierre pour trouver des papiers, des informations, savoir s'il a une famille à prévenir. Elle y fait une découverte qui va la bouleverser.

Lundi

Lisa apprend que Pierre va mieux, elle se souvient de ce qu'il lui a apporté.


Météo marine, c'est la météo du moral de Lisa, son évolution à mesure que les nouvelles sur la santé de Pierre lui arrivent, à mesure qu'elle intègre les informations qu'elle découvre à son sujet . " Lundi  Mer encore agitée. Forte houle. Brumes et brouillards se  dissipant si éclaircies."

Le style de Fabienne Rivayran épouse cette métaphore de la météo marine. Des mots, des actions des phrases scandées comme des bourrasques de vent marin, les émotions de Lisa qui nous sautent au visage comme de paquets de mer :

   "Fauteuil. S'asseoir, ne pas bouger. Ecouter dans le silence battre son coeur. "Madame Barbey? Madame Lisa Barbey?" Poser les mains sur les yeux. Appuyer. Lutter contre la tempête. "... mari est hospitalisé... les médecins sont très rassurants." Roulis. Nausée. Inspirer. Regarder autour de soi, points fixes, buffet, table , chaises, livres , vase, fleurs. "... naufrage dans la nuit de vendredi..." Fixer le bord du tapis. Lignes droites, laine épaisse, moelleuse. Tache en bas à gauche.  "Deux billets..." Ventre à la dérive, bile au bord des lèvres. "Deux billets ..." Coeur crucifié. Hurler. Courir. Vomir. Larmes noyées dans la cuvette. Corps échoué sur le carrelage. Immobile, essoufflée, broyée. Coulée."

Avec cette nouvelle, Fabienne Rivayran nous embarque pour une traversée mouvementée, une traversée pleine d'émotions, on est bousculé par l'histoire de ces deux personnages, ému par leur rencontre, intrigués par les silences de Pierre. Une réussite.


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