samedi 13 décembre 2014

Les derniers indiens



Les derniers indiens de Marie-Hélène Lafon aux éditions Buchet Chastel


     Les derniers indiens ce sont les Santoire. La mère, le père, Pierre, Marie et Jean. De cette famille ne restent plus que les deux derniers tous les autres sont morts les uns après les autres mais leur présence les hante. Marie et Jean sont à la retraite, la soeur et le frère vivent ensemble dans la maison familiale ou rien n'a changé depuis la mort de la mère. Dans cette famille de paysans auvergnats on a des principes, on vit comme il faut selon des règles ancestrales, on tient son rang. Pas comme ces voisins descendants d'ouvriers journaliers qui croissent et se multiplient, qui s'étendent sous leurs fenêtres. Marie à travers des yeux de laquelle nous revivons l'histoire de la famille passe son temps à les regarder vivre. Car chez les Santoire on ne vit pas, on se contente de travailler et de se conformer au règles édictées par la mère.


     La mère, personnage despotique, vivant dans l'ombre d'un père qui restera à jamais le seul homme de sa vie, ne s'est mariée que pour assurer la descendance, pour asseoir la dynastie. Fière de son rang, elle ne veut être appelée que Madame Santoire, n'acceptant pas le nom de son mari qu'elle considère juste comme un ouvrier, et un géniteur. C'est elle qui possède tout. Elle a trois enfants mais seul Pierre, l'héritier reçoit son amour. La mère dirige son petit monde d'une main de fer. Elle aime que les choses et les gens restent à leur place, pas comme c
es voisins qui sont sortis du rang. Elle crée ainsi un vase clos ou ce qui se passe à l'extérieur n'a pas sa place. La modernité on ne fait que l'observer chez ces voisins qui ont su s'adapter au monde actuel, mais l'adopter serait déchoir.


   Ce roman est la chronique d'une mort annoncée. La mort d'une famille, la mort d'un monde vivant dans le passé, replié sur lui même et sur son histoire, hanté par ses morts. Ce roman est un huis-clos étouffant, nous ne quittons pas la pièce principale de la ferme des Santoire. Nous ne quittons pas les souvenirs de Marie, cette femme qui ne vit que dans le passé, dont la vie s'est arrêtée à la  mort de la mère. Cette mère toute puissante qui l'a empêchée de vivre.  Sa vie se passe dans la contemplation du monde qui change, ce monde représenté par ces voisins honnis. Un roman intimiste passionnant servi par la plume envoûtante de Marie-Hélène Lafon.

   "Les expressions faisaient le tour du monde et le mettaient en ordre, elles donnaient les règles, elles prévoyaient tout ; la mère avait régné par leur puissance qui coulait avec son sang, qui était son héritage à l'égal  des terres des bâtiments , de la maison et du nom."






 

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