samedi 14 mars 2015

Souvenirs de lecture 4 : Harold Cobert




Souvenirs de lecture 4 : Harold Cobert



   Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchées, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient où on était quant on les lisait, quel temps il faisait. Il m'a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs et en quoi elles avaient influencé leur désir d'écrire. Aujourd'hui, c'est à Harold Cobert que j'ai voulu poser ces questions. Je le remercie chaleureusement pour son temps si précieux, sa gentillesse, son humour et sa disponibilité.


LLH : Quel livre lu dans ton adolescence t'a le plus marqué et pourquoi ?


HC : Les Carnets du sous-sol de Dostoïevski. J'ai lu ce roman à dix-sept ans, et ça a été un choc esthétique, littéraire, culturel. Il m'a marqué par son étrangeté, son atmosphère, sa drôlerie - si, si, derrière son côté sinistre et désespéré, c'est un livre très drôle. Il m'a surtout marqué, parce que c'est par lui que je suis entré dans l'oeuvre de Dostoïevski, lue intégralement, et au-delà dans la littérature russe, l'âme slave, toutes deux si particulières, si extrêmes, si libres, si folles. Je me demande toujours comment on peut vivre sans lire ou avoir lu Dostoïevski. Un mystère !



LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une influence sur ton désir d'écrire ?


HC : Aucune ! À l'époque, je ne lisais pas , ou peu, voire très peu, ce qui revient à rien. Je volais les fiches de lecture à mes copains. Vivre par procuration ne m'intéressait pas. Pourquoi lire alors que je pouvais aller à des soirées, draguer les filles, surfer, fumer des pétards avec mes potes ? L'envie d'écrire ne m'est venue que l'été de mes vingt ans, après un accident de surf à la suite duquel j'ai failli rester tétraplégique. Un ami m'a offert une anthologie d'échecs, auxquels je jouais beaucoup, et un fait divers m'a fasciné, j'en ai fait une nouvelle qui a eu pas mal de prix et, à partir de là, le virus de l'écriture ne m'a plus jamais quitté. Si Les Carnets du sous-sol et, au-delà, l'oeuvre de Dostoïevski, m'ont influencé, c'est de manière sous-terraine, indirecte, mais constante. Prenez Lignes brisées, par exemple : si vous avez lu Les Nuits blanches de Dostoïevski, roman publié d'ailleurs en Folio avec Les Carnets du sous-sol ( les deux textes se suivent dans cette édition), vous retrouverez peut-être une thématique et une situation similaires ainsi que, je l'espère, une sororité d'atmosphère teintée d'une certaine nostalgie et d'une certaine mélancolie.


LLH : Quelles sont tes dernières lectures coup de coeur ?


HC :   Les Corps inutiles de Delphine Bertholon, pari et thématique littéraires risqués, portés par une écriture au cordeau.

           Manderley for ever de Tatiana de Rosnay, une biographie qui se lit comme un roman ou, mieux, comme une biographie de Stefan Zweig.



Biographie

 Quand je lui ai demandé une courte biographie, Harold Cobert a vraiment fait très court. Il m'a dit : "Pour la bio : surfeur et écrivain, ça suffit? " en rajoutant "J'ai toujours l'impression que je suis mort dans les bios!!!" J'ai donc respecté sa volonté tout en rajoutant les titres de ses romans.

Romans : Le reniement de Patrick Treboc,  JC Lattès 2007
                 Un hiver avec Baudelaire, Héloïse d'Ormesson 2009
                 L'entrevue de Saint-Cloud, Héloïse d'Ormesson 2010
                 Dieu surfe au pays basque, Héloïse d'Ormesson 2012
                 Au nom du père, du fils et du rock'n'roll, Héloïse d'Ormesson 2013
                 Jim, Plon 2014
                 Lignes brisées, Héloïse d'Ormesson 2015

 Essai :    Petit éloge du charme, François Bourin éditeur, 2012


   Encore un immense merci à Harold Cobert pour sa gentillesse et sa disponibilité. Tous les titres d'oeuvres ayant fait l'objet d'une chronique sur ce blog sont colorisés et disposent d'un lien intégré vous permettant  d'accéder à la chronique correspondante d'un simple clic.










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