lundi 30 novembre 2015

Souvenirs de lecture 26 : Valérie Simon




Souvenirs de lecture 26 : Valérie Simon




   Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchés, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient d'où on était quand on les lisait, quel temps il faisait. Il m'a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d'écrire. Aujourd'hui c'est Valérie SIMON qui me fait l'honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.


LLH : Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus touché et pourquoi ?


VS :   Je suis une grande lectrice, mes premiers souvenirs de lecture apparaissent très tôt, vers l’âge de 4/5 ans. Je me souviens également que j’ai toujours eu un don pour trouver un livre dans n’importe quelle maison. Lire est pour moi un besoin viscéral, dont je ne pourrais vraiment pas me passer.

Je raconte souvent une anecdote qui m’a profondément marquée. Ce n’était pas durant mon adolescence, je pense que j’étais bien plus jeune que ça… J’ai fait une partie de ma scolarité dans un ancien pensionnat de jeunes filles qui venait de s’ouvrir à la mixité. Certains de mes professeurs étaient des religieuses avec des jupes grises et des voiles. Cette école avait une très jolie petite bibliothèque, où je passais énormément de temps. Lorsqu’on y entrait, on découvrait à droite des étagères bleues, à gauche des étagères roses. Les garçons lisaient du bleu, les filles du rose. Sur un tourniquet, du côté bleu, il y avait toute la collection des Bob Morane. Je les ai lus en cachette, agenouillée derrière des meubles, je n’avais pas le droit de les emprunter…
On peut donc dire que les Bob Morane furent une étape majeure dans mon approche de la lecture, par leurs histoires pleine d’aventures, certes, mais également et surtout par ce contexte qui va au-delà de la lecture.
Après, évidemment, d’autres textes m’ont marquée, pour de multiples raisons, difficile de n’en citer qu’un. Je parlerai de Joseph Kessel, du Lion et des Cavaliers. Ces deux romans m’ont emportée, autant par l’histoire, qui me tenait en haleine, que par la poésie des mots, la justesse de la phrase, la beauté du verbe. Il s’en dégage un souffle épique, un instantané de beauté simple, brute, sauvage. Des sentiments forts. Une magnifique alliance entre le style et le sens du récit. Pour moi un modèle intemporel.
Je citerai ensuite Anne Golon, et sa merveilleuse Angélique marquise des Anges. Certainement ma première approche du souffle romanesque et de la mise en actes d’une héroïne à la fois touchante et forte, qui entend vivre librement malgré une société (masculine) qui lui impose constamment des carcans. Je me suis toujours amusée de cette odeur de pêché qu’on a voulu accoler à ces titres. Quel scandale, effectivement, qu’une femme qui aspire à vivre aussi librement qu’un homme !
Enfin, j’évoquerai les romans d’imaginaire, qu’ils soient de science-fiction, de fantasy ou de fantastique, et ceci dans un très large spectre, car j’y ai trouvé à la fois une liberté de ton et une originalité d’approche dans lesquels je me sens à l’aise. Le seigneur des anneaux, grand classique de JRR Tolkien malgré ses défauts, fut pour moi une véritable révélation. Il allie ces contes et légendes que j’affectionne à un sens de l’épique et de la poésie qui s’accordent à ma sensibilité.
Je parlerai enfin de deux femmes écrivains, Marion Zimmer Bradley et Anne McCaffrey, dont les romans furent pour moi de grands moments de plaisir. Le cycle de Ténébreuse ou la Ballade de Pern ont réussi, pour moi, l’alliance de la romance et de l’aventure. Ils portent en leur lignes, tout comme les romans d’Anne Golon, un véritable élan libertaire pour les femmes. Ces textes ont jalonné mon adolescence.


LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une influence sur votre désir d'écrire ?

VS :   En rien ! Mon désir d’écrire est né bien avant ces lectures, il est quasiment né en même temps que mon envie de lire. Je me revoie toujours avec un papier, un stylo. Au début, mes histoires étaient petites, elles tenaient sur des carnets. Après, au fur et à mesure que je grandissais, elles investissaient des cahiers, des classeurs… 
Néanmoins, il est clair que ces lectures ont orienté le choix de mes thèmes. Je crois avoir commencé à écrire par frustration, parce que j’avais des choses à dire que je ne retrouvais pas forcément dans mes lectures. A l’adolescence, ce fut pire, car j’adorai lire la science fiction et la fantasy or, il faut bien le dire, la grosse majorité des histoires que je lisais étaient écrites par des hommes, pour des hommes. Ah, les merveilleux cycles de Conan le barbare ! Et tous ces mondes perdus, ces explorations lointaines et ces descentes au centre de la terre avec des héros sans peur et sans reproche, souvent accompagnés de femmes un peu potiches… !!!! Il fallait que je réinvente mes propres univers, avec mes propres personnages, généralement des héroïnes pleines de courage et de passion, qui n’attendent pas de se faire sauver par le premier prince charmant de passage. Elles sont d’ailleurs elles-mêmes de charmantes princesses. Avec entre les mains la même épée que leur consort masculin. Un pied-de-nez au destin.



LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de cœur ?


VS :    Le dernier titre que j’ai lu d’une traite, sans avoir envie de le lâcher, fut Lontano, de Jean-Christophe Grangé. J’aime les histoires qui donnent envie de poursuivre la lecture, qui incitent à y revenir sans cesse et qui poussent constamment à tourner les pages pour connaître la suite. J’aime également la façon qu’à Grangé pour poser ses décors, son style très visuel. 
Autre auteur qui met véritablement des images dans la tête, orienté Fantasy cette fois-ci, Pierre Pevel, dont j’ai lu récemment Le Paris des Merveilles, un roman que j’ai trouvé délicieusement rétro, très « Arsène Lupin » avec une dimension féérique en plus. 
Après, j’ai découvert récemment Mélanie Fazi, une merveilleuse novelliste, tout en délicatesse et en poésie, aux atmosphères simples et cependant incroyablement riches et profondes, avec lesquels j’ai beaucoup d’affinités.  




Biographie

VS :   Je suis née à Strasbourg, en terre alsacienne baignée de traditions et de légendes. Après une maîtrise en Arts et un diplôme en cinéma, je travaille comme graphiste en agence de communication. Je suis publiée dès 1997 au Fleuve Noir (Le cycle de la pierre d’Arkem en 4 tomes, collection Legend) et participe à deux collectifs : Fantasy (Fleuve Noir, 1999, anthologistes Henri Loevenbruck et Alain Névant) et Cosmic Erotica (J’ai Lu, 2000, collection Millénaire, anthologiste Jean-Marc Ligny).
Après un séjour de six ans à Bruxelles, je me suis installée en 2008 près de Lyon d’où je relance une activité littéraire dès 2012 avec la réédition du cycle d’Arkem aux Editions du Riez. Depuis, je propose des textes courts qui parlent de sorcellerie ou de monstres tapis dans les imaginaires collectifs. Mes écrits légers et visuels, sensuels et poétiques, sont toujours remplis d’évasion. Ils s’interrogent souvent sur l’amour et/ou la bestialité humaine. Ils parlent aussi d’héroïnes fortes qui imposent ma propre vision de la Fantasy.
Mon premier recueil de nouvelles, Cœur à corps, est paru en juin 2015 aux Editions Bragelonne. Coup d’Etat, premier tome d’un cycle de Fantasy inédit, La reine des esprits, est disponible depuis mai 2015 aux Editions du Riez. Séismes, un roman court se déroulant à Bucarest pendant un tremblement de terre, est paru aux Editions Rebelle en septembre 2015.


   Encore un grand merci à Valérie Simon pour sa gentillesse et sa disponibilité. Les titres cités par Valérie ayant fait l'objet d'une chronique sur ce blog apparaissent en couleurs et disposent d'un lien intégré vous permettent d'accéder directement à la chronique  concernée.

    J'aurai le plaisir d'accueillir Valérie Simon ainsi que deux autres auteurs, en compagnie de La Muse des Gones le samedi 12 décembre au Biscuit Café Créatif à Neuville sur Saône. à 15h. Venez nombreux !!!

1 commentaire:

  1. très originale et sympathique, merci le Hibou pour cette délicieuse chronique et bon café à vous le 12 décembre

    RépondreSupprimer