mercredi 16 décembre 2015

Goodbye Gandhi



Goodbye Gandhi de Mélanie Talcott aux éditions L'ombre d'un regard



   "Une femme, le corps en partie dissimulé sous des pétales de roses rouges, reposait sur un lit d'immortelles jaune-orangé. Vivante ? Morte ? La masse des curieux, des hommes surtout, érigeait un rempart mouvant autour de l'inconnue dont le visage était dissimulé sous un dupatta jaune."

   En allant au marché aux fleurs, l'inspecteur Vijay Ramalingam ne s'attendait pas à tomber sur sa prochaine affaire. Une enquête qui s'annonce rapidement épineuse car l'inconnue n'est autre que Monique Duchemin, ressortissante française, plus connue à Pondichéry sous le nom de Amma Amrita, la "Mère Teresa" du cru . 

   D'enquête, il n'y en aura pas, du moins pas officiellement. Le décès sera qualifié en suicide par le médecin légiste. La personnalité de la victime risquant de créer un tremblement de terre en haut lieu, mieux vaut étouffer l'affaire. L'équipe de l'inspecteur Ramalingam recevra le renfort d'un policier français qu'il faudra surveiller comme le lait sur le feu pour qu'il ne pose pas trop de questions.

  Parallèlement à l'enquête, nous suivons les actes qui ont occasionné le décès de la victime d'un bout à l'autre du roman.

   Très vite, l'enquête policière est passée pour moi au second plan, paraissant être un prétexte d'ailleurs plutôt bien ficelé pour évoquer l'Inde. Et croyez-moi, on se la prend en  pleine poire. C'est l'Inde réelle qui nous est montrée ici pas celle des clichés, de la mythologie, des films de Bollywood, du nirvana des hippies. Un pays certes attirant mais tout autant repoussant. Un pays où la pauvreté la plus crasse côtoie la richesse la plus clinquante. Un pays dans lequel la violence et la corruption se sont érigées en système. Un pays idéal pour le business humanitaire, car ici c'est bien un business qui nous est décrit. Le style de Mélanie Talcott a cette capacité d'évocation qui fait que nous y sommes transportés. Nous voyons les couleurs de ce pays, nous en sentons les odeurs (les meilleures comme les pires), nous ressentons presque physiquement la chaleur, la moiteur. Alors venez, suivez le guide dans l'Inde réelle, plongez-vous dans ce livre au style à la fois si poétique et si précis, dans cette Inde actuelle qui nous est montrée comme dans un film car ce roman est très cinématographique. Un grand merci à Mélanie Talcott pour ce voyage passionnant.

  "Je n'ai rien vu du Taj Mahal, de l'incontournable, dit-on, Rajasthan ni de Jaipur la Rouge ou du Kerala, que l'on qualifie de Venise indienne. Je l'ai regretté parfois car les paysages forgent aussi la mentalité des hommes. Mais en Inde il en va autrement et si l'on voulait souligner une quelconque différence entre ses populations, il faudrait plutôt opposer l'Inde des plaines interminables à celles des hautes montagnes, celle des villes à celle des campagnes, car pour le reste, il semble que la même mentalité placide court d'un bout à l'autre de cet immense pays. Ce n'est pas la terre de toutes les opportunités et de tous les possibles, qui seraient impossibles ailleurs, sinon celles des multiples facettes de l'humain, du pire jusqu'au meilleur et comme partout, ce que tu vis - ou plutôt comment tu le vis - ne dépend uniquement que de toi. "

  

  

1 commentaire:

  1. je m'en doutais, je l'ai acheté et pas encore lu, mais ta chronique est magique, comme l'inde, bravo à l'auteur et au hibou !

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