Le théorème de l’uppercut de Jean-Marie
Palach aux éditions Daphnis et Chloé
Gislain Chalap est prof de maths. A cours de motivation, il
choisit d’être muté dans un lycée de banlieue parisienne, dans une zone
sensible. La cinquantaine, célibataire, il compte bien se consacrer pleinement
à sa tâche. Entre l’image qu’il se faisait
de son métier et la réalité, l’écart est grand. Il se retrouve dans un lycée
qui semble être la plaque tournante de tous les trafics du secteur.
Un soir de cafard, alors qu’il buvait un verre dans un bar à
hôtesses, il est tiré d’une situation compromettante par une de ses élèves. Sur
le chemin du retour, il est témoin d’une rixe. Un corps est jeté dans la Seine.
Il décide de ne pas s’en mêler, d’ailleurs il n’est pas en état de le faire.
Le lendemain, s’attendant
à subir les quolibets de ses élèves parce qu’il est persuadé que l’élève qui l’a
sauvé a tout raconté à ses camarades, il apprend que le corps jeté dans la
Seine était celui d’un jeune garçon de sa classe. Très vite il se propose d’aider
la jeune fille qui lui a porté secours en lui donnant des cours de rattrapage.
Il est convaincu qu’elle a du potentiel. Mais Marie, la jeune fille, disparaît elle
aussi. Gislain décide de partir à sa recherche. Elle est en danger il doit la
sauver. Détail important à vous signaler, Gislain est un ancien champion du
monde de kickboxing qui a arrêté sa carrière au faîte de sa gloire, le jour où
il a failli tuer l’un de ses adversaires.
Puisqu’en France on aime bien mettre les romans dans les
cases, je dirais que Le théorème de l’uppercut est un roman noir. Il décrit les
querelles de secteurs dans les banlieues. Une querelle version guerre des
gangs, plus proche du genre West Side Story du XXIème siècle, sans le côté
Roméo et Juliette, que du genre Guerre des boutons, malgré le jeune âge des
belligérants. Des jeunes en perte de repères qui pour se sortir de leur
pauvreté, tombent dans le trafic de drogue, la prostitution, le crime organisé.
Un roman noir, donc, illuminé par deux personnages loufoques et pleins de
surprises : le commissaire et le proviseur. Deux personnages d’apparence
assez identique.
« La seule
différence notable résidait dans les lunettes aux gros verres qui achevaient de
défigurer le proviseur, tandis que le policier n’en portait pas. L’écart entre
l’intellectuel et le flic, songea Franquet. »
Jean-Marie Palach (tiens tiens Palach/Chalap !!! )
signe avec Le théorème de l’uppercut un roman enlevé, plein de rebondissements,
d’humour et aussi d’amour. Mais c’est avant tout un roman social. L’auteur travaillant
dans le domaine sait de quoi il parle. Un livre qui se lit d’une traite, où les
personnages, hormis les caïds de banlieue, ne sont pas tout à fait ce qu’ils
semblent être. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman qui bien qu’il tende
vers le roman noir, me paraît somme toute inclassable, et cela me convient très
bien.
« Le professeur pensa
au fils, Kevin. Elevé par une femme seule, d’origine maghrébine, sans doute peu
instruite, logé dans une cité rongée par le chômage, il avait peu de chances d’échapper
à son destin de déclassé. Les sociologues et les philosophes ont noirci des
pages sur le déterminisme social, la stratégie des dominants pour perpétuer
leur pouvoir et maintenir les opprimés dans les ghettos et les tâches
subalternes. Depuis vingt-cinq ans, l’enseignant constatait la pertinence des
théories de Pierre Bourdieu et consorts. Si quelques éléments brillants, ou
chanceux, s’en sortaient, la majeure partie des enfants des dominés courbaient
l’échine et subissaient leur sort. Au moindre faux pas, ils sombraient. »
Ce livre a l'air passionnant !
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