Vous prendrez bien un dessert ?

Vous prendrez bien un dessert de Sophie Henrionnet aux éditions Daphnis et Chloé

   Mais quelle idée a eue Marie-Odile de convier toute la famille Labarre pour fêter Noël et les 90 ans de Louis, le patriarche, charismatique fondateur de la plus si florissante société Labarre. Elle a loué un chalet à la montagne, mis les petits plats dans les grands et pour que tout soit parfait, a embauché une experte en événementiel. On s’en souviendra de ce Noël.

  Les uns après les autres, Sophie Henrionnet nous présente les personnages de cette famille assez dysfonctionnelle au cours de leurs préparatifs, de leur voyage, et pendant la « fête ». Petit à petit les pièces du puzzle se mettent en place, la bûche de Noël façon bombe glacée prend forme sous nos yeux. Une bombe qui peut exploser à tout moment et dont on comprend l’instabilité de la charge explosive à travers le peu d’entrain qu’a chacun des personnages à se rendre à ce grand raout familial. Mais Marie-Odile tient à ce que tout se passe bien. Elle  n’a que ça à quoi se raccrocher.

  « Oui, elle est continuellement désoeuvrée, non, elle n’aime plus son mari, un fieffé connard qui n’éprouve rien pour elle en retour. Elle trouve quelquefois ses filles égoïstes et égocentriques ? Qu’à cela ne tienne ! Elle doit bien l’admettre, si elle a proposé d’organiser toute cette mascarade, c’est uniquement pour elle, pour son plaisir personnel, par soif d’attention et d’affection. »

  Avec ce roman, Sophie Henrionnet nous sert une bûche glacée bien citronnée, parsemée de zestes d’orange pour ajouter de l’amertume à l’acidité. Et pourtant on se régale. En bonne pâtissière toutes les étapes de la confection de ce dessert ont été calculées avec précision. Elle nous sert un roman acide, amer. J’y ai retrouvé un peu l’ambiance des films de Claude Chabrol, cette ambiance lourde, étouffante, cet humour décapant. Je reprendrais bien une tranche de ce dessert, moi. Et vous ? Laissez vous tenter.