mercredi 29 juin 2016

Histoire d'un amour ou le roman de Pergaud



Histoire d’un amour ou le roman de Pergaud de Dominique Gros aux éditions Le vent qui passe


Suivant la plume de Dominique Gros, nous partons sur les traces d’un amour. Nous assistons à la naissance et aux scènes de la vie quotidienne d’un couple. Un couple comme les autres ? Oui et non. Ce couple c’est Delphine et Louis. Ce Louis, c’est Louis Pergaud, l’auteur de La guerre des boutons.

Au début du récit, Delphine est en Comté alors que Louis, ancien instituteur est parti à Paris. C’est l’endroit où il faut être quand on écrit. Louis est en instance de divorce et Delphine se languit de pouvoir le rejoindre. Enfin, elle part à Paris rejoindre son loup. Elle assiste comme elle peut son écrivain de mari, elle le soutient dans les moments difficiles, se réjouit avec lui de ses moindres succès. Elle s’efface derrière le destin de son homme mais tout cela lui convient.

Louis est un homme de la terre, de la campagne, de la Comté. À Paris, ses contes animaliers sont encensés par les uns mais décriés par l’intelligentsia parisienne. Mais Louis tient bon. Il veut être la voix de ce monde animal, la voix de la nature. Il n’est pas habitué à l’ambiance de cette coterie d’écrivains germanopratins. Il navigue entre deux eaux, conscient que rien ne peut se faire sans appuis mais il reste fidèle à lui-même refusant les compromissions.

« Oh ! L’année 1908 ! Merveilleuse année de notre amour si fort et si doux. Je suis là, mon Louis. Heureusement, car ses jours sont trop souvent difficiles. Quelques très bonnes critiques paraissent sur son livre : celles d’amis principalement. Louis en est heureux. Mais les journaux ? Les grands, ceux-là sont muets quant à son talent. Pourtant, il en a envoyé, des livres, à la presse. Il en a donné sans doute plus qu’il n’en a vendu. Mais qui va s’intéresser à un jeune Comtois désargenté, esseulé dans un Paris qui l’engloutit comme un vêtement trop grand. »

Le succès arrive. Louis Pergaud reçoit le prix Goncourt  pour son livre De Goupil à Margot. Cette reconnaissance les ravit, lui, Delphine et leurs amis mais génère la jalousie et la méchanceté de ses détracteurs. D’un caractère bien trempé et avec le soutien de Delphine Louis tient bon. La période des vaches maigres est terminée, la manne financière du prix leur permet de voire venir.

Quel bel amour que celui de Delphine et de Louis ! Un amour qui évolue au fil du récit. Au début effacée, Louis donne de plus en plus de place à une Delphine qui s’affirme. Tous les deux vivent pleinement le bonheur d’être ensemble. Les années s’écoulent entre les travaux de Louis et l’été passé à la Comté, véritable bouffée d’oxygène pour le couple. Mais 1914 arrive, les relations internationales se tendent. La guerre aura lieu. Louis est mobilisé.

Avec Histoire d’un amour, Dominique Gros redonne vie au couple de Delphine et Louis Pergaud. Il fait sien le personnage de Delphine, nous décrivant avec tendresse et poésie sa vie aux côtés de l’écrivain. Il nous le décrit, vu par les yeux de sa femme. Un auteur qui veut fuir le conformisme et qui en paie le prix. Elle semble effacée, Delphine mais elle est un soutien nécessaire et petit à petit prend de plus en plus de place dans sa vie d’auteur et d’homme. Au point que du front, il lui propose dans une lettre, de coécrire un livre.

Je vous recommande vivement ce récit superbement écrit sur la vie de Louis Pergaud, auteur connu principalement de nos jours pour La guerre des boutons mais dont l’œuvre est beaucoup plus riche que ce seul livre. Un livre passionnant, bouleversant.  Ce texte est porté par le style tout en finesse et en poésie de Dominique Gros. Un excellent moment de lecture.

« Alors, quand mon Loup se retire dans l’ombre, dans sa tanière, où il pense être seul à marmotter son inquiétude, ce n’est pas aux petits littérateurs insignifiants qui cherchent à le détruire qu’il pense.  Il se sait suffisamment fort pour leur résister. Les combattre. Vivre hors de leur fange. Non ! Ce à quoi il pense, c’est à nous. À ce drame qu’il voit venir. Et qui peut nous séparer. Il s’inquiète pour moi, davantage que pour lui. Il s’inquiète pour le monde. Comment est-ce possible que la paix de millions d’hommes soit compromise par les manœuvres malsaines de seulement quelques poignées de chefs ? Je pourrais dire que Louis est généreux. Mais s’il m’entendait, il donnerait des crocs. Le commun y a mis tant de faiblesse, dans cette qualité, qu’elle ne signifie plus grand chose. Mon Louis est un loup qui pense à la meute. Se soucier de l’autre est le seul vrai gage de sécurité personnelle. »


1 commentaire:

  1. l"écriture a l'air sublime, bon ok dans ma PAL, mais faudrait se calmer un peu ! je ne peux suivre et je ne veux rien rater !

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