lundi 20 juin 2016

Les délices de 36



Les délices de 36 de Nicolas Rey édité par le groupe Prisma dans la collection Incipit


1936 : la France est paralysée par les grèves. La France laborieuse en a assez d’être corvéable à merci. Dans une atmosphère festive, elle revendique son droit au repos, son droit à partir, son droit à vivre. L’avènement du Front Populaire va lui donner cette chance. Les travailleurs vont pouvoir bénéficier de deux semaines de congés payés.

« Notre vie dure l’espace d’un clin d’œil. Pourquoi la perdre à vouloir la gagner ? Nous allons devenir ce que nous étions avant de naître. À savoir : rien. Le chaos. Le vide. Une sorte de sommeil profond. Alors ? Deux semaines de congés payés par an . Il faut dire un grand oui ! Avant la grande faucheuse, deux semaines de grasses matinées, d’amour, de pétanque , de randonnées, de saucisses grillées, de bains de mer, de pique-niques et de fraternité. »

Juin 1936 : Jean, Bernadette et leur fils Marius se pressent pour la première fois dans le train. Direction Deauville. À eux la plage, le soleil et la mer. Ils vont avoir deux semaines pour se retrouver, pour vivre pleinement, loin des contraintes du travail. Enfin se reposer.

Les bourgeois ne voient pas d’un bon œil l’arrivée massive de ces familles d’ouvriers, ces « salopards à casquettes » qui vont donner un aspect populo à leurs plages. La loi a été votée pour le mieux être du plus grand nombre mais la France reste coupée en deux.

« Les vacances payées accordées par le gouvernement ont rendu cette année aux plages de France toute leur animation d’autrefois. Mais derrière l’animation, il y a quoi ?
La même haine, le même mépris du bourgeois pour le prolétaire. Le bourgeois n’a pas attendu l’été 1936 pour éructer à la plage. La bourgeoisie vomit le prolétariat. Dès la première semaine de congés payés, la France est coupée en deux. Comme elle l’a toujours été. Comme elle le sera toujours. »

C’est dans cette atmosphère, que Marius, fils d’ouvriers va rencontrer Emma, fille de patron. Ils vont se tourner autour, se rapprocher, puis se donner l’un à l’autre, le temps d’un été, bravant les barrières sociales. Premiers acteurs d’une longue série d’amours de vacances. Mais cette romance durera-t-elle au delà de l’été. C’est un beau roman, c’est une belle histoire, mais cet amour a-t-il un avenir ?

Dans ce court roman jubilatoire, Nicolas Rey imagine ce qu’auraient pu être les premiers congés payés de ses grands parents. Leur découverte du repos, de la mer, des premiers émois pour leur fils, Marius. Il le fait d’une plume tantôt  féroce, tantôt tendre, toujours pleine d’humour. Un court roman  à savourer les doigts de pieds en  éventail lors de vos congés payés.

Un petit mot maintenant sur la forme. Avec ce texte, j’ai découvert une très belle collection : la collection incipit. De petits livres à l’édition soignée, très agréables à lire. Vous pourrez découvrir à la fin du texte un court documentaire sur ces premiers congés payés.


1 commentaire:

  1. parfait, je suis en congé "retraite", je suis en état de comprendre, merci le hibou !

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