La fille au 22 d'Anna-Véronique El Baze
aux éditions Cherche Midi
Léa est
divorcée d’un mari pervers narcissique qui l’a détruite psychologiquement.
Passionnée de littérature policière, véritable boulimique de lecture, elle
trouve un emploi dans une librairie. Ses goûts sûrs, son sens maladif de l’organisation
en font très vite la responsable du rayon qui deviendra vite l’un des plus
courus de Paris.
« Aujourd’hui, je règne sur cet espace clos où
se bousculent les amateurs. Sensation nouvelle d’avoir un rôle majeur. Celui de
décider des ouvrages qui seront exposés aux meilleures place ; celui d’influencer
les lectures de dizaines d’inconnus pour qui je n’éprouve qu’indifférence. »
Malgré ses
succès professionnels, Léa s’ennuie profondément. Elle n’a pas d’amis, sa fille
Laura est dans le coma suite à un accident mais elle ne se sent pas capable d’aller
la voir. Sa rencontre avec un SDF va bouleverser sa vie. En la regardant, en
lui demandant comment elle va, en lui souriant, il va la réveiller. Léa va se
rendre compte qu’elle ne vit pas ou alors par procuration.
Suite à
cette rencontre, Léa va se transformer. Elle va prendre sa vie en main. D’une
bien curieuse façon me direz-vous : elle va devenir tueuse en série. De son
père, caïd de la pègre elle n’a reçu en héritage qu’un pistolet calibre 22, des
leçons de tir et sa collection de SAS. Ces leçons, elle va les mettre à profit.
Après son
premier meurtre, Léa se sent enfin vivante, vibrante, sa manière de s’habiller
change, elle devient femme fatale , femme létale. Elle veut revivre ces
sensations au plus vite. Elle veut enfin devenir une héroïne, pas un personnage
de papier comme ceux qu’elle suit au cours de ses lectures, mais bien une
tueuse de chair et de sang.
« Un attroupement s’est formé autour du corps
à présent apaisé. Je planque l’arme sous le siège. Hypnotisée par la scène, je
fais comme eux, les badauds, je mate le cadavre. Voir la mort pour se dire qu’on
est vivant.
Une flaque rouge dessine une
arabesque ronde et vivace autour de sa tête. Soulagement brutal, délivrance
inquiétante, toute-puissance. La montée d’adrénaline est si forte qu’il n’y a
plus de place pour la tristesse ou la colère. Juste un sentiment de joie intense
auquel succède une sensation de plénitude absolue. »
Avec La
femme au 22, Anna-Véronique El Baze nous offre un thriller au rythme soutenu.
La construction faite de flash back et d’alternance du « Je » et du
Léa pour modifier les points de vue, le style vif et mordant accentuent encore cette impression de fuite
en avant. Le rythme de l’histoire suit celui, envoûtant du Boléro de Ravel,
musique de fond des meurtres de Léa. Nous suivons sans pouvoir le lâcher, le
destin de cette femme qui donne la mort pour vivre. Un roman à découvrir
absolument !
« Au fil des mois, je
m'habituais au silence, aux petits déjeuners avec pour compagnons une tasse de
café et un livre. Il avait fallu que Franck me quitte pour que je mesure
l'ampleur de ma dépendance. Un amour bancal. J'avais été la victime consentante
d'un expert en manipulation. Un constat sans appel. Je n'avais pas connu l'état
d'ivresse que je devinais dans les scènes d'amour torrides des polars. Les
affres de mon chagrin n'étaient que l'angoisse liée au bouleversement de mon
quotidien. Le vertige du taulard bousculé à la porte de son centre de
détention. Cette terreur imbécile de n'avoir plus de tortionnaire pour poser
les limites, de gardien pour veiller au respect des règles. Plus rien ne me
protégeait de moi-même. »
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