Ma vie en noir et blanc de Delphine
Bertholon aux éditions Rageot
Ana va
avoir 15 ans. Elle vit avec sa mère, son beau-père et sa petite sœur Zoé. Au
collège, elle n’a qu’une amie : Mélie. Ana est différente. Elle se considère comme une erreur de la nature. Elle ne connaît pas son père, elle est achromate (elle
ne voit la vie qu’en noir et blanc) et sa mère n'a rien trouvé de mieux que de renforcer sa bizarrerie en l’affublant d’un prénom palyndrome : ANA (il
peut se lire dans les deux sens).
« A-N-A. Le miroir parfait.
Ça me fait une belle jambe !
Même mon prénom est monstrueux.
« Palindrome », on dirait
une créature immonde de la mythologie grecque ou un virus horrible qui
transformerait les humains en zombie cannibales. Bien sûr, Maman ne pouvait pas
savoir que je serais «différente » lorsqu’elle l’a choisi – on a appris ma
bizarrerie quand j’avais trois mois, parce que je ne supportais pas les
lumières vives. N’empêche, cette information linguistique en a remis une louche
niveau particularités. »
Pendant les
cours, Ana écrit son roman, elle se met en scène dans la peau d’anA, femme
fatale, inspirée des héroïnes de ces films des années cinquante qu’elle aime
tant. Ces films-là , elle peut les voir comme tout le monde, ils sont en noir
et blanc. Ce personnage lui permet de fuir son isolement, de vivre ce qu’elle
voudrait vivre par procuration. Elle aimerait tant avoir autant de courage, être
aussi libre qu’anA. Surtout pour aborder Kylian, le garçon dont elle est
amoureuse.
Ana s’interroge
beaucoup sur sa bizarrerie. A quoi est-elle
due ? Comment vivre au mieux avec ? Suite à un article sur un photographe
parisien qui souffre du même mal qu’elle, Ana va partir à Paris avec Kylian à
la recherche de réponses. Elle va devoir se comporter comme anA, son héroïne,
prendre son destin en main pour en savoir plus sur elle-même et sur sa maladie.
Dans ce
roman jeunesse, Delphine Bertholon revient sur l’un de ses thèmes de
prédilection. Comment vivre avec une anomalie des sens. Elle nous parle de
cette différence, de ce handicap qui bien qu’invisible, isole. Un roman
passionnant, une Ana très attachante. Amis lecteurs, faites découvrir le style
de Delphine Berholon à vos enfants et si vous ne connaissez pas sa plume, vous
vous régalerez vous aussi. Un roman à découvrir à partir de onze ans .
« Quand j’étais petite, je tournais et
tournais sur moi-même comme une toupie au milieu de ma chambre, les bras
écartés, je tournais jusqu’à ce que les murs deviennent flasques, jusqu’au
vertige piqué d’étoiles. Je croyais qu’ainsi mon père apparaitrait, sur l’écran
noir projeté derrière mes yeux – une image de mon père. Bien entendu, ce genre
de choses n’arrive jamais. Après, j’avais seulement mal à la tête, je m’écroulais
en titubant sur mon lit, je regardais le plafond blanc qui continuait de
tourner sans moi.
La vie ce n’est pas du cinéma. La
vie ce n’est pas un polar des années cinquante. Dans la vie, pas d’escarpins en
python, de ténébreux à sacoche, de révélations folles dans les lumières brûlantes
d’un bar des Amériques. Tout ça, c’est n’importe quoi. »
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