Les pierres de mémoires de Philippe Nonie aux éditions
Paul et Mike
Cagot.
Voici un mot que la mémoire a en
partie oublié.
Pendant des siècles, les cagots ont
été ces hommes et ces femmes traités comme des dégénérés. Ils vivaient en
communauté tels les lépreux dans les lazarets. Ils ne mesuraient pas plus d’un
mètre cinquante, parfois moins, et devaient porter une patte d’oie cousue sur
leurs habits pour les distinguer des autres. »
Henri n’est
pas né cagot, mais, de petite taille, il se sent différent, à l’école on le
traite de cagot. Peut-être son lignage, comporte-t-il des gènes de cagot. Ses
parents sont agriculteurs et il est destiné à reprendre l’exploitation
familiale. Rien ne le prédisposait à devenir journaliste et écrivain, métier honni
par ses parents.
« Écrire, le cache-misère d’un mensonge
quotidien : faire croire que l’on sert à quelque chose. »
Henri est
très bon élève. Sa prof de français voyant son potentiel décide de lui prêter
des livres. Henri découvre le pouvoir des mots, « cet ailleurs qui m’avait été jusque-là inaccessible. » Les
premières pierres de la rébellion sont posées. Henri veut écrire.
Un jour,
alors qu’il va surveiller les bêtes, il rencontre dans l’un des champs
familiaux, une artiste peintre. Elle est en train de peindre une grange en
ruines. Son tableau est étrange cependant, il représente la grange debout et
des gens s’affairant autour. La femme révèle à l’enfant que les pierres
emmagasinent la mémoire des hommes, leur histoire et qu’elle sait lire en
elles. En touchant d’une main les pierres de mémoires et Henri, elle lui
transmet le virus de la création. Virus, le terme est exact. Henri devient
frénétique, il écrit, toujours et encore.
A l’âge
adulte, ravagé par ce virus qui le hante, qui l’empêche de dormir, il cherche à en comprendre le mécanisme, comment le canaliser. Pouvoir enfin dompter cette bête qui lui dévore la vie.
Henri est
différent de par sa taille, mais tel les cagots, il se sent encore plus isolé par ce virus incontrôlé. Cette inspiration nécessaire à tout écrivain peut se
révéler une véritable ennemie quand elle n’est pas maîtrisée, quand elle prend
le pas sur la vie.
Les pierres
de mémoires est un conte poétique, sur la création, ce virus qui hante l’auteur,
qui a son existence propre, et qu’il se doit de canaliser pour ne pas se laisser
dévorer par lui, tout en le préservant. Un conte porté par l’écriture très
visuelle, très cinématographique et pleine de poésie de l’auteur. Un excellent moment de lecture qui m’a
fait découvrir cette histoire des cagots que je ne connaissais pas du tout. Un
livre qui ne peut que plaire à tout amoureux des mots et des livres.
« Je me suis levé une heure après son départ,
ma main s’est à nouveau mise à trembler et j’ai manqué renverser mon café.
Durant la journée ; j’ai écrit près de quatre chapitres supplémentaires. J’avais
la sensation d’être en transe, je voyais mes personnages, je devinais leurs
pensées intimes, je percevais leurs dialogues et je les écrivais. Même si je
suis sorti littéralement épuisé par les efforts fournis, j’ai éprouvé ce jour
là un sentiment profond de plénitude. J’étais enfin devenu l’homme que j’avais
envie d’être : par les mots je rattrapais les centimètres que la vie ne me
procurait plus. Par cette histoire, je projetais en ombres chinoises la
tragédie vécue au cours des siècles par les cagots. »
Je ne connaissais pas du tout ! Encore un livre à ajouter dans ma WL !! Merci beaucoup !
RépondreSupprimer