lundi 13 octobre 2014
Le liseur du 6H27
Le liseur du 6H27 de Jean-Paul Didierlaurent aux éditions Au diable vauvert
Guylain Vignolles, travaille au pilon, il est chargé de faire fonctionner "La chose", la Zerstor 500, machine infernale chargée de la destruction en masse des livres invendus. Dire que Guylain n'aime pas son métier est un doux euphémisme. Exercer un tel métier pèse sur sa conscience et chaque jour quand il doit aller nettoyer la machine, il récupère les feuillets rescapés de ces livres détruits, ces "peaux vives" qu'il place entre deux buvards pour les sécher et qu'il lit à voix haute tous les matins dans le RER, en faisant profiter tous les passagers de sa rame. Ses textes il les lit d'abord pour lui, comme pour se faire pardonner, le massacre dont il va être l'artisan dans la journée.
"Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écoeurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine..."
Un jour Guylain trouve dans le RER une clé USB. Toute la journée il est perturbé par la trouvaille mais il doit attendre le soir pour découvrir son contenu. Il y découvre les textes écrits par Julie, dame pipi dans un centre commercial, dont les mots le touchent, il se met d'ailleurs à lire ces textes à haute voix dans le RER avec succès. Il en vient à être obsédé par la jeune femme et va se mettre à sa recherche avec l'aide de son ami Giuseppe, ancien opérateur de "La chose"" qui y a laissé ses deux jambes.
Ce superbe roman jubilatoire, à la plume poétique, sensible, humoristique, est un roman sur les mots, sur l'amour des mots. Tous les personnages sont marqués par eux. Guylain a été marqué dès la naissance pas les mots, son nom étant transformé par moquerie en Vilain Guignol par ses camarades. Il n'aura de cesse plus tard de les partager avec les voyageurs de sa rame. Giuseppe, lui, va partir à la recherche des ses jambes en traquant les exemplaires d'un livre précis. Yvon, quant à lui, trouve à toute situation son alexandrin approprié. Lucie, elle , relate sa vie par écrit sur des carnets qu'elle retranscrit sur son ordinateur par la suite. Ses mots vont charmer Guylain. Ce premier roman de Jean-Paul Didierlaurent est un petit bijou de poésie, une déclaration d'amour aux mots, un pur régal.
""C'est droit comme une épée, un alexandrin, lui avait un jour expliqué Yvon, c'est né pour toucher au but à condition de bien le servir. Ne pas le délivrer comme de la vulgaire prose. Ça se débite debout. Allonger la colonne d'air pour donner souffle aux mots. Il faut l'égrener des ses syllabes avec passion et flamboyance, le déclamer comme on fait l'amour, à grands coups d'hémistiches, au rythme de la césure. Ça vous pose son comédien, l'alexandrin. Et pas de place pour l'improvisation. On ne peut pas tricher avec un vers de douze pieds, petit.""
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Si les mots sont à la fête, je crois bien que je vais entrer dans leur ronde !
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira Martine!! Bisous de hibou sur tes deux joues!
Supprimerça m a l air bien, du coup je l ai reserve å la bib
RépondreSupprimerbonne journėe
léa
Je l'ai lu il y a quelques jours et j'ai adoré :-)
RépondreSupprimerOui un petit bijou Andrée, merci pour le retour et bonne soirée!
Supprimerje viens de le finir, c vrai c est un régal, un vrai moment de plaisir
RépondreSupprimerlea
j'ai aimer cette ambiance de lecture, j'ai détesté sa machine à broyer...
RépondreSupprimerMerci pour tes judicieux conseils de lectures.
MonikMoka