Le bigorneau fait la roue d’Hervé
Pouzoullic aux éditions Anne Carrière
Marc
Polovic est étudiant à Sciences Po. Le moins qu’on puisse dire est que ses
études ne le passionnent pas. Il vient d’ailleurs d’être collé à ses examens.
Enfant, Marc se trouvait laid. Il se sentait la risée de ses camarades. Il s’est
réfugié dans les livres et s’est construit une carapace. Une armure faite de
citations des grands auteurs qu’il utilise à tout bout de champs pour briller
en société, pour se défendre.
« Pour me protéger des
moqueries, j’avais finalement décidé de cultiver mon esprit, mon sens de la
répartie et de me plonger dans l’apprentissage des auteurs. Et c’est cul sec
que je m’étais mis à ingurgiter leur œuvre. Je me droguai aux romans, me piquai
aux nouvelles, sniffai de la poésie. Très vite, les bons mots des Grands
giclèrent en rafales. Je braquais mon entourage avec Voltaire, tirais au canon
avec Scarron, dégoupillais des alexandrins et faisais tout sauter, moi compris.
J’étais le Rambo des bons mots. »
Devenu un
jeune homme au physique plus attirant, il choisit d’utiliser cette même
tactique pour séduire. Mais comme pour ses études, Marc ne brille pas par ses
conquêtes féminines. Surtout il n’arrive pas à faire durer une relation plus de
trois jours. Il profite de ses vacances en Bretagne pour poser la question du
secret de la longévité du couple à ses parents et sa grand-mère. Il a une
révélation. Pour qu’un couple dure, le ciment c’est l’incompréhension. Fort de
cette découverte il va en faire un plan de bataille et tenter de séduire à l’international.
Le bigorneau quitte son rocher pour
partir faire la roue à l’étranger.
Son
histoire avec Véronica, jeune serveuse italienne, même si elle se termine mal,
le conforte dans son idée. Elle a duré plus de seize mois. L’amour avec une
femme étrangère semble être la solution. Après l’Italie ce sera les Etats Unis
puis la Russie. Après chaque rupture il part se ressourcer dans sa chère
Bretagne.
Le
bigorneau fait la roue est de ces romans qui se lisent le sourire aux lèvres,
le tout ponctué de grands éclats de rire. Un livre jubilatoire. Hervé
Pouzoullic s’est amusé en écrivant, en émaillant son récit de citations. On ressent son plaisir, à la lecture. Son style
est riche, parfois érudit mais surtout plein d’autodérision. J’ai passé un très
bon moment à la découverte de ce livre.J'attends le prochain avec impatience.
« Ma théorie sur l’incompréhension au sein du
couple et l’amour à l’international prenait, à mes yeux, toute sa dimension. Quel
homme n’a pas souhaité échapper aux vociférations de sa délicate compagne ?
Quel homme aux tympans outragés, aux tympans brisés, aux tympans martyrisés ne
s’est pas imaginé les tympans libérés des cris de sa gesticulante partenaire ?
Je n’échappais ni au son ni à l’image en vivant avec une Italienne. Mais j’échappais
aux mots et à leur sens. Par exemple, dans le
phonétique « Va voir l’oncle Ulo », je n’ai jamais compris qui
était cet oncle Ulo… »
rigolo et original, à suivre, merci
RépondreSupprimerSuper chronique Denis, j'avais beaucoup aimé ce premier roman qui fait partie des délaissés des "68" mais que j'avais acheté pour le titre. Moi, bretonne, j'ai un faible pour les bigorneaux... et j'ai passé un bon moment, sourire aux lèvres, ça c'est sûr.
RépondreSupprimerI enjoyed reading your poost
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