mardi 19 décembre 2017

L'impossible définition du mal



L’impossible définition du mal de Maud Tabachnik aux éditions de Borée



Alors qu’il convoie une cargaison de jeunes femmes destinées à alimenter les réseaux de prostitution en Europe de l’Ouest, le camion de Youri est arrêté à un poste de contrôle. Comprenant qu’il ne passera pas avant le lendemain matin, il se résout à aller passer la nuit dans une auberge qu’il a déjà fréquentée. Au réveil, l’une de ses « protégées » manque à l’appel. Elle sera découverte affreusement mutilée.

Le commissaire Viktor Braumstein vient tout juste de prendre ses fonctions au Commissariat N°1 de Rostov sur le Don. Ancien commissaire principal à la Direction des recherches criminelles à Moscou, il a été dégradé car il mettait trop de zèle à faire le ménage dans un bureau corrompu. Braumstein ne s’attendait sûrement pas à hériter d’une telle affaire en prenant ses fonctions. Le corps de la jeune Hélène Koskas porte la signature d’un tueur en série cannibale recherché depuis plus de dix ans.

Très vite, l’enquête s’oriente vers la personnalité d’Andrei Tchikatilo, ancien professeur de lettres, devenu ingénieur ferroviaire chargé de l’inspection des réseaux. C’est un notable disposant d’un beau carnet d’adresses.

Alternant les chapitres où elle se met dans la tête de Tchikatilo, et ceux où elle décrit l’enquête au travers des réflexions du commissaire Braumstein, Maud Tabachnik nous plonge à la fois dans l’âme même du Mal et dans l’atmosphère de cette Russie qui a du mal à tourner le dos à son passé communiste, un pays gangrené par la corruption. L’impossible définition du mal est un roman noir, glauque par moments, mais jamais Maud Tabachnik ne tombe dans la surenchère gore. Un roman tiré de faits réels que j’ai dévoré, sans mauvais jeu de mots. Cette histoire m’a captivé de bout en bout, tant sur le plan de l’enquête criminelle que sur les aspects géopolitiques de la région. Le travail de recherche de Maud Tabachnik donne de l’épaisseur au roman sans jamais en ralentir le rythme. Que vous soyez ou non amateurs de thrillers, je vous le recommande vivement.



Maud Tabachnik est l'auteure de nombreux romans à succès dont :
Le festin de l'araignée aux éditions Viviane Hamy
Mauvais frère aux éditions Albin Michel
Ciel de cendres aux éditions Albin Michel
Danser avec le diable aux Editions Flammarion
L'impossible définition du mal a été publié en 2017.

jeudi 27 juillet 2017

Dérapages



Dérapages de Martine Magnin chez Ella Editions

« Puisque vous êtes en train de visionner cette cassette, c’est que je suis déjà mort et que, à tort ou à raison, vous avez trouvé la caisse. Après avoir entendu ce que je vais vous dire, ce sera à vous de prendre des décisions en connaissance de cause. Quoi qu’il en soit, bon courage à vous. »

C’est par ces mots que s’ouvre Dérapages, le nouveau roman de Martine Magnin. D’emblée, on a l’impression qu’on va avoir affaire à un polar, mais même si un fait divers est à l’origine de tout ce qui va se dérouler dans ce roman, l’affaire strictement policière passe rapidement au second plan.

Régis, garagiste à Remoulins doit trouver un autre local pour exercer son activité. A la rentrée de septembre il sera expulsé car un rond-point doit être construit dans la zone dans laquelle se trouve son garage. Une annonce dans Le Bon coin attire son attention. Un garage est à vendre. Ou plutôt les ruines d’un garage, puisque celui-ci a été détruit dans un incendie qui a causé le décès de son propriétaire. Même si les travaux sont importants, le local sinistré est bien placé et Régis l’acquiert au prix du terrain. Lors des travaux de nettoyage il trouve dans une fosse, une boîte à outils vissée dans le sol qui cache une trappe dans laquelle est dissimulé un sac rempli de billets de banques et une cassette vidéo.

Dans ce roman choral, Martine Magnin part de ce fait divers pour dérouler son récit. Quatre personnages nous racontent à tour de rôle leur histoire en lien avec ce drame.

Régis, le garagiste, est perturbé par la découverte de ce magot et de la cassette. Bien loin de profiter sereinement de l’aubaine, il est tourmenté par sa conscience et par le danger que cette somme représente. Cet argent, il en a bien besoin pour mettre du beurre dans les épinards, mais cette somme ne devrait-elle pas revenir aux filles du précédent garagiste, décédé dans l’incendie vraisemblablement criminel de son garage ? Leur rendre l’argent ne reviendrait-il pas à les mettre en danger ?

Hortense est la belle-sœur de Raymond, le garagiste décédé. Elle a recueilli les deux filles de sa sœur jumelle, morte peu avant l’incendie. Hortense est une mère courage, mais cet ajout de deux enfants, même s’ils sont de la famille, ne se fait pas sans difficulté. Il lui faut gérer deux jeunes filles profondément perturbées par le décès de leurs parents sans pour autant négliger les siens et faire face à une crise dans son couple.

Henri, le mari d’Hortense, souvent absent car il est chargé de l’inspection des structures hôtelières de la région.

Monsieur Fernand, assureur à la retraite tracassé par son dernier dossier. Pressé par sa hiérarchie il n’a pas pu traiter l’affaire de l’incendie du garage de Raymond comme il l’aurait souhaité. Il se sent coupable et se demande comment il pourrait venir en aide aux filles du garagiste.

Du Gard à la Camargue, nous allons suivre ces personnages qui se débattent avec leur quotidien bouleversé par ce fait divers. Nous allons assister à leurs dérapages et à leurs conséquences.

Dérapages est un excellent roman puzzle, dans lequel les pièces s’imbriquent petit à petit. Un roman qui nous montre que tout le monde peut déraper mais que l’essentiel est d’éviter la sortie de route. Tous les personnages sont attachants, même Henri le mari volage et lâche.


Ce livre plein de sensibilité, de suspense et d’humour, je l’ai lu d’une traite et je vous recommande de le mettre dans vos valises pour les vacances, et si vous ne partez pas, vous ressentirez en le lisant tous ces sons, ces odeurs, ces goûts qui font le sud. Bon voyage !