Souvenirs de lecture 29 : Norlane Deliz
Nous avons tous de ces lectures qui
nous ont profondément touchées, qui sont comme des madeleines de Proust :
on se souvient d’où on était quand on les lisait, du temps qu’il faisait. Il m’a
semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que
nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d’écrire. Aujourd’hui
c’est Norlane Deliz qui me fait l’honneur de répondre à mes questions. Je la
remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.
LLH : Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus
touché et pourquoi ?

LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une influence sur votre
désir d'écrire ?
ND : J'écrivais avant (rédactions à l'école et poésies enfantines)
mais lorsque j'ai découvert Pauline – qui devient écrivaine - et Cécile, deux
personnages de L'esprit de famille, je me suis dit « et si moi aussi
j’écrivais mon livre ? ». Ce n'est pas que ça avait l'air facile mais
les héroïnes de Janine Boissard vont au bout de leurs rêves malgré les
difficultés. Elles deviennent qui elles sont. Je n'osais pas rêver de devenir
écrivain mais je savais qu'il y avait en moi ce désir profond de l'écriture,
celle qui permet de partager ce qu'il y a en nous et de donner des émotions à
un lecteur.
Ado blessée, j'avais une histoire à raconter : la
mienne. Je me suis lancée, consciente que ça n'allait pas être simple d'écrire
une histoire en train de se vivre… Ma bouche tordue est né une dizaine
d'années après, un récit de vie avec des poèmes à l'intérieur parce que la
poésie... c'est dans mes gènes !
Dans mes influences, il y a donc aussi des poètes. Après
Maurice Carême, Prévert, les poésies de l'école, que je n'aimais pas réciter
mais que j'aimais lire (ah, le recueil Premiers poèmes, avec ses belles
illustrations d'animaux, éditions France Loisirs, que j'ai eu à 9 ou 10
ans !), le collège m'a fait découvrir Verlaine avec Soleils couchants et
« Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville » qui a
inspiré un de mes premiers poèmes d'adolescente, Partir, qui est dans mon
témoignage. Le poète est resté ma référence, ce n’est donc pas un hasard si
Verlaine est présent dans mon premier roman…
LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de
coeur ?

Les dieux ont soif d'Anatole France : j'ai été très
surprise de lire si facilement une histoire sur la Terreur post- Révolution
Française, écrite en 1912 par un auteur « classique (prix Nobel de
littérature) oublié ». on suit le destin d'un jeune homme épris d'absolu
qui au nom de valeurs érigées en Vérité abdique toute humanité : le culte
justifiant des actes aussi peu justifiables que la guillotine à tout va. Il y a
une résonnance moderne surprenante… Peut-être parce qu’Anatole France a saisi
ce qui ne change pas dans le monde : les agioteurs-profiteurs, les égos,
le pouvoir, les questions de religion et de laïcité, les débats politiques
entre les modérés et ceux qui trouvent qu'ils sont trop mous, et même la
liberté des femmes ?
L'un des nôtres de Willa Carter m'a surprise de la même
manière. Prix Pullitzer en 1922, ce livre a gardé une force moderne. Un jeune fermier américain, fils d'un riche
propriétaire, peine à trouver sa place dans la société pragmatique dans
laquelle il est né. Ayant soif de culture et d'idéalisme, il trouvera à se
réaliser dans l'engagement pour la France lors de la 1ère guerre mondiale. Ce
livre aux belles descriptions fait voir la guerre de 14-18 du côté des
États-Unis, avec les propriétaires
terriens et les immigrés d'origine allemande, et aborde le sujet de l'engagement
américain, moins connu que celui de la guerre d’après.
Biographie

Encore un grand merci à Norlane Deliz dont je vous invite à
découvrir le superbe premier roman : La voleuse. Le titre de son roman
apparaît en couleur et dispose d’un lien vous permettant d’accéder directement
à ma chronique le concernant.
très sympathique cette nouvelle trouvaille, je vais aller voir ce qu'il en est de son livre , la voleuse, merci
RépondreSupprimer