samedi 4 mars 2017

Souvenirs de lecture 42 : Sylvie Dazy



Souvenirs de lecture 42 : Sylvie Dazy

Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchées, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient d’où on était quand on les lisait, du temps qu’il faisait. Il m’a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d’écrire. Aujourd’hui c’est Sylvie Dazy qui me fait l’honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.


Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus touché ?

SD : Sans conteste Paroles de Prévert. Je sais que ce poète est parfois contesté mais pour moi il est fondateur. Mon professeur de Lettres nous avait demandé de le lire et… coup de foudre !
Je me réfugiais dans un café, comme pour une rencontre secrète avec moi-même, et j'ouvrais le livre. D'ailleurs cela me fait penser que maintenant j'écris quasi exclusivement dans les cafés.
J'aimais ces poèmes car ils étaient simples et tendres. Il y avait aussi un engagement politique, ce que je percevais sans doute confusément, un regard sur les êtres humains qui me bouleversait. De la révolte. Ils coulaient clairement en moi.

Plus tard je l'ai fait étudier à mes élèves, en leur racontant tout cela. Quand je suis partie d'un collège un jour, une classe de troisième m'a offert le livre, avec toutes leurs signatures. Un des plus beaux cadeaux jamais reçus.


En quoi ce livre a t-il eu une influence sur votre désir d'écrire ?

SD : Il a eu une influence sur beaucoup de choses. Adolescente malheureuse, j'y ai trouvé un réconfort, une lumière. Presque de l’affection.

Et puis ces mots sont simples, mais à la fois écrire comme lui est difficile…

Alors j'ai pris un stylo et j'ai commencé. J'ai longtemps écrit des poèmes « à sa manière », puis des nouvelles, puis des romans. On peut dire qu'il m'a autorisée.
Je suis allée dans le Cotentin dans son jardin et sur sa tombe. 40 ans plus tard, même si je ne le lis plus, il reste un proche.



Quelles sont vos dernières lectures coup de coeur ? 

SD : Eh bien on va rester dans les récits de formation : Une Activité Respectable, de Julia Kerninon. Celle-ci nous raconte son entrée en littérature, avec des parents amoureux des livres, et une mère qui lui offre une machine à écrire à 5 ans. Elle dit combien il est difficile de se sentir aspirée vers cette « activité » sans pouvoir rien justifier, peut-être même en restant à sa porte, et pourtant incapable d'autre chose. Avec une magnifique écriture, luxuriante, presque violente. (éditions du Rouergue).




Je lis en ce moment : Voici venir les rêveurs de Imbolo Mbue (éd. Belfond). Il s'agit d'un roman sur un sujet contemporain, la vie en occident, à New York précisément, pour un couple de sans papiers. Le rêve qui passe et auquel on s'accroche, certain que cette volonté fera plier la réalité. Las…

Bref, deux romans écrits par des femmes, c'est un hasard mais ça me fait plaisir de m'en rendre compte.



Biographie

Du Creusot, la ville ancienne des mines et de la métallurgie, Sylvie Dazy s'envole très tôt pour migrer vers Lannion et le Trégor. De cette enfance tournée vers le large naît un amour inconditionnel pour la Bretagne. Mais la vie a plus d'un tour dans son sac et l'envoie, à vingt-deux ans, aux prisons de Fleury-Mérogis et de la Santé. Elle devient éducatrice, chargée de réinsertion et dit y avoir tout appris des relations humaines.
La quarantaine arrivant, elle fatigue de toujours commencer sa journée en frappant à la porte d'une maison d'arrêt, elle décide d'écrire, de frapper à la porte de maisons d'éditions et livre ce texte, inspiré de son expérience. (source www.decitre.fr)

Retrouvez ici, le lien vers ma chronique du roman de Sylvie Dazy, Métamorphose d’un crabe :


Encore un grand merci à Sylvie Dazy pour sa gentillesse et sa disponibilité. Je vous invite à découvrir sa plume dans Métamorphose d’un crabe, son excellent roman.

1 commentaire: