mercredi 5 décembre 2018

Souvenirs de lecture 46 : Eva Kopp






Souvenirs de lecture 46 : Eva Kopp


Nous avons tous eu des lectures qui nous ont profondément touchés, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient où on était quand on les lisait, du temps qu’il faisait. Il m’a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d’écrire. Aujourd’hui, c’est Eva Kopp qui me fait l’honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.


LLH : Quel livre lu dans votre enfance et adolescence vous a le plus touchée et pourquoi ?

EK : Concernant mon enfance, un auteur a participé aux fondements de mon imaginaire : Roald Dahl. Je tremblais en imaginant que de Sacrées sorcières pouvaient me côtoyer au quotidien. Et si la maîtresse, la boulangère, la voisine en étaient ? Heureusement, en pareille situation, il aurait suffi de m’inspirer de La Potion magique de Georges Bouillon pour m’en sortir. Le Bon Gros Géant serait probablement venu à mon secours. Après avoir vécu mille aventures, nous serions allés manger du chocolat (jusqu’à en avoir une crise de foie) dans la chocolaterie de Charlie et la Chocolaterie…

Un livre a profondément changé ma manière d’aborder la vie. Il y a eu un Avant et un Après sa lecture. J’avais 14 ans et j’accompagnais mes parents à l’hypermarché lorsque mon regard a été véritablement aimanté par une couverture du rayon livres. Un oiseau blanc, une mouette peut-être, dans un ciel bleu roi et une jeune fille de biais. Le titre ? Tout est langage de Françoise Dolto. Tout est langage… Cette phrase a enclenché un rouage invisible en moi. La confirmation d’une conviction latente.

Lu en quelques heures, il est devenu mon livre de chevet durant quelques années. Avec le recul, je pense que je n’avais pas les outils pour appréhender correctement l’ouvrage. Je n’avais que 14 ans… Mais il a eu le bénéfice de m’ouvrir de nouvelles portes pour appréhender et comprendre l’Autre.


LLH : En quoi ces livres ont-ils eu une influence sur votre désir d’écrire ?

EK : Plus qu’une influence sur mon désir d’écrire, je pense plutôt à une influence sur mon écriture. Lorsque j’écris un roman pour des lecteurs adultes, je travaille sur l’inconscient des personnages, sur leurs failles et leurs incohérences. Je connais leur enfance même si elle n’apparaît pas forcément dans le roman. Dans L’enfant du tsunami, les rêves des personnages participent à l’intrigue. Les héros font même une thérapie.

En ce moment, j’écris un roman jeunesse. Pour nourrir ma créativité, je relis tous les livres de Roald Dahl. Et c’est formidable ! J’ai l’impression de retrouver de vieux amis, de revoir, avec émotion, ces membres imaginaires de ma famille qui ont peuplé mon enfance.


LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de cœur ?

EK : Il y a eu de très belles lectures comme L’arrondi silencieux de Corentine Rebaudet mais le dernier coup de cœur a un an : Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese. Voici la quatrième de couverture :

« Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie Britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. »

Ce roman m’a bouleversée. Il est d’une puissance incroyable où le plus important n’est pas ce qui est écrit.


Biographie

Née en 1981 en Alsace, Eva Kopp est une hypercréative. Elle se souvient ne pas avoir dormi de la nuit, lorsque, à treize ans, lors d’un cours d’histoire, elle comprit que des guerres avaient été déclenchées sur une phrase offensante. Si les mots pouvaient provoquer des conflits alors ils pouvaient aussi créer du lien et l’apaisement.

Tour à tour scénariste, metteur en scène, rédactrice dans la presse quotidienne régionale, auteure-illustratrice de livres pour enfants, inforgraphiste et animatrice radio, sa passion demeure l’écriture, pont d’un imaginaire à l’autre. L’enfant du tsunami est son premier roman.

Tout a commencé avec le rêve d’une immense vague la veille du 11 mars 2011. Un rouage invisible s’enclenche en elle lorsqu’Eva voit à la télévision, le tsunami s’abattre sur la côte Pacifique du Tohoku au Japon. L’accident nucléaire de Fukushima la bouleverse. Cinq années d’écriture, de rencontres et de documentation ont été nécessaires à son écriture.

Un grand merci à Eva Kopp pour sa gentillesse et sa disponibilité. Je vous invite à découvrir son très beau premier roman : L'enfant du tsunami aux Éditions Pierre Philippe.



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