samedi 3 mai 2014

Le mensonge d'Alejandro




Le mensonge d'Alejandro de Bob Van Laerhoven aux éditions MA Editions


 
   Le Terreno est un pays fictif d'Amérique du sud dirigé d'une main de fer par le général Pelaron. Après 10 ans de prison Alejandro Maldiga, guitariste du célèbre groupe Aconcagua dont le leader, le chanteur poète Victor Perez a été exécuté, retrouve la liberté. Dix ans passés dans la tristement célèbre prison La Ultima Cena : La Cène ainsi nommée car on y sert un bon repas aux condamnés à mort.

   C'est un être brisé qui sort de prison,  déjà pas très enthousiaste sur le message contestataire véhiculé par les chansons du groupe avant son incarcération, il est devenu complètement résigné. Il avait rejoint le groupe pour faire carrière, pas par conviction. Doué techniquement, il lui manquait l'âme pour égaler son leader.


   "Fais chanter cette guitare, tu en es capable. C'est la voix des gens qui ont perdu leur langue. (Elle tendit le bras en direction de la rue.) Ils sont devenus muets, on les a fait taire, ils ne sont plus bons  qu'à attendre que la mort vienne les chercher. (Violeta hocha la tête. Une lueur rusée s'alluma dans ses yeux.) Voilà ce que doit pouvoir traduire ta guitare, cajoleuse, flatteuse, caressante, haletante, menaçante, hurlante."

   Un jour il aide Beatriz Candalti, la fille d'un magnat proche du pouvoir, à échapper aux troupes lors d'une manifestation contre le régime. Elle va lui faire rencontrer plusieurs membres d'un réseau de résistance à l'oppresseur : Cristobal, le responsable de la bibliothèque de l'université, Joao artiste lui-même et responsable d'un village d'artistes  situé dans la montagne et René Lafargue, un prêtre belge qui se consacre à l'aide des habitants les plus démunis des favelas de la capitale. Alejandro va se retrouver embringué dans ce mouvement de résistance contre son gré.


   Le mensonge d'Alejandro est un roman passionnant où l'on voit les personnages lutter non seulement contre la dictature mais aussi contre leurs propres contradictions, leurs propres démons. Alejandro dont le courage n'est pas la première qualité, loin s'en faut, va se retrouver impliqué, par désir de reconnaissance, par besoin d'être aimé dans une entreprise dont la portée politique le laisse complètement froid. Un roman qui décrit par petites touches précises les dictatures d'Amérique latine, telles qu'en ont connues des pays comme l'Argentine, ou le Chili. Une belle découverte.

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