L'heure des fous de Nicolas Lebel aux éditions Marabooks
A Paris, près de la Gare de Lyon, le cadavre d'un SDF est retrouvé. L'enquête est confiée au Capitaine Mehrlicht. Des témoins interrogés affirment avoir vu l'homme emmené par trois individus qui une fois repérés ont décidé de s'en débarrasser. L'enquête du capitaine s'oriente très vite vers le milieu des SDF mais coup de théâtre, l'identité de la victime, Marc Crémieux, journaliste d'investigation, rend l'affaire explosive.
Les hommes de Mehrlicht se concentrent alors sur l'enquête que menait le journaliste. Ils retrouvent chez lui des documents sur Napoléon III. Ils découvrent que Crémieux enquêtait sur la personnalité d'un jeune SDF au parcours troublant. Mais l'enquête piétine et les autorités adjoignent à l'équipe de Mehrlicht, un autre capitaine ce qui fait suspecter à Mehrlicht que l'affaire est bien plus compliquée qu'il n'y parait.
Avec L'heure des fous, Nicolas Lebel signe un premier roman haletant, fourmillant de références, à Audiard, à Hugo. Un roman où les personnages principaux sont bien campés. Les personnalités des différents membres de l'équipe sont décrites avec précision, donnant encore plus de poids et de saveur à l'intrigue. Nous avons le Capitaine Mehrlicht au nom prédestiné (plus de lumière en allemand) personnage bourru , flic à l'ancienne, encyclopédie ambulante au langage difficilement compréhensible pour ses subalternes. Ils auraient presque besoin d'un dictionnaire argot-français pour le suivre. Il est fan d'Audiard et à chaque sonnerie de son téléphone une application choisi une citation du dialoguiste. Le lieutenant Dos Santos, flic dans l'âme, rigide, trop rigide parfois, connaît le code pénal par coeur et ne résiste pas à mettre les gens devant leurs contraventions au code en leur citant in extenso les articles correspondants. Le lieutenant Latour, seule femme de l'équipe, a bien du mal à se faire la place qu'elle souhaiterait avoir dans l'équipe du fait de son sexe. Et enfin Ménard, lieutenant stagiaire et souffre douleur de Mehrlicht , plein d'abnégation qui se révélera d'une grande utilité à l'équipe.
L'heure des fous est un roman passionnant, au rythme soutenu, on ne peut plus le lâcher une fois commencé. Le style de Nicolas Lebel mêle avec talent les descriptions souvent poétiques, à l'argot, passant avec brio des envolées quasi hugolinennes au langage vert d'un San Antonio. Cette plume sert à merveille le roman, rendant encore plus réaliste sa description des bas fonds de Paris, cette cour des miracles contemporaine. Vous l'aurez compris, ce roman est un coup de coeur et j'ai hâte de me plonger dans Le jour des morts, le deuxième roman de Nicolas Lebel.
" -Je te dis que la loi, on la balance pas sur la ville au Kärcher, c'est un travail d'impressionnistes... de pointillistes, même. Par petites touches. Notre macchab en est une.
On peut pas passer tous les gonzes indélicats à la bascule à charlot, ou leur coller une quetsche dans la théière. C'est pas le Chili ici."
On peut pas passer tous les gonzes indélicats à la bascule à charlot, ou leur coller une quetsche dans la théière. C'est pas le Chili ici."
" Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui se passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment - ce qui se produisait toutes les demi-heures - on voyait poindre de sa gueule un magot laiteux qu'il supait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte."
Ahhh la la, tellement de titre à lire et si peu de temps ;) J'ai justement lu Le Jour des morts sans savoir qu'il avait celui-ci avant : un excellent auteur !!!
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