mercredi 23 mars 2016

Le théorème de l'uppercut



Le théorème de l’uppercut de Jean-Marie Palach aux éditions Daphnis et Chloé


 Gislain Chalap est prof de maths. A cours de motivation, il choisit d’être muté dans un lycée de banlieue parisienne, dans une zone sensible. La cinquantaine, célibataire, il compte bien se consacrer pleinement à sa tâche.  Entre l’image qu’il se faisait de son métier et la réalité, l’écart est grand. Il se retrouve dans un lycée qui semble être la plaque tournante de tous les trafics du secteur.

Un soir de cafard, alors qu’il buvait un verre dans un bar à hôtesses, il est tiré d’une situation compromettante par une de ses élèves. Sur le chemin du retour, il est témoin d’une rixe. Un corps est jeté dans la Seine. Il décide de ne pas s’en mêler, d’ailleurs il n’est pas en état de le faire.

 Le lendemain, s’attendant à subir les quolibets de ses élèves parce qu’il est persuadé que l’élève qui l’a sauvé a tout raconté à ses camarades, il apprend que le corps jeté dans la Seine était celui d’un jeune garçon de sa classe. Très vite il se propose d’aider la jeune fille qui lui a porté secours en lui donnant des cours de rattrapage. Il est convaincu qu’elle a du potentiel. Mais Marie, la jeune fille, disparaît elle aussi. Gislain décide de partir à sa recherche. Elle est en danger il doit la sauver. Détail important à vous signaler, Gislain est un ancien champion du monde de kickboxing qui a arrêté sa carrière au faîte de sa gloire, le jour où il a failli tuer l’un de ses adversaires.

Puisqu’en France on aime bien mettre les romans dans les cases, je dirais que Le théorème de l’uppercut est un roman noir. Il décrit les querelles de secteurs dans les banlieues. Une querelle version guerre des gangs, plus proche du genre West Side Story du XXIème siècle, sans le côté Roméo et Juliette, que du genre Guerre des boutons, malgré le jeune âge des belligérants. Des jeunes en perte de repères qui pour se sortir de leur pauvreté, tombent dans le trafic de drogue, la prostitution, le crime organisé. Un roman noir, donc, illuminé par deux personnages loufoques et pleins de surprises : le commissaire et le proviseur. Deux personnages d’apparence assez identique.

« La seule différence notable résidait dans les lunettes aux gros verres qui achevaient de défigurer le proviseur, tandis que le policier n’en portait pas. L’écart entre l’intellectuel et le flic, songea Franquet. »

Jean-Marie Palach (tiens tiens Palach/Chalap !!! ) signe avec Le théorème de l’uppercut un roman enlevé, plein de rebondissements, d’humour et aussi d’amour. Mais c’est avant tout un roman social. L’auteur travaillant dans le domaine sait de quoi il parle. Un livre qui se lit d’une traite, où les personnages, hormis les caïds de banlieue, ne sont pas tout à fait ce qu’ils semblent être. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman qui bien qu’il tende vers le roman noir, me paraît somme toute inclassable, et cela me convient très bien.


« Le professeur pensa au fils, Kevin. Elevé par une femme seule, d’origine maghrébine, sans doute peu instruite, logé dans une cité rongée par le chômage, il avait peu de chances d’échapper à son destin de déclassé. Les sociologues et les philosophes ont noirci des pages sur le déterminisme social, la stratégie des dominants pour perpétuer leur pouvoir et maintenir les opprimés dans les ghettos et les tâches subalternes. Depuis vingt-cinq ans, l’enseignant constatait la pertinence des théories de Pierre Bourdieu et consorts. Si quelques éléments brillants, ou chanceux, s’en sortaient, la majeure partie des enfants des dominés courbaient l’échine et subissaient leur sort. Au moindre faux pas, ils sombraient. »


1 commentaire: