vendredi 12 août 2016

Vous



Vous de Dominique-Emmanuel Blanchard aux éditions Félicia-France Doumayrenc (à paraître le 25 août)


 
   « Il y a si longtemps que je vous écris…
     Si longtemps que je ne sais plus quand ça a commencé, ni où, ni avec qui. Je vous disais tu, bien sûr. Un tu unique, mais pas toujours le même. Je sais désormais que l’on n’écrit jamais vraiment à soi-même. Vous devez le savoir aussi je pense. Il y a si longtemps que nous nous connaissons, n’est-ce pas. Si longtemps que nous avons essayé de nous oublier aussi. Parfois nous y sommes parvenus. Parfois même nous ne nous sommes jamais revus. Parfois, nous nous sommes retrouvés, puis perdus, puis… »

   A l’heure des bilans, un vieil écrivain convoque les souvenirs de ses amours perdues, il s’adresse aux femmes qui ont traversé sa vie dans de longues lettres. Des lettres qu’il n’a jamais envoyées mais qu’il a rassemblées dans un livre. Il les a toutes aimées, différemment, souvent mal, mais oui, il les a aimées.

  Dans ses lettres il revient sur sa quête de l’amour, sur les échecs de ses relations. C’est pour prolonger ses amours défuntes qu’il les écrit.

   « Je crois que je n’ai jamais cessé de vous chercher, que je vous ai cherchée toute ma vie à travers vous, et vous encore, je crois que j’ai tenté, follement, de prolonger cet amour que j’avais pour vous. »

  Il est amoureux des femmes mais il l’est encore plus des mots, de la littérature. Les mots d’amour ne l’intéressent pas, il les trouve bêtes. Ceux de la rupture sont plus intéressants pour l’homme de lettres qu’il est.

  « Les mots de l’amour sont très bêtes eux aussi. Très pauvres. Les mots riches c’est quand on s’est quittés. On se quitte peut-être pour ça : pour retrouver les mots, pour retrouver son imaginaire, pour mourir en paix. Je me dis cela. »

  Avec « Vous », j’ai découvert une plume magnifique, envoûtante. Dominique-Emmanuel Blanchard fait vibrer les mots, ils nous ensorcellent, nous émeuvent. On aimerait être les femmes à qui ils sont adressés. Amoureux des beaux textes, je ne peux que vous conseiller de vous laisser tenter par ce livre. Un moment de grâce littéraire.


   « Au mur, il y a cette photo que j’ai prise, de vous, il y a trente ans. Je ne me souvenais pas que vous fussiez si jolie. Vous l’êtes encore. Vous le serez toujours ; vous êtes de ces beautés pour qui  le temps y va doucement, sans ravages profonds. Je vous regarde, je ne le faisais plus. J’avais oublié que nous avions passé la moitié de notre vie ensemble. Je ne connaissais plus rien de vous : qu’une présence qui ne m’interrogeait plus. »

2 commentaires:

  1. Non mais tu exagères Denis, deux livres que je suis impatient de lire (celui-ci et celui de Carole), et dans la même semaine en plus !

    Emmanuel

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  2. j'ai très envie de lire ces mots d'amours perdus, merci pour cette chronique

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