vendredi 19 septembre 2014

Le dernier gardien d'Ellis Island



Le dernier gardien d'Ellis Island de Gaëlle Josse aux éditions Notblilia



   Le centre d'immigration d'Ellis Island est vide. Nous sommes en 1954. Dans neuf jours c'est la fermeture. John Mitchell reste seul sur cette île, son île. Il doit rendre les clés à l'administration dans neuf jours. Il en profite pour coucher sur le papier ses souvenirs, les souvenirs de ce centre dont il est la mémoire. Il se souvient de son travail, exigent, dur mais qui correspondait à son caractère austère, et renfermé, il se souvient du destin de ces gens qu'il a eu entre ses mains. Il écrit dans son carnet la vie du centre, la sienne, si intimement mêlées.


   Dans ce roman captivant Gaëlle Josse à travers l'histoire de John Mitchell, nous parle de tous ces immigrants fuyant la pauvreté, la dictature, la torture, venus cherché un monde meilleur, un avenir, un espoir, un eldorado. Tous ces gens étaient accueillis à Ellis Island, triés, parqués en attendant une décision, qui bien souvent était une décision de vie ou de mort. Allait-on leur ouvrir la "Porte d'Or", leur laisser vivre leur rêve  à tous ces pauvres gens fuyant un monde qui ne voulait plus d'eux, ou qu'ils ne pouvaient plus supporter.


   "Rester, partir. Ils avaient le choix entre la misère assurée et un possible destin aussi prodigieux que féérique. Il leur fallait décider  de rester parmi les leurs, sur la terre qu'ils avaient travaillée, celle des générations qui les avaient précédés, ou accepter de quitter tout ce qui constituait leur actuelle existence."

   "Qu'emporte-t-on dans l'exil. Si peu, et tant d'essentiel. Le souvenir de quelques musiques, le goût de certaines nourritures, des façons de prier ou de saluer ses voisins. Parfois un accordéon ou une guitare se joignait au piano, on entendait jouer tard dans la nuit, comme si les immigrants parvenaient à faire ressurgir, dans ces moments là, pour quelques heures fugitives, des fragments de leurs terres natales."


   Dan ce roman Gaëlle Josse nous raconte l'histoire de John Mitchell, celle d'Ellis Island si intimement mêlées qu'elles sont indissociables, John Mitchell ne pouvant s'éloigner de son  île à la fois son sanctuaire et sa prison. Elle nous raconte l'histoire de l'évolution d'un homme, de sa prise de conscience, au fur et à mesure de ses rencontres, de ses deux histoires d'amour,  du caractère profondément injuste de sa tâche. Ce carnet qu'il écrit pendant ses neuf derniers jours c'est tout à  la fois un recueil de souvenirs, mais surtout un examen de conscience. Un superbe roman passionnant et émouvant, une plume poétique émouvante, pleine d'humanité. Un gros coup de coeur.

 
   "L'épisode vécu avec l'écrivain hongrois Giorgy Kovàcs et son épouse Esther m'a fait réaliser, bien des années plus tard, mais avec une dureté qui me fait encore mal aujourd'hui que les martyrs sont toujours du côté de l'esprit, les coupables du côté de la force, et que l'Histoire demeure le seul juge."



   

2 commentaires:

  1. Examen de conscience indispensable chez un homme qui profite du désarroi d'une femme de façon ignoble et ce au pire moment, à un moment où il faut être le pire des salaud pour penser "sexe" !

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    1. Merci pour le retour! Bien d'accord avec vous mais je ne voulais pas en dire trop pour ne pas trop déflorer l'intrigue! Belle journée à vous!!

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