mardi 30 septembre 2014

Toute ressemblance avec le père




Toute ressemblance avec le père de Franck Courtès aux éditions J.C. Lattès




    Le roman s'ouvre sur un accident. Un accident fatal, suivi d'un délit de fuite. Un accident qui va bouleverser le cours de la vie de toute une famille. Mathis, le narrateur, Vinciane sa soeur, et Mireille leur mère, vont tous vivre différemment la disparition de leur père et mari. Ils vont tous différemment essayer de se soustraire à l'emprise de se fantôme paternel. Un père pourtant pas très présent et volage, idéalisé en quelque sorte par cet accident mortel.


   Mireille la mère se réfugie dans le souvenir de son mari. Même sa façon de refaire sa vie semble dictée par le fantôme de son défunt époux, une tentative vouée à l'échec tant l'aura de Jacques est écrasante. Vinciane, elle, va fuir, le plus loin possible, en Amérique du Sud, elle devient archéologue pour échapper au fantôme de son père. Mathis, lui, qui ressemble physiquement à son père, va essayer de copier ce modèle qu'on lui donne et qui l'emprisonne, ce modèle d'homme à femmes.


"De me trouver gosse en tout, ma mère et ma soeur me poussaient à piller dans mes souvenirs ce que j'avais aperçu de la virilité de mon père. Ma silhouette, mes yeux , mon sourire, mes expressions rappelaient les siens, on ne cessait de dire que tout me venait de lui. Il me volait tout au final, mon père éteint, pas si disparu que ça."


   Dans ce roman il est question de deuil, mais aussi d'identité, comment se définir soi, quand on vit dans l'ombre d'un disparu si envahissant. C'est à tout ce travail de deuil, d'assassinat psychologique de l'image du père que nous assistons dans ce roman. Mathis va petit à petit se détacher de l'image du père, l'enterrer, se trouver enfin, notamment grâce au contact avec la nature. Une nature très présente dans le roman, un nature qui va jouer le rôle de révélateur, comme ces produits chimiques qui permettent à la image d'apparaître sur la photo au moment du développement. 


  "J'ai ôté mes vêtements, un à un et les ai pliés sur une pierre. Assis nu sur le doux fond de sable, j'ai bu l'eau qui arrivait à la hauteur de ma bouche et pissé en même temps dans le courant. La vie et l'au-delà coexistaient. Tout était là autour de nous, en nous. A quoi bon les prières, me suis-je dit, en regardant les reflets du ciel dans l'onde du courant, tout était déjà exaucé. J'ai dit merci."


  Avec Toute ressemblance avec le père, Franck Courtès signe un roman tendre et attachant sur la quête d'identité et le deuil, un premier roman très prometteur après l'excellent recueil de nouvelles Autorisation de pratiquer la course à pieds. Un auteur à suivre. Rendez-vous est pris avec son prochain livre.



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