dimanche 21 septembre 2014

On ne voyait que le bonheur




On ne voyait que le bonheur de Grégoire Delacourt aux éditions J.C. Lattès






    Antoine est expert en assurances, il passe son temps à traquer les fraudes dans les déclarations aux assurances, il est payé pour rembourser le moins possible. Il pense la vie en sommes et très vite, en  vient à  évaluer la vie d'une homme. Il a deux enfants, Joséphine et Léon, Nathalie leur maman est partie. Antoine se débat seul entre son métier, un père atteint d'un cancer en phase terminale et une soeur qui ne prononce qu'un mot sur deux. Antoine,  le narrateur raconte son histoire à son fils Léon.


   L' histoire d'Antoine est marquée par le manque d'amour, l'abandon de sa mère d'abord puis de sa femme par la suite, et par la lâcheté, celle de son père qui est toujours resté en retrait, qui n'a jamais rien fait pour recoller les  morceaux d'une famille brisée par un drame. Une lâcheté et un manque d'amour qui semblent se transmettre de génération en génération dans la famille, puisque Antoine en digne successeur de son père n'a pas su avoir le courage nécessaire pour sauver son couple et préserver ses enfants. La vie d'Antoine est une lente chute, les manques de son enfance semblent devoir le mener inéluctablement à la folie. Une longue chute qui pour Antoine est l'image même de la vie.

   "Alors on attend un ange, bienveillant, qui se penchera sur vous, qui vous sauvera. Mais les anges ne viennent pas . Les hommes ne se relèvent jamais , c'est ce qui les rend touchants. Ils tombent toujours, avec plus ou moins de distinction ; leurs bras se tendent , leurs mains s'agrippent au vide de leurs illusions, leurs ongles se cassent. La vie n'est qu'une longue chute."


  Avec On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt signe à mon humble avis son roman le plus abouti, le plus personnel. Un roman qui explore les conséquences du manque d'amour, ou du manque d'expression de l'amour dans la famille, des lâchetés des parents qui provoquent de graves séquelles dans la vie de leurs enfants, dans la vie des adultes qu'ils seront plus tard.  Une sorte de maltraitance souvent involontaire qui peut se transmettre de génération en génération dans l'ADN familial jusqu'à ce que quelqu'un ait le courage de briser, le moule, de soi- même ou par une rencontre. Un roman dur âpre, violent parfois, mais un roman au final plein d'espoir, rien n'est inéluctable, on peut briser la spirale infernale. Un roman au style rythmé, proche du langage parlé que le père utilise pour raconter l'histoire de la famille à son fils, un style plein d'émotion.

   "Il veut grandir vite et je lui conseille de prendre son temps, je lui rappelle que l'enfance est une chance . Un pays sans guerre. je veux y croire pour lui, comme j'avais voulu y croire pour Joséphine et pour Léon, même si je sais que l'enfance  peut être un immense champs de ruines. Quand tu es petit , les étoiles sont plus éloignées, et les rêves plus grands. Tu dois sauter pour attraper une pomme à un arbre, arracher quelques cerises. Tu as mille victoires."



3 commentaires:

  1. bonjour,

    j'ai dėcouvert votre blog il y a peu, et trouvė des idėes de lectures, d autres auteurs grâce à vos commentaires pertinents, merci

    quant au Delacourt, c'est vrai que c'est un très beau texte, parfois dur, mais si réaliste

    une lecture que je conseille

    lėa,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour votre retour! Oui, un roman dur, poignant , réaliste mais plein d'espoir! Pour moi le meilleur roman de Delacourt! Belle journée à vous Léa!

      Supprimer
  2. Je suis d'accord avec votre billet : un roman dur et noir, mais plein d'espoir également ! C'est son meilleur avec son 1er titre "L'écrivain de la famille" !!!

    RépondreSupprimer