Je dansais de Carole Zalberg aux
éditions Grasset
La vie était légère et joyeuse, je
fredonnais intérieurement. J’avais l’ouïe fine mais sélective. Ma voix secrète
couvrait les mauvais bruits du monde et tout ce qui m’ennuyait. »
Marie est
une enfant vive et joyeuse qui semble traverser la vie en dansant. Un jour,
pourtant, ces mauvais bruits du monde vont venir fracasser l’harmonie dansante
de son existence. Ces mauvais bruits vont avoir pour origine un seul regard.
Celui qui va
bouleverser la vie de Marie, c’est Edouard, un homme défiguré lors d’un
incendie. Alors que tout le monde détourne le regard à son
passage, Marie, d’abord surprise, un peu effrayée, finit par lui sourire. Ce
sourire cèlera son destin.
« Souviens-toi : tu
marches vers moi en me lançant des yeux ton grappin qui d’abord me surprend et
m’écorche, puis me soulève, me hisse sans mal hors de la vase où, depuis l’accident,
je me débats et me débattant m’enfonce chaque jour davantage.
As-tu oublié ? N’as-tu rien su
de ta magie ?
Je me nourris de cette minute, la
dilate, m’en gave sans jamais être rassasié. »
Commence
alors un long calvaire pour Marie. Elle est enlevée, séquestrée. Edouard la
veut pour lui, rien qu’à lui, entièrement à lui. Edouard veut lui montrer tout
son amour. Marie est violée. Elle est souillée. Elle subit les assauts d’Edouard
en psalmodiant les prénoms de ses amis. Heureusement qu’elle a des livres,
unique occasion de réconfort, pour fuir ces atrocités. Si elle en réchappe,
quelle sera sa vie ?
C’est aussi
la question que se posent les parents de Marie. Ils affrontent les étapes d’un
deuil qu’ils ne peuvent pas faire. Ils ne savent même pas si leur fille est
morte. Par moments ils le souhaitent : que son supplice ait été de courte
durée. Ils se sentent coupables aussi. Ils n’ont pas su protéger leur fille.
Ils ne vivent plus.
Alternant
les points de vue, celui de Marie, d’Edouard, ceux des parents et du jeune
amoureux de la petite fille, Carole Zalberg nous montre toute l’horreur du
calvaire de Marie. Partant de ce drame particulier, elle nous montre le
caractère universel de ce que subissent les femmes agressées, violées enlevées,
vendues, sous toutes les latitudes. Pour cela elle convoque le chœur des femmes
bafouées, niées, du monde entier dont l’intervention émaille le récit.
« Et nous sommes les femmes
prises sans répit tout au long de l’histoire humaine.
Nous petites encore fraîches,
données en pâture au sexe violent des soldats, à l’éboulis que sont leurs corps
de pierre sur nos corps duveteux, puis, quand tout en nous s’est éteint, quand
nul ne voudra plus nous reconnaître, quand nous serons l’abîme sous les pieds
des vivants, jetées livrées au crachat ou finies à la machette, à la kalach, à
mains nues. »
Je découvre
avec ce roman la plume de Carole Zalberg. Quelle découverte ! Je dansais
est un roman poignant, bouleversant, qui prend aux tripes dès le début et ne
vous lâche plus. Je dansais nous montre ce que subissent les femmes dès leur
plus jeune âge, dans toutes les cultures et la force qu’il leur faut pour
survivre malgré tout. Un grand roman. Carole, je vais de ce pas me procurer vos
œuvres précédentes.
je viens d'en finir la lecture, bouleversant et éblouissant ! merci de ta recommandation Denis,
RépondreSupprimerGreat read thannks
RépondreSupprimerThannk you for sharing this
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