Les harmoniques de Gérald Tenenbaum aux
éditions de L’Aube
Un homme, engoncé dans son imperméable, fait les cent pas le
long du débarcadère du vaporetto. Visiblement nerveux, il attend quelqu’un. Une
femme brune descend de l’embarcation, le rejoint. Tous deux ils entrent dans le
hall du Danieli, célèbre palace vénitien.
Jeudi 14 juillet 1994
Trois mathématiciens sont réunis à proximité de l’Ambassade
de France en Argentine à Buenos Aires. Ils sont invités à une réception en
marge d’un colloque sur le hasard. Ils attendent Pierre, le quatrième larron.
Pierre est en retard, il a oublié son invitation mais décide malgré tout de
tenter sa chance. C’est une jeune femme qui le fera entrer.
Cette femme, c’est Keïla, jeune actrice argentine. Toute la
soirée, ils vont la passer à parler, à échanger, oubliant tout autour d'eux. Ils
décident de se revoir dans trois jours, attendant, chacun de leur côté ce
rendez-vous avec impatience.
Un grain de sable, un attentat va se dresser entre eux. Tous
deux en seront le témoin, prêteront, chacun à leur façon assistance aux
victimes, mais ils vont se manquer. Suite à ce rendez-vous avorté, Pierre et Keila
vont reprendre leur vie, lui à Paris, elle a Buenos Aires avec un sentiment d’inachevé.
Jamais ils n’oublieront cette rencontre et ce coup du destin qui les a empêché
de se retrouver.
Cette rencontre de deux personnes va faire s’entrecroiser
les destins des quatre personnages principaux de ce roman. Quatre
personnages avec leurs failles, comme empêchés de vivre leur vie pleinement.
Pierre, le mathématicien ne vit que dans son monde peuplé de
chiffres, dans l’idéal et la poésie mathématiques.
Keïla, elle, vit dans le souvenir de sa sœur jumelle disparue
pendant la dictature militaire. Elle n’aura de cesse de la retrouver, laissant
se vie être dictée par l’absence de sa sœur.
Belen, amie de Keïla est écrivain, elle écrit des livres à
succès pour la jeunesse et ne semble vivre pleinement que dans les mondes qu’elle
invente, elle se dissout dans ses histoires.
Samuel, l’ami de Pierre est journaliste scientifique,
pigiste pour un magazine. Il ne vit que lorsqu’il enquête pour son travail.
Bouleversé par la tristesse de Pierre qui n’ose pas entreprendre les recherches
pour retrouver Keïla, il va mener l’enquête pour son ami.
De juillet 1994 à février 2015 nous sommes emportés par les
coups du destin qui vont frapper les quatre personnages. Comme eux nous sommes
ballotés par le hasard de Buenos Aires à Paris, de Madrid à Jérusalem. Mais le
hasard existe-t-il ?
Avec Les harmoniques, Gérald Tenenbaum nous offre un roman construit
comme une symphonie. Porté par une langue musicale et poétique, je l’ai dévoré
d’une traite. Ces quatre personnages, comme quatre notes de musique
réussiront-il à vibrer ensemble pour obtenir l’accord parfait majeur. Vous
aussi laissez vous emporter par ce roman dense et poétique. Un gros coup de cœur.
« Pierre s’est
effacé le jour où elle s’est retrouvée errant parmi des monceaux de pierres
carbonisées et de restes humains. Il y a un dessein sinon une logique, dans
cette disparition. Toutes les disparitions ne se valent pas, cependant, elle
l’a appris dans sa chair, toutes se répondent dans les harmoniques d’un vaste
concerto silencieux recouvrant le temps humain comme un édredon de plumes.
Keïla n’a ni l’audace ni l’impudence de perturber cet arrangement par un cri de
rage ou de désespoir. »
ah enfin une histoire d'amour, ça fait du bien
RépondreSupprimermerci