Souvenirs de lecture 45 :
Mona Azzam
Nous avons tous eu des lectures qui nous ont profondément
touché, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient où on
était quand on les lisait, du temps qu’il faisait. Il m’a semblé intéressant de
savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi
elles avaient influencé leur désir d’écrire. Aujourd’hui, c’est Mona Azzam qui me fait l’honneur de
répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps précieux, sa
gentillesse et sa disponibilité.
LLH :
Quel livre lu dans votre enfance et adolescence vous a le plus touchée et
pourquoi ?
MA : D’aussi loin que je m’en souvienne,
les livres ont toujours été présents dans mon univers et ce, depuis ma plus
petite enfance.
Nombreux sont ceux qui m’ont marquée mais s’il en est un que je
placerais en tête, c’est Le Petit Prince
de Saint-Exupéry. Plus que marquée, il m’aura bercée à différents stades de l’enfance
et de l’adolescence, m’entraînant vers un univers autre où je découvrais,
ébahie, que le monde pouvait être beau et que les mots bâtisseurs de ce monde
étaient dotés d’un pouvoir magique.
Depuis, je ne cesse de le relire encore et encore, y
découvrant à chaque fois un « je ne sais quoi » sur lequel l’on ne
pourrait mettre de mots.
Adolescente, grâce à la rencontre d’un professeur qui fut
mon mentor, j’ai eu droit à un régime exceptionnel : un livre par jour.
Rien de tel pour venir à bout des chagrins d’amour et désillusions diverses.
Rien n’échappa dès lors à la lectrice assidue que je devins :
lecture des auteurs antiques, classiques, modernes, tous genres confondus,
toutes nationalités confondues...
J’y plongeais, dévorant ces univers démultipliés, m’enrichissant
d’eux.
Parmi ces joyaux, La
Divine Comédie de Dante, Le Grand
Meaulnes, L’écume des jours, Voyage au bout de la nuit de Céline, La promesse de l’aube mais aussi L’enfant noir de Camara Laye, la poésie
de Senghor, de Hugo, en passant par Novalis, Byron et Kundera.
Et tant d’autres encore, qu’une vie ne suffirait pas à les
citer tous.
Mais, au sommet, demeurent Noces de Camus, Sur la route
de Kerouac, Une saison en enfer de
Rimbaud et Les Fleurs du mal de
Baudelaire, mes livres de chevet sur lesquels veille, attentif, Le Petit Prince.
LLH :
En quoi ces livres ont-ils eu une influence sur votre désir d’écrire ?
MA : Ces livres ont certainement
contribué à enrichir mon horizon littéraire et influencé mon désir d’écrire, d’une
manière ou d’une autre.
J’ai toujours écrit. Très jeune même. Essentiellement des
poèmes. Ma venue au roman est plus tardive. Et c’est une aventure qui ne fait
que commencer…
Je dirais toutefois que les livres lus ne sont pas à eux
seuls à l’origine de mon désir d’écriture.
L’amour des mots, l’envie de jouer avec les mots, de les
assembler en une étreinte à la fois unique et démultipliée ; le besoin
vital de forger un univers, de le mettre au monde, tout cela, je pense qu’on le
porte en soi, au départ.
Dès lors, l’écrit se met en route, emportant dans ses
bagages, les lectures qui l’auront nourri, les univers en attente d’être
re-créés et les lieux vécus qui apportent au cri de l’écrit ses contours et ses
géographies verbales.
Il y a ces mots de Rimbaud qui, à mon sens, disent bien ce
qu’est l’acte d’écrire :
« La vrai vie est
ailleurs ».
Tout écrit n’est-il pas, au bout du chemin, que cette quête du vrai et de l’ailleurs ?
LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de cœur ?
MA : Ma dernière belle découverte d’un
petit bijou de la littérature reste Correspondance (Camus-Casarès). Un chef-d’œuvre
inouï pour la camusienne que je suis.
Mais il y a aussi Au cœur
des Ténèbres de Conrad qui m’a passionnée, Judas de Amos Oz, sans oublier Les
poissons ne ferment pas les yeux de De Luca, Petit Pays de Faye et Frères
d’âme de Diop.
Biographie
Mona Azzam |
Doctorat en Lettres Modernes (spécialisée en histoire
littéraire ; Dante et Quattro Cento italien).
En parallèle, études diverses : Philosphie,
Psychologie, Sciences du Langage.
Poste à Beyrouth via l’AUPELF (10 ans) : Professeur de
Lettres, Formatrice de formateurs, Chargée de mission (Centre Culturel
Français)
Changement de cap après l’aventure libanaise.
Retour en France. Autre tournant : DESS Ingénierie de
la formation (Acteur international dans le domaine des langues).
Dirigeante et fondatrice d’Erasme, Centre de formation pour
adultes à Montpellier durant 15 ans.
Puis retour à mes anciennes amours : actuellement
Professeur de Lettres titulaire à Montpellier.
Auteur d’une étude littéraire : Nerval dans le sillage
de Dante (Cariscript, Paris) ; Sous l’oreiller du sable (roman) chez L’harmattan
et plus récemment, Dans le Silence des Mots Chuchotés (Il est cri…) aux
Éditions La Trace.
Encore un grand merci à Mona Azzam pour sa gentillesse et sa
disponibilité.
Les titres mentionné ayant fait l’objet d’une chronique sur
ce blog, apparaissent en couleur et disposent d’un lien vous permettant d’y
accéder directement.
Merci pour cette belle interview !
RépondreSupprimerToujours très pertinent de découvrir les lectures et le parcours d'un auteur de talent !!! Merci pour ce moment, CM
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