SOUVENIRS DE LECTURE 31 :
MARIE-HÉLÈNE BRANCIARD
Nous
avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchées, qui sont comme
des madeleines de Proust : on se souvient d’où on était quand on les
lisait, du temps qu’il faisait. Il m’a semblé intéressant de savoir quelles
lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient
influencé leur désir d’écrire. Aujourd’hui c’est Marie-Hélène Branciard qui me
fait l’honneur de répondre à mes questions. Je la remercie pour son temps
précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.
LLH : Quel livre lu dans votre
adolescence vous a le plus touché et pourquoi ?
MHB : J'ai beaucoup lu depuis
l’enfance. Je me suis plongée avec délice dans les romans de Marcel Pagnol et
ses « Souvenirs d'enfance » que je relisais chaque été. Il y a eu
aussi « L’Enfant » de Jules Vallès, « Le Petit chose d’Alphonse
Daudet », « Oliver Twist » de Charles Dickens, « Robinson
Crusoé » de Daniel Defoe, « La Nuit des temps » de
Barjavel, « Au Bonheur des Dames »
et « Germinal » de Zola, « Les hauts de hurle-vent » d’Emily Brontë, les romans Signe de piste (découverts à la bibliothèque)
et notamment la saga du « Prince Éric » de Serge Dalens…
Comme
l’écriture par la suite, la lecture était un refuge, elle m’embarquait sur son
tapis volant là où rien ne pouvait m’atteindre. Il n’y a pas eu un livre plus
important que les autres, c’est la lecture qui est devenue importante et
indispensable.
Après
les livres d’enfance, il y a eu plusieurs auteurs que j’ai découverts à l’adolescence
et qui ne m’ont plus quittée : Patrick Modiano, Françoise Sagan, Scott
Fitzgerald…
S’il fallait en choisir un pour l’emmener sur
une île déserte, je prendrais Scott Fitzgerald… Pour ses romans – « Tendre est la nuit », « Les Heureux
et les Damnés » – et surtout pour ses nouvelles, celles du recueil « Un
diamant gros comme le Ritz ». J’adore cet auteur, sa façon de nourrir son écriture de ses
fêlures et d’enchanter l’Amérique des années folles et de la génération perdue.
LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une
influence sur votre désir d'écrire ?
MHB : Je ne sais pas si Fitzgerald a
influencé mon désir d’écrire, qui est venu plus tard, avec John Fante, mais
j’ai sûrement gardé au fond de moi un peu de sa solitude, de son romantisme et
de sa ténacité. Du moins je l’espère…
Le
déclic écriture a eu lieu des années plus tard avec « Demande à la
poussière » de John Fante, le romancier de « Bandini », le fils d’immigrés
italiens qui n’avait qu’un rêve : devenir un écrivain reconnu. Dès que j’ai lu
ce livre, j’ai eu envie de foncer en Californie, de me trouver une vieille Remington,
de m’enfermer dans une chambre de motel et de décrire Los Angeles, la « triste
fleur dans le sable » qu’il a tant aimée… Il fallait que j’essaye d’écrire
quelque chose d’aussi juste, simple,
drôle et humain. J’essaye toujours…
LLH : Quelles sont vos dernières
lectures coups de coeur ?
MHB : Dans le désordre :
« La Couleur de
l'eau » de l'Écossaise Kerry Hudson, son deuxième roman après « Tony
Hogan m’a payé un ice-cream soda avant de me piquer maman ».
Le 2e tome de « Vernon Subutex » de Virginie Despentes.
« Petite
louve », un polar de Marie Van Moere.
« Quelqu'un à
tuer », un roman d'Olivier Martinelli (qui m’a fait l’honneur d’écrire la
préface des « Loups du remords »).
Biographie
Née au XXème siècle
au Sahara, j’ai vécu à Lyon, Paris et Dijon. Après des études de sociologie,
j’ai été successivement pigiste pour des magazines de Mode, chargée d'études
sociologiques et journaliste. J’ai animé pendant longtemps un site web dédié à
l’emploi et à l’environnement.
Aujourd’hui
webmaster pour l’association « Des Livres et des Histoires », je
participe à l’organisation et à la promotion du Salon du Livre en
Beaujolais qui a lieu chaque année à Arnas (69).
J'anime
un blog dédié au journalisme, au design et à
l’écriture, j’écris (au moins une heure chaque matin), je participe à des
événements littéraires pour promouvoir mes « Loups »… et je
lis…
Encore
un grand merci à Marie-Hélène pour sa participation à cette rubrique. Je vous
invite à découvrir son excellent premier roman : Les loups de remords
publié récemment aux Editions du Poutan. Les titres cités par Marie-Hélène
ayant fait l’objet d’une chronique sur le blog apparaissent en couleur et
disposent d’un lien intégré vous permettant d’accéder directement à la
chronique concernée.
Les
lectures du hibou auront le plaisir de recevoir Marie-Hélène Branciard et
Norlane Deliz sa compagne de maison d'édition le 26 mars au Biscuit Café
Créatif à Neuville sur Saône à 14h30. Je vous parlerai de cette rencontre
ultérieurement.