mardi 30 décembre 2014
Clara et la pénombre
Clara et la pénombre de José Carlos Somoza aux éditions Actes Sud
Dans ce roman publié en 2001, l'auteur nous invite en 2006 dans le monde de l'art. Un monde ou tout a changé. L'art Hyper Dramatique tient le haut du pavé. C'est un art ou les toiles n'existent plus, ou plutôt si , elles existent mais elles sont humaines, vivantes. Ces toiles humaines sont peintes, mises en scène, exposées, vendue comme les anciens tableaux. C'est un commerce juteux qui rapporte aux artistes, mais aussi à ces modèles qui par ce biais engrangent beaucoup d'argent et espèrent passer à la postérité mais à quel prix?
Le marché de l'art Hyper Dramatique est dominé par un peintre hollandais, Bruno Van Tysch. Ce peintre, habile homme d'affaire a aussi créé une fondation pour développer ses revenus et protéger ses oeuvres qui sont accompagnées par des agents de sécurité. Tous les aspirants modèles ne rêvent que d'une chose être peints par lui. C'est le ças de Clara, jeune espagnole qui ne vit que pour être une toile, qui est prête a accepter tous les sacrifices pour être le modèle original d'une de ses oeuvres.
"Être une oeuvre d'art a quelque chose de... d'inhumain. Tu dois être froide, beaucoup plus froide. Imagine un sujet de film de science fiction : l'art est comme un être d'une autre planète et se manifeste à travers nous. Nous pouvons peindre des tableaux et composer des musiques, mais ni le tableau ni la musique ne nous appartiendrons, parce que ce ne sont pas des choses humaines. L'art nous utilise, petite, il nous utilise afin de pouvoir exister, mais c'est comme un alien. Tu dois penser à ça : quand tu es un tableau, tu n'es pas humaine."
Le meurtre du jeune modèle de la toile Défloration, l'un des chefs d'oeuvre de Van Tysch passe d'abord pour le geste d'un détraqué, tant cet assassinat est monstrueux, mais il est suivi de près par celui des deux protagonistes du tableau Monstres, autres oeuvre importante du maître. Toute la fondation est en émoi et son service de sécurité enquête. Est-ce l'oeuvre d'un concurrent, d'un fan dérangé? Toujours est-il que dans le contexte de la mise en place de la nouvelle exposition du maître le pire est à craindre.
Ce roman de José Carlos Somoza est une oeuvre hybride. C'est à la fois un roman d'anticipation, un thriller, mais aussi et je dirais surtout une réflexion sur l'art contemporain, sur ses dérives mercantiles poussées ici à l'extrême avec la vente, l'échange de toiles humaines. Un roman passionnant composé comme un tableau. La première partie tourne autour des couleurs, la deuxième autour des formes, et la troisième autour de l'exposition de l'oeuvre. Une construction originale qui nous plonge dans le milieu de l'art sans jamais nous perdre. Une réussite.
mardi 16 décembre 2014
Un léger déplacement
Un léger déplacement de Marie Sizun aux éditions Arléa
Ellen vit à New York depuis trente-cinq ans. Elle y a suivi Norman son mari. Ensemble ils tiennent une petite librairie française dans le quartier de Chelsea, un quartier à taille humaine qui fait penser à un village. Un jour Ellen reçoit un appel de France. Le notaire de sa famille l'informe que sa belle-mère, la seconde épouse de son père est décédée et qu'elle est maintenant la propriétaire de l'appartement familial. Ellen n'hésite pas, elle doit se rendre à Paris pour mettre en vente ou en location cet appartement. Ils ont besoin de cet argent pour agrandir la libraire, et aider leur fille.
Dès son arrivée à Paris Ellen est bouleversée. Elle retrouve les rues, les ambiances de son enfance et de son adolescence. Bien sûr les choses ont changé, mais pas tant que ça finalement. Elle retrouve facilement le chemin de l'appartement familial pour une plongée dans le passé, dans son histoire. Une histoire dont elle a occulté les périodes les plus dramatiques. Elle ne se souvient plus de certains personnages pourtant si importants dans sa vie, comme sa propre mère par exemple décédée quand elle était toute jeune. Ellen redevenue pour un temps la petite Hélène, va questionner son passé mais aussi son présent. Jeter des ponts entre son histoire et sa vie actuelle.
"Mais lorsque enfin elle se glisse dans le lit étroit de la chambre du fond et qu'elle éteint la lumière, c'est comme un vertige : dans l'obscurité, aujourd'hui pourrait être hier, le lointain hier d'avant. C'est bien son corps, c'est bien elle-même, Hélène, qui est entre ces draps, dans cette chambre. peut-être que le temps n'a pas passé. Peut-être qu'on est autrefois. Imaginer, rien qu'un instant, qu'elle va se réveiller demain avec le même tressaillement de bonheur que cet été là!"
"Et voilà que les choses curieusement, lui apparaissent sou un nouveau jour, décalées : comme s'il avait suffi d'un rien, d'un léger déplacement, pour qu'elle ressente une tendresse nouvelle, étrangement poignante pour son père. Une tendresse pleine de questions. C'est elle qui n'avait rien compris."
La plume tendre, sensible, délicate, précise, poétique de Marie Sizun nous porte dans ce voyage entre passé et présent, dans ce voyage extérieur et intérieur, ce léger déplacement entre New York et Paris, entre passé et présent. Un léger déplacement qui change le point de vue que l'on a sur la vie, qui nous permet de nous nous remémorer des choses qu'on avait, oubliées, de comprendre celles qu'on avait mal comprises, qui nous propose de voir de l'autre côté du miroir. Un roman coup de coeur, oui, encore un! Que j'ai de la chance en ce moment d'enfiler ces perles! Un conseil, précipitez vous, et découvrez le style de Marie Sizun, pour ma part je vais me procurer d'urgence ses autres romans.
"Ellen se dit que la mort, la vraie, ce serait peut-être quelque chose comme ça, quelque chose de magique et de naturel à la fois. Comme il arrive dans les rêves. Rien d'autre qu'une brève rupture, un léger déplacement : le glissement délicat d'un monde dans l'autre. Au fond n'y avait-il pas là une certitude rassurante et tendre, comme la promesse que rien de mauvais ne pouvait désormais arriver?"
samedi 13 décembre 2014
Les derniers indiens
Les derniers indiens de Marie-Hélène Lafon aux éditions Buchet Chastel
Les derniers indiens ce sont les Santoire. La mère, le père, Pierre, Marie et Jean. De cette famille ne restent plus que les deux derniers tous les autres sont morts les uns après les autres mais leur présence les hante. Marie et Jean sont à la retraite, la soeur et le frère vivent ensemble dans la maison familiale ou rien n'a changé depuis la mort de la mère. Dans cette famille de paysans auvergnats on a des principes, on vit comme il faut selon des règles ancestrales, on tient son rang. Pas comme ces voisins descendants d'ouvriers journaliers qui croissent et se multiplient, qui s'étendent sous leurs fenêtres. Marie à travers des yeux de laquelle nous revivons l'histoire de la famille passe son temps à les regarder vivre. Car chez les Santoire on ne vit pas, on se contente de travailler et de se conformer au règles édictées par la mère.
La mère, personnage despotique, vivant dans l'ombre d'un père qui restera à jamais le seul homme de sa vie, ne s'est mariée que pour assurer la descendance, pour asseoir la dynastie. Fière de son rang, elle ne veut être appelée que Madame Santoire, n'acceptant pas le nom de son mari qu'elle considère juste comme un ouvrier, et un géniteur. C'est elle qui possède tout. Elle a trois enfants mais seul Pierre, l'héritier reçoit son amour. La mère dirige son petit monde d'une main de fer. Elle aime que les choses et les gens restent à leur place, pas comme c
Ce roman est la chronique d'une mort annoncée. La mort d'une famille, la mort d'un monde vivant dans le passé, replié sur lui même et sur son histoire, hanté par ses morts. Ce roman est un huis-clos étouffant, nous ne quittons pas la pièce principale de la ferme des Santoire. Nous ne quittons pas les souvenirs de Marie, cette femme qui ne vit que dans le passé, dont la vie s'est arrêtée à la mort de la mère. Cette mère toute puissante qui l'a empêchée de vivre. Sa vie se passe dans la contemplation du monde qui change, ce monde représenté par ces voisins honnis. Un roman intimiste passionnant servi par la plume envoûtante de Marie-Hélène Lafon.
"Les expressions faisaient le tour du monde et le mettaient en ordre, elles donnaient les règles, elles prévoyaient tout ; la mère avait régné par leur puissance qui coulait avec son sang, qui était son héritage à l'égal des terres des bâtiments , de la maison et du nom."
vendredi 12 décembre 2014
Portrait d'après blessure
Portrait d'après blessure d'Hélène Western aux éditions Arléa
19 septembre, une explosion a lieu dans le métro, une explosion mortelle. Olivier et Heloïse deux amis se trouvaient dans la rame qui a explosé. Olivier n'a pas perdu connaissance mais est blessé au visage. Heloïse, elle s'est évanouie et semble plus touchée. Ses vêtements ont été arrachés par le souffle de l'explosion. Olivier n'attend pas l'arrivée des secours. Il brise la vitre du wagon avec ce qu'il trouve et sort son amie de la rame, il la porte vers les secours qui s'organisent. Une personne est témoin de cet acte, un photographe de presse. Il prend la photo. Un cliché qui se retrouvera en première page de Scoop-Images, et qui sera repris partout dans la presse et sur internet.
Nous assistons aux soins, à la convalescence plus ou moins longue d'Olivier et Heloïse. Olivier se remet plus vite. Ses blessures sont moins graves. Il ne peut voir Heloïse qui après une période en soins intensifs est toujours à l'hôpital veillée par son mari. Ils essaient de se remette du traumatisme de l'explosion. Un autre traumatisme vient s'ajouter, celui de la photo. Une photo dont la légende laisse entendre que les deux amis sont amants. Une photo qui a d'autant plus de répercussion qu'Olivier est un personnage public. Historien, il a créé une émission télévisée, Histoire d'images, qui étudie des photos historiques, prises lors de conflits. C'est en mettant sur pied cette émission qu'il a rencontré Heloïse, documentaliste au ministère de la Défense. Très vite une profonde amitié s'est nouée entre eux. Tous deux savent qu'il y a bien plus que de l'amitié entre eux. Tous deux sont en couple et hésitent à franchir le pas. Un pas que d'ailleurs Olivier se promettait de franchir juste avant l'explosion.
L'explosion éloigne les deux amis. L'explosion et la photo. Heloïse protégée par son mari, n'est pas au courant du cliché , de sa large diffusion. Olivier, lui est anéanti, il ne sait pas qu'Héloïse en ignore tout, il se remet petit à petit aux côtés de Karine, sa compagne qu'il n'aime plus.
"Ses mains et sa bouche me murmuraient des choses apaisantes, tendres. Elles cherchaient à me persuader que j'étais encore en vie. Dans ma nuit personnelle, l'amitié du corps de Karine m'offrait un répit. Un gué pour franchir la succession vide des journées , ces images qui me traversaient comme des coups de couteau et la peur collante qui avait infiltré mon quotidien."
Héloïse va finir par trouver la photo, une photo qui jette son corps en pâture au voyeurisme. Olivier et Héloïse vont reprendre contact et décider de contre attaquer, d'attaquer en justice le journal à scandales, pour se reconstruire.
Dans ce superbe roman, Hélène Gestern, nous parle de droit à l'image, de l'absence de dignité d'une presse prête à tout les surenchères pour vendre du papier sans se soucier du traumatisme que cela peut causer aux victimes, sans se soucier de rajouter de la douleur à la douleur déjà causée par le drame. Nous vivons le calvaire d'Olivier et d'Héloïse, nous nous identifions à eux. Portrait d'après blessure est un roman fort, porté par une plume pleine de sensibilité mais aussi de force, et d'indignation. Ce roman est un coup de coeur et je vais me précipiter sur le roman précédent d'Hélène Gestern, Eux sur la photo, qui me tentait déjà avant de lire ce livre.
"Mais ce soir le chagrin était d'une autre teneur. Il avait la couleur de l'impudeur : flashes, images crues d'une intimité disséquée au scalpel méchant de la presse à scandale, ses morceaux de chair palpitant dans la lumière ; portrait cruel d'après blessure, viande photographique sur laquelle s'agglutinent les regards comme des mouches obsédantes en appétit de malheur, aiguillonnées par l'archaïque goût du drame."
jeudi 11 décembre 2014
Providence
Providence de Valérie Tong Cuong aux éditions Stock
Marylou, secrétaire malmenée par son patron, est mère célibataire, elle ne vit que pour son fils, ne tient le coup que pour lui. Albert, architecte de renom, solitaire, vient d'apprendre qu'il n'a que quelques mois à vivre. Prudence, avocate de talent, est elle aussi au bout du rouleau, ayant du mal à s'imposer, femme et noire de surcroît dans ce monde régi par les hommes. Tom, producteur de film, amoureux transi de Libby tombe nez à nez avec l'amante de celle qu'il voulait épouser.
Ces quatre personnages malmenés par la vie, vont vivre une journée qui va bouleverser leur vie. Ils nous racontent tour à tour leur histoire leurs difficultés, leurs déceptions, leurs réussites, leurs échecs jusqu'à cette fameuse journée qui va les amener à se rencontrer, à réfléchir sur leur vie, à changer de vie. Il suffit d'un rien, d'un retard, d'un accident, d'une allergie à une pâtisserie, d'un suicide manqué, d'une explosion, et de la compassion, de la curiosité, de l'ouverture d'esprit d'un enfant pour que tout bascule.
Dans ce roman choral les personnages vont être confrontés à des manifestations de la Providence sous forme de petits accidents, de petites chances qui peuvent paraître anodins mais qu'il faut savoir saisir pour avancer, pour évoluer, pour être heureux. Un roman frais, rythmé, porté par une plume alerte. Valérie Tong Cuong fait partie de ces auteurs qui vous mettent du baume au coeur, qui vous font voir le bon côté de la vie même quand elle est difficile. Une auteure que j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire.
"-Une autre fois, a fait Albert en s'adressant à Marylou, je vous raconterai comment ce jour-là, j'ai moi aussi emprunté un taxi qui a changé le cour de ma vie.
-Le cours de nos vies , ai-je souligné. Pourquoi ce jour là? Je me poserai toujours la question.
-Peut-être que le monde a parfois un hoquet , a dit Marylou, songeuse. Il est programmé d'une certaine façon, et puis quelque chose ou quelqu'un décide de tout changer à la dernière minute."
Noces de verre
Noces de verre de Philippe Routier aux éditions Stock
Khadija, jeune fille d'origine marocaine a grandi en banlieue parisienne dans l'atmosphère de l'épicerie familiale. Elle a aimé son enfance choyée, rythmée par le contact de la clientèle. Khadija a grandi, sa mère est morte et son père a décidé de retourner au pays tenter sa chance. La jeune femme se retrouve donc seule et doit prendre sa vie en main. Un jour à la laverie automatique, elle rencontre un jeune homme. Elle tombe sous son charme, attirée par cette impression de force et de solidité qui se dégage de lui. Très vite les deux jeunes gens tombent amoureux et décident de se marier.
Pour fonder leur famille, les deux tourtereaux décident de déménager dans la région de Cahors, région d'origine de Virgile. Ils se rapprochent de la famille de Virgile. La vie de Khadija tombe très vite dans l'horreur. Elle découvre rapidement le vrai caractère de son mari, violent et pervers. Ils vivent dans une maison isolée et elle sait qu'elle ne peut attendre aucune aide de ses beaux-parents qui n'on jamais accepté le mariage de leur fils avec une étrangère. Virgile frappe sa femme à la moindre occasion et contrôle complètement son existence.
"Virgile avait isolé sa femme, à qui il ne concédait que deux espaces libres : le mas et le Vival Casino.
Il contrôlait sa vie, bornée par deux bourgs engourdis."
Dans ce roman, la violence conjugale est analysée, avec précision, froideur. L'auteur rapporte les faits, il les dissèque. On assiste à l'évolution des réactions de la jeune femme à la violence physique et morale que lui fait endurer à son mari. D'abord elle l'excuse, puis elle accepte son sort sans savoir quoi faire, enfin c'est quand elle sent son fils en danger qu'elle décide de réagir. Les noces de verres est un roman passionnant qui se lit d'une traite. Le style précis, sans fioritures de l'auteur donne au roman un réalisme qui donne froid dans le dos. Un roman efficace, sans pathos, la description d'une situation malheureusement assez courante.
"Il se mit à penser à la gifle qu'il avait donnée à sa femme. Il comprenait mal pourquoi il s'était laissé aller à ce geste et se demandait s'il devait en éprouver du remords. Il avait entendu dire dans une émission de télévision q'un homme sur dix frappait sa compagne. C'était donc une multitude, et la multitude ne pouvait pas être composée que de sales types."
Pour fonder leur famille, les deux tourtereaux décident de déménager dans la région de Cahors, région d'origine de Virgile. Ils se rapprochent de la famille de Virgile. La vie de Khadija tombe très vite dans l'horreur. Elle découvre rapidement le vrai caractère de son mari, violent et pervers. Ils vivent dans une maison isolée et elle sait qu'elle ne peut attendre aucune aide de ses beaux-parents qui n'on jamais accepté le mariage de leur fils avec une étrangère. Virgile frappe sa femme à la moindre occasion et contrôle complètement son existence.
"Virgile avait isolé sa femme, à qui il ne concédait que deux espaces libres : le mas et le Vival Casino.
Il contrôlait sa vie, bornée par deux bourgs engourdis."
Dans ce roman, la violence conjugale est analysée, avec précision, froideur. L'auteur rapporte les faits, il les dissèque. On assiste à l'évolution des réactions de la jeune femme à la violence physique et morale que lui fait endurer à son mari. D'abord elle l'excuse, puis elle accepte son sort sans savoir quoi faire, enfin c'est quand elle sent son fils en danger qu'elle décide de réagir. Les noces de verres est un roman passionnant qui se lit d'une traite. Le style précis, sans fioritures de l'auteur donne au roman un réalisme qui donne froid dans le dos. Un roman efficace, sans pathos, la description d'une situation malheureusement assez courante.
"Il se mit à penser à la gifle qu'il avait donnée à sa femme. Il comprenait mal pourquoi il s'était laissé aller à ce geste et se demandait s'il devait en éprouver du remords. Il avait entendu dire dans une émission de télévision q'un homme sur dix frappait sa compagne. C'était donc une multitude, et la multitude ne pouvait pas être composée que de sales types."
samedi 6 décembre 2014
Concours Noël des bloggers
Pour fêter cette fin d'année et le début de la suivant, 8 Blogs se sont réunis afin de vous gâter !!
Au total 8 lots à gagner soit 8 gagnants !! Excusez du peu !! on ne se moque pas de vous ...
Le principe est très simple, une image représentant une lettre est cachée sur chaque blog. En retrouvant toutes les lettres vous pourrez composer un mot.
Il ne vous reste plus qu'à nous envoyer ce mot mystère, le titre et l'auteur de chaque chronique où se trouve les lettres avec votre nom (ou pseudo) et email à l'adresse suivante concoursinterblog@yahoo.com
Vous avez jusqu'au 23 Janvier 2015 inclus pour participer. (Tirage au sort le week-end de 24-25)
Attention, vous êtes prêts ? Voici la liste des blogs (pour certains un indice s'impose !)
Ce livres et fourneaux (Indice : "Un joli conte des temps modernes" !!! )
Emotions Blog littéraire et musical (Indice :"il vaut mieux en avoir dans le sport, y a pas photo (enfin si...)"
Le shoot de loley ( Indice : Gothique)
Leeloo s'enlivre
Les lectures du hibou ( Indice : Catacombes)
The big blowdown (Indice : Federico (Moi-même et Lorca)
Tribulations d'une vie (Indice : "Puisse le sort vous êtes...")
Les cibles d'une lectrice à visée (Indice : Pas un coup de cœur mais s'en approche!)
Liste des lots :
- un roman " la méthode Schopenhauer" d'Irvin Yalom
- un lot " Saules aveugles, femme endormie" de Haruki Murakami et "13 à table"
- un roman "Un hiver avec Baudelaire" de Harold Cobert en grand format
- un roman "Irradié" Collectif des auteurs du noir
- un roman au choix : "Une disparition inquiétante Dror Mishani" OU "Les Origines de l'amour" de Kishwar Desai
- un roman "le magasin des suicides" de Jean Teulé
- un lot " Tapis rouge" de James Patterson & Marshall Karp et "Le dernier déluge" de David Emton
- un roman "Avant d aller Dormir" de Watson, Éd Sonatine.
Les gagnants autorisent les bloggers organisateurs à divulguer leur nom et prénom ou le pseudo communiqué pour la diffusion des résultats.
Bonne chasse ! Très bonnes fêtes de fin d'année de notre part à tous.
lundi 1 décembre 2014
L'heure des fous
L'heure des fous de Nicolas Lebel aux éditions Marabooks
A Paris, près de la Gare de Lyon, le cadavre d'un SDF est retrouvé. L'enquête est confiée au Capitaine Mehrlicht. Des témoins interrogés affirment avoir vu l'homme emmené par trois individus qui une fois repérés ont décidé de s'en débarrasser. L'enquête du capitaine s'oriente très vite vers le milieu des SDF mais coup de théâtre, l'identité de la victime, Marc Crémieux, journaliste d'investigation, rend l'affaire explosive.
Les hommes de Mehrlicht se concentrent alors sur l'enquête que menait le journaliste. Ils retrouvent chez lui des documents sur Napoléon III. Ils découvrent que Crémieux enquêtait sur la personnalité d'un jeune SDF au parcours troublant. Mais l'enquête piétine et les autorités adjoignent à l'équipe de Mehrlicht, un autre capitaine ce qui fait suspecter à Mehrlicht que l'affaire est bien plus compliquée qu'il n'y parait.
Avec L'heure des fous, Nicolas Lebel signe un premier roman haletant, fourmillant de références, à Audiard, à Hugo. Un roman où les personnages principaux sont bien campés. Les personnalités des différents membres de l'équipe sont décrites avec précision, donnant encore plus de poids et de saveur à l'intrigue. Nous avons le Capitaine Mehrlicht au nom prédestiné (plus de lumière en allemand) personnage bourru , flic à l'ancienne, encyclopédie ambulante au langage difficilement compréhensible pour ses subalternes. Ils auraient presque besoin d'un dictionnaire argot-français pour le suivre. Il est fan d'Audiard et à chaque sonnerie de son téléphone une application choisi une citation du dialoguiste. Le lieutenant Dos Santos, flic dans l'âme, rigide, trop rigide parfois, connaît le code pénal par coeur et ne résiste pas à mettre les gens devant leurs contraventions au code en leur citant in extenso les articles correspondants. Le lieutenant Latour, seule femme de l'équipe, a bien du mal à se faire la place qu'elle souhaiterait avoir dans l'équipe du fait de son sexe. Et enfin Ménard, lieutenant stagiaire et souffre douleur de Mehrlicht , plein d'abnégation qui se révélera d'une grande utilité à l'équipe.
L'heure des fous est un roman passionnant, au rythme soutenu, on ne peut plus le lâcher une fois commencé. Le style de Nicolas Lebel mêle avec talent les descriptions souvent poétiques, à l'argot, passant avec brio des envolées quasi hugolinennes au langage vert d'un San Antonio. Cette plume sert à merveille le roman, rendant encore plus réaliste sa description des bas fonds de Paris, cette cour des miracles contemporaine. Vous l'aurez compris, ce roman est un coup de coeur et j'ai hâte de me plonger dans Le jour des morts, le deuxième roman de Nicolas Lebel.
" -Je te dis que la loi, on la balance pas sur la ville au Kärcher, c'est un travail d'impressionnistes... de pointillistes, même. Par petites touches. Notre macchab en est une.
On peut pas passer tous les gonzes indélicats à la bascule à charlot, ou leur coller une quetsche dans la théière. C'est pas le Chili ici."
On peut pas passer tous les gonzes indélicats à la bascule à charlot, ou leur coller une quetsche dans la théière. C'est pas le Chili ici."
" Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui se passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment - ce qui se produisait toutes les demi-heures - on voyait poindre de sa gueule un magot laiteux qu'il supait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte."
samedi 29 novembre 2014
Le réveil du coeur
Le réveil du coeur de François d'Epenoux aux éditions Anne Carrière
Jean travaille dans la publicité. Il vit depuis quelques temps avec Leïla, jeune femme d'origine marocaine, qu'il n'a jamais osé présenter à son père. Il faut dire que son père est un personnage. Le caractère bien trempé, il se refuse au monde actuel, il vit dans ses souvenirs des années 50-60, pourfend la société contemporaine avec véhémence.
Dans la première partie du roman, c'est Jean qui nous prend à témoin de ses relations, avec celui qu'il appelle "le Vieux". Il nous raconte ses discussions avec lui, le jour où il lui a annoncé contraint et forcé qu'il vivait avec Leïla. En effet Leïla est enceinte, "le Vieux" va devenir grand-père et il ne voit pas cette naissance d'un très bon oeil.
"-Jean, vous n'allez pas faire ça?
- Mais quoi?
- Mais enfin, mettre un enfant au monde, je veux dire dans ce monde là?
- Comment ça, dans de monde là?
Il vide son verre d'un trait et craque littéralement.
-Comment ça, "comment ça?"... enfin tu as des yeux pour voir , quand même, non? On a tout sali, Jean! Tout ! On fout en l'air les gens, les animaux, la nature, c'est plus fort que nous. On est incapables de donner à bouffer à tout le monde, incapables de préserver la beauté des choses, c'est comme ça! C'est dans nos gènes! Et pourtant on a encore rien vu, tu sais aussi bien que moi ce qui se prépare, non?! La montée des eaux, les terres englouties, les exodes de masse, ce n'est pas moi qui l'invente! ... Ça a commencé! Tous les scientifiques annoncent la chienlit! Et c'est là-dedans que tu veux balancer ton gosse?"
Malo finit par naître, le grand-père est invité mais se fait tirer l'oreille pour venir le voir. Le Vieux est finalement ému devant son petit-fils. Le couple Jean-Leïla va mal la séparation arrive, Malo grandit! Le grand-père dont les relations sont houleuses avec sa belle-fille, devient persona non grata dans la vie de son petit-fils. Le couple finit par se séparer.
Dans la deuxième partie du roman c'est au tour du Vieux de nous raconter les événements. Jean et Leïla, très occupés pendant les vacances, doivent trouver quelqu'un pour garder Malo. N'ayant pas de solutions Leïla accepte que Jean appelle le Vieux, pour lui demander de s'occuper de Malo pendant le mois d'août. Le Vieux est très remonté car il n'a pas vu Malo depuis longtemps, sa bru lui refusant le contact avec son petit fils. Le vieux finalement accepte de s'occuper de son petit-fils, rouspétant pour la forme. Une rencontre, un séjour qui va bouleverser leur vie à tous les deux. Ils vont se conquérir l'un l'autre. Le Vieux, laissant sa carapace se fissurer au contact de son petit-fils.
Le réveil du coeur, est un roman touchant. Un roman mêlant tendresse et regard acéré sur notre monde actuel. Un roman qui, malgré une intrigue cousue de fil blanc, nous prend et ne nous lâche plus. Une belle alchimie entre moments de tendresses et réflexions désabusées sur notre société. Un roman qui nous montre comment l'innocence de l'enfance va venir saper les défenses d'un vieux ronchon au grand coeur, muré dans la gangue protectrice de la nostalgie. Le plume de François d'Epenoux est tour à tour douce, poétique, mordante et drôle. Un très bon moment de lecture.
"Avec la naissance de son fils, un père accouche souvent de lui-même. Si un seul voit le jours, les deux voient la lumière."
dimanche 23 novembre 2014
Le cimetière des hirondelles
Le cimetière des hirondelles de Mallock aux éditions Fleuve Noir
Le commissaire Mallock et son équipe sont soumis à rude épreuve. Le frère de Julie, l'une des plus proche collaboratrices du commissaire, l'un des cinq doigts de sa main, a été arrêté en République Dominicaine. Manu, cet homme bon, historien, mari exemplaire et jeune père, a quitté le domicile familial après le visionnage d'un documentaire, a pris un vol pour la République Dominicaine et a tué un homme. Quelle est l'explication de ce geste insensé pour un homme aussi équilibré.
Dès qu'il est mis au courant de cette étrange histoire, Mallock prend la direction de la République Dominicaine pour récupérer Manu dont le transfèrement a été négocié entre les deux États. Manu ayant été grièvement blessé lors de l'assassinat de Darbier, Mallock ne peut l'interroger tout de suite. Le commissaire commence donc son enquête. La culpabilité de Manu ne fait aucun doute. Quand Manu est enfin apte à être interrogé, Mallock est anéanti. Manu serait-il devenu fou. Il affirme avoir tué Darbier car celui-ci l'avait déjà tué dans le passé. Mallock ne sait pas par quel bout prendre cette affaire, faute d'idée il se rend chez une voyante du cru qui lui fait ingurgiter une potion qui lui fait voir des images effrayantes.
De retour à Paris, l'enquête s'oriente vers la piste insolite de la réincarnation. Manu, interrogé, répond par la voix d'un lieutenant décédé pendant la première guerre mondiale, suite aux tortures d'un ogre nazi. Mallock va donc enquêter sur la vie de ce lieutenant pour vérifier le témoignage de Manu. Tout concorde. Mais comment innocenter Manu? Comment faire avaler à la justice cette théorie de la réincarnation? Mais cette piste est-elle la bonne? Réincarnation ou manipulation?
Dans ce roman passionnant et merveilleusement écrit nous suivons les doutes, les interrogations de Mallock, misanthrope au grand coeur, un homme pétri de douleur (il a perdu sa femme et son fils) et d'humanité. Un ours au coeur tendre terriblement attachant.
"Mais qu'est-ce-que c'est que cette société de merde, se mit à grogner Mallock, où l'on ne pouvait plus rouler, manger, fumer ou travailler tant qu'on peut, et dire toutes les vérités qu'on veut, les mots qui nous viennent? C'était quoi ce putain de purgatoire, où les Hommes, nivelés par le bas, ne vivaient plus qu'émasculés, assistés, assurés , botoxés, lobotomisés, loto-misés, liposucés, flashés? Putain de vie molle, où on allait, queue baissée, autocensurés, à petits pas comptés, chercher ses recommandés ou les résultats dûment remboursés de sa coloscopie."
Une enquête passionnante du début à la fin. Un récit émaillé de réflexions sur notre société, servi par une plume à la fois acérée, tendre, humoristique, poétique. Un excellent moment de lecture, à mettre entre toutes les mains.
"Dans les couloirs et les salles d'attente du bâtiment public croupissait la foule des petites gens. Ils attendaient en guenilles, le regard brillant d'espoir naïf une justice en loques, une salope au yeux bandés qui ne montait qu'avec ceux qui pourraient s'en payer les charmes."
lundi 17 novembre 2014
Lettres à l'Errant
Lettres à l'Errant de Marie-Hélène Sainton aux éditions Le Serpolet
Lettres à l'Errant est un recueil de lettres écrites mais jamais envoyées, des lettres d'amour à l'Errant, cet homme de silence, il est pantomime, dont l'auteure des missives est tombée amoureuse. Un amour tardif qui va lui faire quitter son foyer alors que l'objet de sa passion est toujours en couple.
La belle va tout faire pour apprivoiser l'être qu'elle aime, elle va apprendre à le connaître au fil des rencontres.
"Quand on aime quelqu'un, on a envie d'apprendre sa langue. Je tente d'apprendre la vôtre. C'est à dire vos silences. Soyez indulgent pour mes erreurs de syntaxe."
Cet homme qu'elle aime et qui l'aime à sa façon, d'une manière presque désincarnée, platonique, l'a révélée à elle-même, elle semble ne vouloir continuer à vivre que par lui, que pour lui.
"J'ai existé à partir de lui. De ce regard qui ne livrait rien de lui, mais qui m'a tout livré de moi-même, m'a tirée de ma grisaille, de ma léthargie.
Rien. Vous n'avez rien fait pour cela. Juste un regard sur moi et sa magie."
Avec Lettres à l'Errant, Marie-Hélène Sainton signe un superbe roman épistolaire, plein d'un amour magnifié par le fait qu'il reste platonique. Les lettres sont pleines de sensibilité, de pudeur, mais aussi d'audace. Un recueil servi par une plume poétique, exigeante, émouvante et à la fois pleine d'humour. Un véritable régal de lecture.
"Et je me tais. Moi aussi.
Une partie de vous est déposée en moi. Je la caresse et la nourris. Quand je vous ouvrirai, vous ne serez pas dépaysé. Vous la réintégrerez.
Vous direz : "C'est drôle comme je me reconnais en elle.
Moi je me tairai.
Je suis moi et vous.
Je vous ouvre. Ouvrez moi."
Ce livre a été récompensé par le prix Paul Bellat en 2010
samedi 15 novembre 2014
Jim
Jim de Harold Cobert aux éditions Plon collection Miroir
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"Heureusement, je suis gras et laid maintenant. Tu le vois bien, tout le monde le voit. J'aime cette laideur, elle me protège et me révèle en m'éclipsant, elle force les autres à regarder avec douceur à l'intérieur de moi et non plus à s'arrêter de manière abrupte au masque du chanteur gueulard et provocateur."
Jim Morrison a vécu à l'âge de quatre ans une expérience qui l'a marqué à vie. Alors qu'il était en voiture avec ses parents ils ont assisté à l'accident d'un camion transportant des indiens et Jim a senti l'esprit de quelques uns de ces indiens intégrer son propre corps. Cette expérience va influencer la plume du jeune poète, l'orienter vers un mysticisme teinté de chamanisme. C'est pour atteindre cet état de conscience modifié que Jim va se mettre à boire de plus en plus et à essayer tout type de drogues. C'est dans cet esprit chamanique que va être crée le groupe des Doors, pour ouvrir les portes de la perception. Mais très vite Jim se sent étouffé par l'image qu'il donne de lui sur scène, il regrette les premiers moments du groupe, ce groupe qui devient de plus en plus tenté par le profit. Jim lui refuse cela et des tensions apparaissent dans le groupe.
"Je peux comprendre que les autres aient cédé aux sirènes du cauchemardesque rêve américain. Rares sont ceux qui y résistent. La petite maison avec la pelouse bien tondue, la femme et les enfants bien propres sur eux, le frigo, la télé, les céréales, la cuisine équipée, le balcon, le four, les briques de lait, le garage, payer gentiment ses impôts, faire de la musique comme on va travailler à la poste, tout ça pour posséder des trucs qui finissent par te posséder, devenir ce que l'on a, avoir plutôt qu'être, accumuler et ériger ainsi son propre mausolée pour préparer son entrée dans la mort. Et mourir vivant, enseveli sou la chose formatée qu'on est devenu, formatée pour entrer dans la petite boîte finale et définitive. La fin, le vraie."
Dans ce roman Harold Cobert endosse avec brio le costume de Jim Morrison. En mêlant habilement les citations du poète (répertoriées à la fin du livre) à ses propres mots, c''est Jim Morrison lui-même qui semble nous parler à travers les mots de l'auteur. Un exercice de style passionnant particulièrement bien réussi. Harold Cobert a su ressusciter cette étoile filante, ce poète prisonnier de son image de rock star et de ses excès. Une réussite!
mardi 11 novembre 2014
L'écrivain national de Serge Joncour une chronique de Leeloo de leeloosenlivre.blogspot.fr
Aujourd'hui Les lectures du hibou ouvrent leurs portes à Leeloo qui vient de créer son blog : leeloosenlivre.blogspot.fr. Je vous invite amicalement à suivre ce blog. Leeloo chroniquait ses lectures sur sa page Facebook et ses chroniques m'ont tapé dans l'oeil. Maintenant qu'elle a franchi le pas, je lui souhaite la bienvenue dans la blogosphère et souhaite longue vie à son blog! Merci Leeloo pour tes chroniques avisées et percutantes.
L'ECRIVAIN NATIONAL - SERGE JONCOUR
Serge Joncour nous fait voyager dans deux mondes, celui de la naissance d’un livre et celui de l’amour. Mais également, dans la France profonde, dans les forêts du Morvan…
Serge ou l’écrivain national, car tel est le nom officiellement officieux dont l’affuble le maire de la petite bourgade où il est convié à résidence pour un mois. Dès son arrivée à la gare, Serge lit dans le journal la disparition d’un vieux retraité, Monsieur Commodore. Mais ce qui attire le plus son attention dans ce fait divers, c’est la photo de Dora et son ami Aurelik, deux marginaux d’origine étrangère. Surtout Dora !
La naissance de l’amour :
Souvent on dit que l’amour rend aveugle, je dirais qu’il rend bête ! Oui, très bête même, comment peut-on envisager une histoire d’amour avec quelqu’un qui ne peut nous mener nulle part qu’à notre propre perte ! Imaginez l’effet « ketchup » combiné à l’effet « boomerang » ! Serge tombe amoureux d’abord de Dora en photo, elle le hante, le subjugue, il fait tout pour la voir, l’avoir, quitte à se retrouver avec tout le village sur le dos. Il n’a pas su donner l’amour, il l’a déversé par flots, tout est arrivé d’un seul coup, c’est l’effet « ketchup »
Mais une marginale dont le conjoint est soupçonné de meurtre dans une France profonde, n’est pas quelqu’un de fréquentable. Les gendarmes le soupçonnent d’en savoir plus, les villageois, ses amis libraires lui tournent le dos. Cet amour se retourne contre lui, l’effet « boomerang »
« C’est une pure connerie de faire ça, une connerie de plus sans doute, mais qu’il est bon de retrouver le goût de l’autre, qu’il est fort de flotter dans l’éternel présent d’un début de rencontre, sans futur ni questions, qu’il y ait des lendemains ou pas, après tout qu’importe, un amour même impossible c’est déjà de l’amour, c’est déjà aimer, profondément aimer, quitte à en prolonger le vertige le plus longtemps possible »
Souvent on dit que l’amour rend aveugle, je dirais qu’il rend bête ! Oui, très bête même, comment peut-on envisager une histoire d’amour avec quelqu’un qui ne peut nous mener nulle part qu’à notre propre perte ! Imaginez l’effet « ketchup » combiné à l’effet « boomerang » ! Serge tombe amoureux d’abord de Dora en photo, elle le hante, le subjugue, il fait tout pour la voir, l’avoir, quitte à se retrouver avec tout le village sur le dos. Il n’a pas su donner l’amour, il l’a déversé par flots, tout est arrivé d’un seul coup, c’est l’effet « ketchup »
Mais une marginale dont le conjoint est soupçonné de meurtre dans une France profonde, n’est pas quelqu’un de fréquentable. Les gendarmes le soupçonnent d’en savoir plus, les villageois, ses amis libraires lui tournent le dos. Cet amour se retourne contre lui, l’effet « boomerang »
« C’est une pure connerie de faire ça, une connerie de plus sans doute, mais qu’il est bon de retrouver le goût de l’autre, qu’il est fort de flotter dans l’éternel présent d’un début de rencontre, sans futur ni questions, qu’il y ait des lendemains ou pas, après tout qu’importe, un amour même impossible c’est déjà de l’amour, c’est déjà aimer, profondément aimer, quitte à en prolonger le vertige le plus longtemps possible »
La naissance d’un livre :
Serge, outre Dora, a une autre hantise, élucider le mystère de la disparition de Commodore, et pourquoi ne pas s’en inspirer pour le feuilleton qu’il doit écrire dans le journal local.
« tout destin est exceptionnel, mais une vie ne suffit pas à faire un livre, un livre c’est bien plus que ça, et bien moins tout en même temps »
Serge, outre Dora, a une autre hantise, élucider le mystère de la disparition de Commodore, et pourquoi ne pas s’en inspirer pour le feuilleton qu’il doit écrire dans le journal local.
« tout destin est exceptionnel, mais une vie ne suffit pas à faire un livre, un livre c’est bien plus que ça, et bien moins tout en même temps »
Une réflexion sur le métier d’auteur, une plongée dans le cœur de l’humain et également dans les forêts du Morvan, une écriture fluide, un rythme soutenu et un humour très fin voilà les mots qui pourraient résumer ce Joncour !
dimanche 9 novembre 2014
Les ailes d'émeraude
Les ailes d'émeraude d'Alexiane De Lys aux éditions Nouvelles plumes
Cassiopée O'Brien vit dans un orphelinat suite à un accident qui a causé la mort de sa mère. Après douze ans de vie dans cet institution, arrivée à l'âge de dix-huit ans, elle doit prendre sa vie en main et laisser derrière elle tous ses petits frères et soeurs de coeur dont elle s'occupait avec tendresse. Elle part donc affronter le monde seule. Elle gagne sa vie en faisant des petits boulots. Un jour alors qu'elle rentre au motel où elle loge elle se fait agresser par deux voyous. Refusant de se laisser détrousser sans se défendre, la jeune fille au caractère bien trempé et la langue bien pendue ne doit la vie qu'à l'intervention d'un jeune homme ténébreux dont le caractère l'exaspère au plus haut point. Petit à petit, elle va se rendre compte que le jeune homme la suit.
Lors d'une de leur rencontres houleuses, le jeune homme en question , beau comme un dieu grec lui remet une enveloppe et lui offre un séjour dans un hôtel de grand luxe. Intriguée la jeune fille décide de profiter de l'aubaine. Mais quand elle ouvre l'enveloppe quelque-chose la pique et la rend très malade. A partir de ce moment là, Cassiopée constate des transformations dans son corps. Un jour elle se rend compte que quelque chose de bizarre lui a poussé dans le dos, elle casse cette sorte de cocon pour y découvrir deux ailes vert émeraude. Poursuivie par des hommes lourdement équipés et armées, elle va retrouver le jeune homme qui lui explique qu'elle a été recrutée pour ces capacités par le peuple des Myrmes. N'ayant rien d'intéressant à abandonner et très peu de perspectives d'avenir elle décide de suivre le jeune homme à la rencontre de son nouveau peuple, et à commencer son apprentissage qui va lui apporter de bien intéressantes capacités.
Le genre fantasy n'est pas du tout ma tasse de thé mais quand j'a vu que l'auteur de ce pavé de sept cents pages était une jeune femme de dix-neuf ans, j'ai été intrigué et curieux et bien m'en a pris car ce roman est passionnant. Malgré quelques maladresses de style, j'ai été impressionné par la maîtrise de l'intrigue, on est pris dès le début du roman et l'auteure ne nous lâche plus. Un livre plein de rebondissements, d'humour, des dialogues percutants , des personnages attachants. En bref un agréable moment de lecture dont j'attends la suite avec impatience.
lundi 3 novembre 2014
Monsieur mon Amour
Monsieur mon Amour d'Alexandra de Broca aux éditions Albin Michel
10 Août 1792, à Paris, le peuple prend d'assaut les Tuileries, bien décidé à demander des comptes au couple royal, réfugié là depuis quelques temps. La révolution a un franchi cap supplémentaire, le roi jugé responsable de tous les maux subis par la France, doit répondre de ses actes. Louis XVI, Marie-Antoinette, leurs enfants et quelques fidèles serviteurs et proches sont emmenés à la prison du Temple. Très vite on refuse au roi et à son épouse le droit de garder leurs serviteurs et amis, seule la famille royale va rester en captivité au Temple. L'entourage du couple est transféré à la prison de la Force en attente d'un jugement qui laisse peu de place au doute.
Marie-Thérèse Princesse de Lamballe fait partie des proches de Marie-Antoinette, elle est l'amie de la reine et la Surintendante de sa maison. La Princesse, pour meubler le temps qui la sépare de son procès et de sa mort certaine, prend la plume, elle écrit à l'homme dont elle est amoureuse. Elle adresse ses lettres au Citoyen Philippe d'Orléans, cousin du roi, mais qui a fait siennes les idées révolutionnaire et est député du peuple. Elle y raconte son arrestation se livre à lui, lui laissant chaque jour, pendant les quinze jours que vont durer sa détention, un témoignage de sa vie, de son amitié avec Marie-Antoinette qu'elle défend bec et ongles contre les critiques dont on l'accable. Elle le supplie tout en restant très digne de lui venir, en aide, de la libérer. Elle termine chacune de ses lettres en appelant Philippe d'Orléans, son beau-frère, cet homme aux moeurs plus que légères dont elle est tombée amoureuse dès son arrivée en France pour se marier, Monsieur mon Amour.
" S'il en est ainsi, il me faudra m'humilier davantage pour obtenir ma liberté: vous êtes un chasseur de femmes et certaines des mes amies pleurent encore d'avoir été votre proie. Sauvez moi et je me donnerai à vous pour que vous puissiez accrocher ma chasteté à votre célèbre tableau de chasse. Le prix de ma libération sera le vôtre et s'il faut succomber pour sauver ma vie, je le ferai, mais sachez qu'aucun geste de vous, aucune bassesse, ne m'empêchera de vous aimer. Aujourd'hui, demain et jusqu'à mon dernier souffle."
Dans ce roman épistolaire, Alexandra de Broca se met dans la peau de cette princesse turinoise, veuve à dix-neuf ans d'un descendant de bâtard de Louis XIV, un être pervers qui lui a fait subir les pires outrages. Elle nous montre un personnage attachant, une femme droite et fidèle en amour comme en amitié. Une femme de convictions, une femme éclairée qui malgré ses idées progressistes, restera fidèle jusqu'au bout à sa reine et aux enfants royaux. Un roman passionnant, poignant où il est question de fidélité, de courage, de justice. Une texte rendu intense par le choix fait par l'auteure d'imaginer cette relation épistolaire unilatérale entre la princesse et celui dont elle est amoureuse et qui pourrait lui venir en aide. Une belle réussite.
Roman à paraître le 6 novembre 2014
dimanche 2 novembre 2014
Le dernier secret de Versailles
Le dernier secret de Versailles de Jean-Michel Riou aux éditions Flammarion
La construction du château de Versailles est terminée. C'est un château à la démesure du roi soleil dont la construction a duré des années, et qui est toujours en travaux d'aménagement, d'amélioration. Un château témoignage de la puissance de roi soleil, le roi bâtisseur, le roi guerrier. Un château immense, magnifique qui aura coûté beaucoup en argent et en vies humaines. Mais qu'est tout ceci comparé au désir de Louis XIV de laisser un témoignage de son règne, de son pouvoir absolu.
"Versailles est son double, son jumeau. C'est une immense qualité pour un bâtisseur et un terrible handicap pour les autres : le roi veille à tout. C'est peut-être aussi ce qui explique la grandeur de son règne et la fascination qu'il exerce de la base au sommet. A quoi sert un roi? Lui a répondu en cherchant à accorder son rêve de Versailles à celui de son peuple. N'importe quel sujet peut voyager ici, explorer afin de ressentir la fierté d'appartenir à ce royaume car c'est aussi dans l'orgueil que se forme une nation."
Nous sommes les témoins de la vie, du roi et de la cour, une vie rythmée par l'agenda du monarque qui varie rarement. "Avec un almanach et une montre on pouvait, à trois cents lieues d'ici, dire ce qu'il faisait." écrivait le Duc de Simon dans ses mémoires. La vie de cour nous est présentée dans toute sa vacuité, il faut paraître, se mettre en valeur, une vie occupée à suivre la quotidien du roi, à s'amuser, à comploter, une vie d'oisif.
"Dans ce monde clos, la moquerie circule vite, de bouche en bouche, pour le plaisir de faire mal, dans l'espoir qu'en blessant le premier on s'évitera d'être touché, et ce matin, la glose va bon train. Ainsi se nourrit l'oisiveté."
Nous suivons le destin de Jean Le Faillon et de sa femme Amandine, héritiers de l'entreprise Pontgallet. Amandine, très belle femme qui aura le malheur de plaire au roi et déchaîner la jalousie de Madame Maintenon, son épouse. Amandine va suite à ces événements découvrir l'histoire de sa famille, une histoire qu'on lui a toujours cachée. Cette histoire est intimement liée Versailles, elle est la fille du Roi Noir, ancien roi de la truanderie qui avait mis la ville en coupe réglée et qui a disparu.
Dans ce roman passionnant l'historie avec un grand H se mêle à l'histoire de ceux qui ont oeuvré à la construction de Versailles, on vit à la fois à la cour du roi et au milieu des architectes et des bâtisseurs. Deux monde bien distincts mais ou règne la même ambition, la même rouerie. Avec Le dernier secret de Versailles, Jean-Michel Riou signe le dernier volet de sa quadrilogie sur Versailles. Un roman rythmé qui peut se lire sans avoir lu les précédents, tant les retours en arrière sont présents. Un roman très documenté, ce qui ne gâche en rien l'intrigue au contraire.
Roman à paraître le 5 novembre
lundi 27 octobre 2014
L'homme de la montagne
L'homme de la montagne de Joyce Maynard aux éditions Philippe Rey
Rachel (la narratrice) et Patty sont deux soeurs, elle vivent dans un lotissement poétiquement nommé "Cité de la splendeur matinale" avec leur mère. Leur père, l'inspecteur Toricelli, charmeur invétéré, amoureux de toutes les femmes, a été mis à la porte par sa femme fatiguée de ses incartades. Les deux soeurs sont livrées à elles-mêmes car leur mère dépressive passe tout son temps libre dans sa chambre à lire des livres empruntés à la bibliothèque. Les deux adolescentes vivent donc en toute liberté, s'inventant des jeux dans la montagne, et passant leurs soirées dans la cour des voisins pour profiter de l'image de leurs postes de télévision. Rachel est pleine d'imagination, elle rêve de devenir écrivain, Patty quant à elle est sportive, elle a un don pour le basket et est passionnée par les chiens. En quelque sorte ces deux inséparables sont la tête et les jambes d'un même corps.
Mais bientôt, les jeux, la vie des deux soeurs vont être perturbés. Des corps vont être découverts dans la montagne, des corps de femmes, nus mises à genoux en position de prière, une bande de rouleau adhésif collées sur les yeux. C'est le détective Toricelli qui va être chargé de l'enquête. Les deux jeunes filles vont vouloir à leur façon aider leur père à résoudre l'enquête, aider ce père qu'elles aiment et qu'elles sentent en difficulté.
Ce roman est plus un roman sur l'adolescence, l'apprentissage qu'un véritable thriller. La vie des deux jeunes filles leurs questionnements, leurs aspirations, leurs réactions devant leur corps qui change ou qui tarde à changer, leur vision du monde sont analysés et décrits avec beaucoup de finesse.
"La fille de treize ans déteste sa mère. Adore son père. Déteste son père. Adore sa mère.
Alors quoi?
Les filles de treize ans sont grandes et petites, grosses et maigres. Ni l'un ni l'autre, ou les deux à la fois. Elles ont la peau le plus douce, la plus parfaite, et parfois, en l'espace d'une nuit, leur visage devient une sorte de gâchis. Elles peuvent pleurer à la vue d'un oiseau mort et paraître sans coeur à l'enterrement de leurs grands-parents. Elles sont tendres. Méchantes. Brillantes. Idiotes. Laides. Belles."
L'amour inconditionnel qui unit ses deux soeurs est touchant émouvant,. L'enquête policière ne joue qu'un rôle de catalyseur, elle exacerbe toutes les émotions de ces deux êtres en construction. Une construction à l'ombre d'un père qui du statut de héros tombe dans la déchéance suite à ces échecs dans sa traque de l'homme de la montagne. Un père idéalisé qui va chuter de son piédestal sans pour autant perdre l'amour de ses filles, mais un amour qui deviendra plus lucide.
La seule critique que je pourrais faire à ce roman est sur sa fin. Une fin rocambolesque, tirée par les cheveux comme si l'auteure avait été pressée par les délais. Mis à part ce bémol, j'ai beaucoup aimé ce roman au style simple, efficace, tendre quand il décrit la relation des deux soeurs et qui devient envoûtant dans les descriptions de ces paysages de montagne effrayants et si attirants. Un mont Tamalpais qui habite littéralement ce roman. Sans cette fin bâclée ce roman aurait été un coup de coeur.
samedi 25 octobre 2014
Rouen 1203
Rouen 1203 de Jean d'Aillon aux éditions Flammarion
Le roman se déroule entre 1201 et 1203 et nous fait voyager en Terre Sainte lors des croisades, puis en France pour se terminer à Rouen. Aliénor d'Aquitaine tour à tour reine consort de France puis d'Angleterre, vit retirée à Fontevrault. Entendant parler d'une relique exceptionnelle disponible à l'achat en Terre Sainte, elle décide d'envoyer une expédition pour l'acquérir. Le Maçon, jeune clerc érudit et à l'ambition démesurée prend part à cette expédition et profite d'une épidémie de peste sur le bateau pour prendre la tête de l'expédition. Il n'aura de cesse de prendre possession de la relique et de l'apporter lui-même à sa reine!
Cette expédition a lieu sur fond de guerre acharnée entre Philippe Auguste roi de France et Jean sans Terre, roi d'Angleterre, son vassal rebelle, fils d'Aliénor. La lutte va faire rage pour cette précieuse relique entre ceux qui la veulent pour des raisons religieuses et ceux qui, comme Jean Sans Terre souhaitent l'acquérir pour faire fortune ou asseoir leur pouvoir.
De retour d'une précédente aventure Guilhem d'Ussel, chevalier troubadour, héros récurrent des romans de Jean d'Aillon, se trouve à Marseille quand un bateau accoste, un bateau venant de terre sainte. Persuadé d'y trouver des hommes d'armes pouvant l'aider à regagner sereinement son fief, Guilhem guette le débarquement. Il engage plusieurs hommes dont l'un est porteur de la relique. La petite troupe est suivie par Le Maçon toujours déterminé à mettre la main dessus. Il attendra l'arrivée au fief de Guilhem pour attaquer le détenteur de la relique qui n'est autre que le linceul du Christ. Guilhem d'Usuel poursuivra l'assassin jusqu'à Rouen pour venger ses hommes.
Ce roman nous plonge dans une période troublée dans laquelle, comme souvent la religion, les symboles religieux, la superstition qui en découle, jouent un très grand rôle. Jean d'Aillon nous fait voyager d'escarmouches en batailles, à travers ce début de siècle, entre Terre Sainte et France. Le lecteur est plongé dans cette période, il assiste à toutes ces aventures comme si il y était. Un roman passionnant au rythme haletant, une atmosphère politique et sociale superbement rendue, une attention permanente au détail voilà les marques de fabrique des romans de Jean d'Aillon qui encore une fois nous régale. Ce roman fait partie d'une série, mais nul besoin d'avoir lu les précédents pour apprécier l'histoire. Je découvrirai les autres aventures de ce chevalier troubadour avec un grand plaisir.
vendredi 24 octobre 2014
A + 2
A + 2 de Sophie Schulze aux éditons Léo Scheer
Dans ce récit inclassable, Sophie Schulze nous parle d'elle, de son identité. Elle nous raconte sous trois angles différents mais qui se rejoignent, ce qui fait l'identité, le poids des origines sur une vie. Dans ce texte oscillant entre philosophie, histoire et poésie, l'auteure nous raconte tout ce qui l'a forgée, ce qui a fait d'elle la personne qu'elle est, une personne qui a dû démêler le vrai du faux dans une histoire familiale trouble.
La première partie du récit intitulée Personnalité juridique, porte sur notre identité légale, notre état civil, incarnée par nos papiers d'identité. Ces papiers si importants, qui si on les perd peuvent nous causer bien des tracas, surtout quand on voyage. L'auteure, ne parvenant pas à se fixer dans un métier précis ni dans une zone géographique, perd un jour ces papiers. Elle en vient à être retenue à l'aéroport n'ayant aucune preuve de qui elle est , de sa nationalité.
Dans la deuxième partie : Personne morale, la narratrice nous raconte ses études de philosophie, s'interrogeant en particulier sur la philosophie du totalitarisme. Puis elle décide de tout arrêter pour devenir juriste, une juriste qui s'occupera des sans-papiers, on revient à la notion d'identité.
Dans la troisième partie, la plus forte et la plus émouvante on retrouve notre auteure en visite à Auschwitz et à Birkenau. Dans cette partie traitée avec émotion et poésie, la poésie pour décrire l'horreur, l'auteure nous révèle qu'elle n'est pas descendante de déporté comme on aurait pu le penser mais qu'elle est la petite fille d'un tortionnaire nazi. Dans cette partie elle se libère de ce poids qu'elle traînait depuis si longtemps.
Sophie Schulze nous livre ici un récit parfois déroutant par sa chronologie parfois aléatoire et par sa construction thématique dans les deux premières parties. On est intrigué par cette voix qui la fustige, qui la malmène en permanence, cette voix intérieure qui ne lui parle qu'en allemand. Un récit déroutant donc mais très émouvant car cette construction qui peut paraître touffue, fait ressortir le poids que l'auteure a sur les épaules, elle porte en elle la culpabilité de son grand-père. Un récit dans lequel il faut entrer mais qui se révèle au final passionnant et émouvant. Dans cet acte de contrition pour des actes qu'elle n'a pas commis, elle se libère du poids de son passé pour prendre en main sa vie.
"Seigneur
Je te promets
De l'avouer
De dire la vérité
De mes origines
Quel que soit ton prix"
La première partie du récit intitulée Personnalité juridique, porte sur notre identité légale, notre état civil, incarnée par nos papiers d'identité. Ces papiers si importants, qui si on les perd peuvent nous causer bien des tracas, surtout quand on voyage. L'auteure, ne parvenant pas à se fixer dans un métier précis ni dans une zone géographique, perd un jour ces papiers. Elle en vient à être retenue à l'aéroport n'ayant aucune preuve de qui elle est , de sa nationalité.
Dans la deuxième partie : Personne morale, la narratrice nous raconte ses études de philosophie, s'interrogeant en particulier sur la philosophie du totalitarisme. Puis elle décide de tout arrêter pour devenir juriste, une juriste qui s'occupera des sans-papiers, on revient à la notion d'identité.
Dans la troisième partie, la plus forte et la plus émouvante on retrouve notre auteure en visite à Auschwitz et à Birkenau. Dans cette partie traitée avec émotion et poésie, la poésie pour décrire l'horreur, l'auteure nous révèle qu'elle n'est pas descendante de déporté comme on aurait pu le penser mais qu'elle est la petite fille d'un tortionnaire nazi. Dans cette partie elle se libère de ce poids qu'elle traînait depuis si longtemps.
Sophie Schulze nous livre ici un récit parfois déroutant par sa chronologie parfois aléatoire et par sa construction thématique dans les deux premières parties. On est intrigué par cette voix qui la fustige, qui la malmène en permanence, cette voix intérieure qui ne lui parle qu'en allemand. Un récit déroutant donc mais très émouvant car cette construction qui peut paraître touffue, fait ressortir le poids que l'auteure a sur les épaules, elle porte en elle la culpabilité de son grand-père. Un récit dans lequel il faut entrer mais qui se révèle au final passionnant et émouvant. Dans cet acte de contrition pour des actes qu'elle n'a pas commis, elle se libère du poids de son passé pour prendre en main sa vie.
"Seigneur
Je te promets
De l'avouer
De dire la vérité
De mes origines
Quel que soit ton prix"
mardi 14 octobre 2014
Dans le jardin de l'ogre
Dans le jardin de l'ogre de Leila Slimani aux éditions Gallimard
Adèle a tout pour vivre une vie de rêve, elle est journaliste, mariée à Richard un chirurgien, ensemble ils ont un petit garçon, Lucien. Mais Adèle a une vie cachée, une vie dans laquelle elle n'est plus la jeune journaliste sage, l'épouse du chirurgien ou la mère de famille. Dans cette autre vie, Adèle multiplie les aventures, des histoires qui durent parfois un mois, une semaine, quelques heures. Cette autre vie qui pourtant ne la satisfait pas prend de plus en plus de place, elle prend de plus en plus de risques.
Pourquoi une femme comme Adèle, s'est-elle marié? Pourquoi s'est-elle enfermée dans cette petite vie bourgeoise? Pourquoi a-t-elle fait un enfant :
"Adèle a fait un enfant pour la même raison qu'elle s'est mariée. Pour appartenir au monde et se protéger de toute différence avec les autres. En devenant épouse et mère, elle s'et nimbée d'une aura de respectabilité que personne ne peut lui enlever. Elle s'est construit un refuge pour les soirs d'angoisse et un repli confortable pour les jours de débauche."
Adèle n'est pas satisfaite de cette vie, elle sait que son addiction au sexe est maladive. " Elle s'était dit qu'un enfant la guérirait!" Un accident immobilisant son mari va faire prendre conscience à celui-ci de la situation, il va essayer de guérir sa femme en partant vivre à la campagne. L'éloigner de la ville pour l'éloigner da la tentation.
Dans ce premier roman sur le thème de l'addiction sexuelle au féminin, Leila Slimani a su déjouer les pièges qui peuvent se présenter quand on veut traiter un tel sujet. Elle a su éviter l'ornière de la pornographie et ne pas tomber dans le roman érotique. Nous assistons à la descente aux enfers d'une femme victime de la surenchère de l'addiction. Un portrait sans concession mais sans jugement, sans voyeurisme malsain. Un beau portrait de femme luttant contre ses démons et essayant de s'en sortir. Un personnage à la fois attachant et déroutant. Un premier roman réussi.
lundi 13 octobre 2014
Le liseur du 6H27
Le liseur du 6H27 de Jean-Paul Didierlaurent aux éditions Au diable vauvert
Guylain Vignolles, travaille au pilon, il est chargé de faire fonctionner "La chose", la Zerstor 500, machine infernale chargée de la destruction en masse des livres invendus. Dire que Guylain n'aime pas son métier est un doux euphémisme. Exercer un tel métier pèse sur sa conscience et chaque jour quand il doit aller nettoyer la machine, il récupère les feuillets rescapés de ces livres détruits, ces "peaux vives" qu'il place entre deux buvards pour les sécher et qu'il lit à voix haute tous les matins dans le RER, en faisant profiter tous les passagers de sa rame. Ses textes il les lit d'abord pour lui, comme pour se faire pardonner, le massacre dont il va être l'artisan dans la journée.
"Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écoeurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine..."
Un jour Guylain trouve dans le RER une clé USB. Toute la journée il est perturbé par la trouvaille mais il doit attendre le soir pour découvrir son contenu. Il y découvre les textes écrits par Julie, dame pipi dans un centre commercial, dont les mots le touchent, il se met d'ailleurs à lire ces textes à haute voix dans le RER avec succès. Il en vient à être obsédé par la jeune femme et va se mettre à sa recherche avec l'aide de son ami Giuseppe, ancien opérateur de "La chose"" qui y a laissé ses deux jambes.
Ce superbe roman jubilatoire, à la plume poétique, sensible, humoristique, est un roman sur les mots, sur l'amour des mots. Tous les personnages sont marqués par eux. Guylain a été marqué dès la naissance pas les mots, son nom étant transformé par moquerie en Vilain Guignol par ses camarades. Il n'aura de cesse plus tard de les partager avec les voyageurs de sa rame. Giuseppe, lui, va partir à la recherche des ses jambes en traquant les exemplaires d'un livre précis. Yvon, quant à lui, trouve à toute situation son alexandrin approprié. Lucie, elle , relate sa vie par écrit sur des carnets qu'elle retranscrit sur son ordinateur par la suite. Ses mots vont charmer Guylain. Ce premier roman de Jean-Paul Didierlaurent est un petit bijou de poésie, une déclaration d'amour aux mots, un pur régal.
""C'est droit comme une épée, un alexandrin, lui avait un jour expliqué Yvon, c'est né pour toucher au but à condition de bien le servir. Ne pas le délivrer comme de la vulgaire prose. Ça se débite debout. Allonger la colonne d'air pour donner souffle aux mots. Il faut l'égrener des ses syllabes avec passion et flamboyance, le déclamer comme on fait l'amour, à grands coups d'hémistiches, au rythme de la césure. Ça vous pose son comédien, l'alexandrin. Et pas de place pour l'improvisation. On ne peut pas tricher avec un vers de douze pieds, petit.""
dimanche 12 octobre 2014
Le poison d'amour
Le poison d'amour d' Éric- Emmanuel Schmitt aux éditions Albin Michel
Le roman nous présente quatre jeunes filles : Julia, Anouchka , Colombe, et Raphaëlle. Nous y lisons leurs journaux intimes. Ces quatre jeunes filles sont des "meilleures amies", elle traînent toujours ensemble! Elles sont adolescentes et à cet âge là on ne pense qu'à une chose : l'amour.
Nous faisons la connaissance de Julia, bercée par Shakespeare et ses pièces et qui a des citations du dramaturge anglais pour toutes les situations. Elle révèle à ses amies que l'été précédent, elle l'a fait! C'est la première d'entre elle à avoir franchi le pas et elle est très amoureuse.
Anouchka, elle, est l'adolescente qui ne s'aime pas, elle ne se reconnaît pas dans son corps! Ses parents sont ont plein divorce et son père lui annonce qu'il est amoureux d'un homme.
Colombe, elle, est l'amoureuse, elle tombe amoureuse facilement : " Quand j'aime, ça tombe toujours au hasard. Un garçon entre au Balmoral et je reçois une balle dans le coeur. J'ai chaud, je brûle, je m'effondre, victime de l'attentat , la blessée par surprise, le dommage collatéral. Je n'ai rien choisi."
Raphaëlle enfin, c'est la bonne copine, elle n'est pas trop jolie, elle est amie avec les garçons qui la considèrent plus comme un pote de plus que comme une fille.
Dans leurs journaux les quatre amies nous racontent leur vie, leurs questionnements sur l'amour avec en toile de fond, la représentation de Roméo et Juliette organisée par le lycée, dont nous suivons les préparatifs, les quatre jeunes filles ayant un rôle à y jouer.
Dans ce roman léger, à première vue, c'est l'amour qu'Eric-Emmanuel Schmitt, analyse, dissèque. Sa durée, ce qui fait qu'un couple tient, le désir. Et le constat n'est pas flatteur, l'amour apparaît comme une maladie, un virus incurable qui contamine l'homme et peut le conduire à la mort! Un roman choral, au style fluide très agréable à lire et qui fait réfléchir sur l'amour. Ce roman est le deuxième volet d'un dyptique dont L'élixir d'Amour est le premier opus. Un premier livre que je n'ai pas lu mais qui d'après le titre doit proposer une vision plus positive de l'amour.
"On ne choisit pas en amour, on est choisi par l'amour. La passion fond sur Juliette et Roméo comme un virus contamine un population. Venue de l'extérieur, elle les infiltre, elle creuse son lit, prospère, se développe. Ils la subissent, cette passion, ils se tordent de fièvre, ils délirent, ils laissent toute la place à ce fléau, au point d'en mourir."
dimanche 5 octobre 2014
Charlotte
Charlotte de David Foenkinos aux éditions Gallimard
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Ce roman/biographie, bien différent des autres oeuvres de David Foenkinos, retrace la vie de Charlotte Salomon. Artiste peintre allemande au destin tragique, Charlotte inspire à l'auteur une oeuvre atypique basée sur une véritable rencontre avec cette femme décédée dans les camps lors de la Deuxième Guerre Mondiale.
Charlotte Salomon est issue d'une famille marquée par la tragédie :
"Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe."
Dans sa famille le suicide semble courir dans les gènes. Elle est issue d'une longue lignée de suicidés, une épée de Damoclès qui pèse sur son entourage même si elle, enfant, n'est pas au courant. Elle l'apprend que bien plus tard vers la fin de sa vie.
" Treize années séparent la mort de sa mère de celle de sa tante.
Tout comme la mort de sa mère et celle de sa grand-mère.
Oui c'est exactement le même écart temporel.
Un geste quasiment identique pour toutes les trois.
Un saut dans le vide.
La mort à trois âges différents.
La jeune fille, la mère de famille, la grand mère.
Aucun âge ne vaut d'être vécu.
Dans le train qui roule vers le camp, Charlotte établit alors un calcul
1940+13 = 1953
1953 sera donc l'année de son suicide.
Si elle ne meurt pas avant."
Cette prise de conscience du destin familial ainsi que la pression exercée sur elle par les nazis du fait de se judéité vont expliquer cette notion d'urgence qui marque son oeuvre. Une oeuvre originale dans laquelle sont intimement entremêlés textes, dessins, références musicales. "Leben? oder Theater?" Vie? ou Théâtre?, une oeuvre qu'elle considère comme étant toute sa vie.
"En marchant, elle pense aux images de son passé.
Pour survivre elle doit peindre son histoire.
C'est la seule issue.
Elle le répète encore et encore.
Elle doit faire revivre les morts.
Sur cette phrase, elle s'arrête.
Faire revivre les morts.
Je dois aller encore plus profondément dans la solitude.
Fallait-il aller au bout du supportable?
Pour enfin considérer l'art comme la seule possibilité de vie."
Ce roman est le récit d'une rencontre entre l'auteur et l'artiste. Une rencontre due au hasard qui va se révéler déterminante pour David Foenkinos, la vie de Charlotte son oeuvre, vont le hanter, l'habiter, l'obséder pendant des années avant qu'il ne parvienne à 'écrire cette histoire. Il lui semble connaître Charlotte depuis toujours. L'auteur est présent dans le livre, il raconte sa rencontre, comment lui est venu cette envie, ce sentiment d'obligation d'écrire cette histoire, ses difficultés à trouver la forme idéale pour ce récit.
"La connivence immédiate avec quelqu'un.
La sensation d'être déjà venu dans un lieu.
J'avais tout cela de l'oeuvre de Charlotte.
Je connaissais ce que je découvrais."
"J'ai tenté d'écrire ce livre tant de fois.
Mais comment?
Devais-je être présent?
Devais-je romancer son histoire?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre? (...)
C'était une obsession physique, une oppression.
J'éprouvais la nécessité d'aller à la ligne pour respirer.
Alors j'ai compris qu'il fallait l'écrire ainsi."
L'intensité dramatique, émotionnelle de ce texte est liée au style d'écriture que l'auteur a choisi pour raconter cette rencontre, pour raconter le drame, l'amour, l'horreur. L'utilisation de phrases courtes d'une ligne, allant à la ligne comme pour des vers, donne à l'oeuvre l'aspect d'un de ces poèmes épiques de l'Antiquité. Un livre passionnant, profondément émouvant servi par une plume pleine de souffle et de poésie. Un tournant dans la carrière de l'auteur?? En tout cas à mon humble avis Foenkinos à son meilleur!!!!
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