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samedi 21 février 2015

L'âge de la colère



L'âge de la colère de Fernando J. Lopez, Sol y Lune éditions


   Madrid. Un fait divers horrible vient d'avoir lieu, un drame familial. Marcos un adolescent est accusé d'avoir sauvagement tué son père et d'avoir grièvement blessé l'un de ses frères. Santiago, un journaliste, veut comprendre ce qu'il s'est passé. Il projette d'en faire un livre. Après avoir arraché l'accord de son éditrice il se lance dans l'enquête. Qu'est ce qui a bien pu pousser Marcos à un tel accès de violence?

    L'enquête de Santiago le mène au lycée où étudiait Marcos, un lycée sous le choc. Il y fait la connaissance de Sonia, la Conseillère Principale d'Éducation à qui il explique son projet. Avec l'accord réticent du proviseur, Santiago va pouvoir enquêter. Il va s'appuyer sur plusieurs professeurs, dont le professeur principal, Alvaro, un enseignant inexpérimenté dont c'est le premier poste. Il hérite d'une des classes les plus difficiles du Lycée. D'autres professeurs ainsi que Sonia vont participer à cette enquête ainsi que quelques camarades de classe de Marcos avec l'accord de leurs parents. Santiago retourne alors dans les couloirs de son ancien lycée ou il va découvrir des professeurs découragés, manquant de moyens, livrés à eux-mêmes, des adolescents agités, peu concernés, des parents ou trop présents ou pas assez, une administration qui pare au plus pressé.

   "C'est un cercle vicieux, bien sûr, très simple, et facile. Ils savent qu'il suffit de nous taper sur les nerfs pour que tout éclate et finisse par nous exploser à la figure. Les parents, selon leur personnalité, aident à différents degrés. Pas beaucoup, à vrai dire. Soit ils ne s'impliquent pas, soit ils s'impliquent sans trop se mouiller. Éduquer de cette façon devient impossible. On ne peut pas exercer l'éducation seulement - et tout seuls - entre ces murs."

   L'enquête nous montre Marcos comme un jeune garçon apprécié de ses camarades, un leader, un garçon qui en impose, mais pas quelqu'un de violent. Il est apprécié par la majorité des ses professeurs qui s'appuient sur lui pour contrôler les autres élèves. Mais Marcos a changé ces derniers temps depuis la mort de sa mère. Il s'est d'abord renfermé, puis s'est attaqué à la voiture d'un professeur, mais rien n'indiquait qu'il était susceptible de commettre un tel acte. C'est un garçon  en pleine recherche de lui-même de son identité, bridé par un père très sévère. Santiago va tout faire pour éclairer les zones d'ombres qui émaillent cette affaire, pour briser le silence au lycée et dans les familles.


   L'âge de la colère nous montre le lycée tel qu'il est, à l'image de notre société. Les histoires personnelles des différents intervenants : enseignants, élèves se chevauchent, se heurtent, entrent en conflit dans ce vase clos ou toutes les émotions sont exacerbées. Une école où le manque de moyens et de volonté au plus haut niveau échoue dans son rôle éducatif et qui au lieu de les aider à grandir, à s'instruire, à s'émanciper, a plutôt tendance à détruire les plus faibles.  Un roman passionnant sur l'adolescence qui se cherche, qui essaie tant bien que mal de trouver son identité avec tout ce qui cela implique de conflits avec l 'autorité  tant dans la famille que dans le milieu scolaire. Un roman qui nous rappellera à tous nos années lycées avec leurs amitiés, les harcèlements entre élèves, les professeurs investis d'une mission, les autres dépassés, découragés, le tout amplifié par une société en manque de repères. Ce roman passionnant est à la fois une véritable enquête sur notre société et un thriller qui ne se lâche plus une fois commencé. Le lecteur est plongé, immergé dans l'enquête de Santiago.

   

mardi 6 janvier 2015

Une éternité plus tard




Une éternité plus tard de Nicolas Carteron aux éditions Grannonio


   Adam est un écrivain adulé "Six roman, six succès" seulement voilà depuis deux ans il n'a plus rien écrit. Depuis deux ans, il se morfond, il essaie mais tout ce qu'il écrit semble creux, vide. Depuis deux ans, date du terrible accident qui a tué sa femme et le bébé qu'elle portait. Le 20 juillet il part à vélo pour sa promenade quotidienne qui le guide comme d'habitude vers la Place St Michel, le place où il a rencontré sa femme. Bouleversé par ses souvenirs Adam ne fait pas attention, le casque sur les oreilles il ne voit pas arrivé le bus qui fonce vers lui. La collision a lieu, Adam est mort.


   Il se réveille dans une pièce toute blanche. Est-il vraiment mort? Adam se lève et sort de la pièce pour entrer dans une autre. Dans cette pièce trône un bureau auquel est assis un homme aux longs cheveux blancs. Adam n'en croit pas ses oreilles, l'homme lui offre une seconde chance. L'homme lui donne une liste, sur cette liste figurent cinq noms de personnes qui vont mourir dans les jours à venir, s'il les sauve Adam se retrouvera au moment de l'accident qui lui a coûté la vie et disposera de cinq secondes supplémentaires pour éviter le bus.


  Je n'en dirai pas plus concernant l'intrigue de ce roman pour ne pas vous privé du plaisir de la découverte.


  Une éternité plus tard est  roman à l'intrigue particulièrement bien maîtrisé auquel on peut cependant reprocher quelques maladresses de style bien excusables pour un premier roman. Un roman plein de rebondissements qu'on ne peut plus lâcher une fois commencé. Un roman efficace très agréable à lire. Depuis le temps qu'on me disait sur les réseaux sociaux de découvrir ce jeune auteur, je ne regrette pas d'avoir franchi le pas et me laisserai rapidement tenter par ces deux autres romans. Un jeune écrivain prometteur.




 


lundi 1 décembre 2014

L'heure des fous



L'heure des fous de Nicolas Lebel aux éditions Marabooks



    A Paris, près de la Gare de Lyon, le cadavre d'un SDF est retrouvé. L'enquête est confiée au Capitaine Mehrlicht. Des témoins interrogés affirment avoir vu l'homme emmené par trois individus qui une fois repérés ont décidé de s'en débarrasser. L'enquête du capitaine s'oriente très vite vers le milieu des SDF mais coup de théâtre, l'identité de la victime, Marc Crémieux, journaliste d'investigation, rend l'affaire explosive. 


    Les hommes de Mehrlicht se concentrent alors sur l'enquête que menait le journaliste. Ils retrouvent chez lui des documents sur Napoléon III. Ils découvrent que Crémieux enquêtait sur la personnalité d'un jeune SDF au parcours troublant.  Mais l'enquête piétine et les autorités adjoignent à l'équipe de Mehrlicht, un autre capitaine ce qui fait suspecter à Mehrlicht que l'affaire est bien plus compliquée qu'il n'y parait.


   Avec L'heure des fous, Nicolas Lebel signe un premier roman haletant, fourmillant de références, à Audiard,  à Hugo. Un roman où les personnages principaux sont bien campés. Les personnalités des différents membres de l'équipe sont décrites avec précision, donnant encore plus de poids et de saveur à l'intrigue. Nous avons le Capitaine Mehrlicht au nom prédestiné (plus de lumière en allemand) personnage bourru , flic à l'ancienne, encyclopédie ambulante au langage difficilement compréhensible pour ses subalternes. Ils auraient presque besoin d'un dictionnaire argot-français pour le suivre. Il est fan d'Audiard et à chaque sonnerie de son téléphone une application choisi une citation du dialoguiste. Le lieutenant Dos Santos, flic dans l'âme, rigide, trop rigide parfois, connaît le code pénal par coeur et ne résiste pas à mettre les gens devant leurs contraventions au code en leur citant in extenso les articles correspondants. Le lieutenant Latour, seule femme de l'équipe, a bien du mal à se faire la place qu'elle souhaiterait avoir dans l'équipe du fait de son sexe. Et enfin Ménard, lieutenant stagiaire et souffre douleur de Mehrlicht , plein d'abnégation qui se révélera d'une grande utilité à l'équipe.


   L'heure des fous est un roman passionnant, au rythme soutenu, on ne peut plus le lâcher une fois commencé. Le style de Nicolas Lebel mêle avec talent les descriptions souvent poétiques, à l'argot, passant avec brio des envolées quasi hugolinennes au langage vert d'un San Antonio. Cette plume sert à merveille le roman, rendant encore plus réaliste sa description des bas fonds de Paris, cette cour des miracles contemporaine. Vous l'aurez compris, ce roman est un coup de coeur et j'ai hâte de me plonger dans Le jour des morts, le deuxième roman de Nicolas Lebel.


   " -Je te dis que la loi, on la balance pas sur la ville au Kärcher, c'est un travail d'impressionnistes... de pointillistes, même. Par petites touches. Notre macchab en est une.
On peut pas passer tous les gonzes indélicats à la bascule à charlot, ou leur coller une quetsche dans la théière. C'est pas le Chili   ici."

   " Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui se passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment - ce qui se produisait toutes les demi-heures - on voyait poindre de sa gueule un magot laiteux qu'il supait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte."

dimanche 23 novembre 2014

Le cimetière des hirondelles



Le cimetière des hirondelles de Mallock aux éditions Fleuve Noir


   Le commissaire Mallock et son équipe sont soumis à rude épreuve. Le frère de Julie, l'une des plus proche collaboratrices du commissaire, l'un des cinq doigts de sa main, a été arrêté en République Dominicaine. Manu, cet homme bon, historien, mari exemplaire et jeune père, a quitté le domicile familial après le visionnage d'un documentaire, a pris un vol pour la République Dominicaine et a tué un homme. Quelle est l'explication de ce geste insensé pour un homme aussi équilibré.


   Dès qu'il est mis au courant de cette étrange histoire, Mallock prend la direction de la République Dominicaine pour récupérer Manu dont le transfèrement a été négocié entre les deux États. Manu ayant été grièvement blessé lors de l'assassinat de Darbier, Mallock ne peut l'interroger tout de suite. Le commissaire commence donc son enquête. La culpabilité de Manu ne fait aucun doute. Quand Manu est enfin apte à être interrogé, Mallock est anéanti. Manu serait-il devenu fou. Il affirme avoir tué Darbier car celui-ci l'avait déjà tué dans le passé. Mallock ne sait pas par quel bout prendre cette affaire, faute d'idée il se rend chez une voyante du cru qui lui fait ingurgiter une potion qui lui fait voir des images effrayantes.


   De retour à Paris, l'enquête s'oriente vers la piste insolite de la réincarnation. Manu, interrogé, répond par la voix d'un lieutenant décédé pendant la première guerre mondiale, suite aux tortures d'un ogre nazi. Mallock va donc enquêter sur la vie de ce lieutenant pour vérifier le témoignage de Manu. Tout concorde. Mais comment innocenter Manu? Comment faire avaler à la justice cette théorie de la réincarnation?  Mais cette piste est-elle la bonne? Réincarnation ou manipulation?


   Dans ce roman passionnant et merveilleusement écrit nous suivons les doutes, les interrogations de Mallock,  misanthrope au grand coeur, un homme pétri de douleur (il a perdu sa femme et son fils) et d'humanité. Un ours au coeur tendre terriblement attachant.

   "Mais qu'est-ce-que c'est que cette société de merde, se mit à grogner Mallock, où l'on ne pouvait plus rouler, manger, fumer ou travailler tant qu'on peut, et dire toutes les vérités qu'on veut, les mots qui nous viennent? C'était  quoi ce putain de purgatoire, où les Hommes, nivelés par le bas, ne vivaient plus qu'émasculés, assistés, assurés , botoxés, lobotomisés, loto-misés, liposucés, flashés? Putain de vie molle, où on allait, queue baissée, autocensurés, à petits pas comptés, chercher ses recommandés ou les résultats dûment remboursés de sa coloscopie."


   Une enquête passionnante du début à la fin. Un récit émaillé de réflexions sur notre société, servi par une plume à la fois acérée, tendre, humoristique, poétique. Un excellent moment de lecture, à mettre entre toutes les mains.

   "Dans les couloirs et les salles d'attente du bâtiment public croupissait la foule des petites gens. Ils attendaient en guenilles, le regard brillant d'espoir naïf une justice en loques, une salope au yeux bandés qui ne montait qu'avec ceux  qui pourraient s'en payer les charmes."