La grande roue de Diane Peylin aux Editions Les Escales
Emma est une jeune femme qui se sent transparente. Ses
parents ne se sont jamais occupé d’elle, elle ne semble pas compter pour eux.
En été 1986, elle rencontre Marc au pied d’une grande roue. L’homme l’aborde
et Emma est immédiatement sous son charme. N’attendant plus rien de sa vie de
famille, elle fait ses bagages et part vivre avec lui. Elle vit un véritable
conte de fées. Marc est bel homme, charismatique, il ne sait pas quoi faire
pour lui faire plaisir et lui montrer qu’il l’aime. Il l’appelle sa « poupée ».
Emma est tellement amoureuse qu’elle ne se rend pas compte que le prince
charmant peut parfois cacher un ogre.
Tess erre sans but dans les rues. Elle semble désorientée.
Les autres passants l’évitent. Elle ne sait même plus qui elle est.
« Tess ne
reconnait rien ici. Ni le nom des rues, ni les bars, ni les visages. Dans la
nuit, tout est un peu vaporeux. Aveuglée par les néons qui déchirent la
pénombre, la belle à la robe rouge poursuit son errance au milieu de la foule.
Elle a l’impression de marcher à contre-sens mais sur le trottoir il n’y a pas
de sens. Les gens vont et viennent dans un désordre minuté, d’un point A à un
point B. Comme si tout était là, dans ce point A et ce point B. Tess sent sa
gorge se serrer. Une question lui bloque la trachée. Une question épaisse,
lourde et indigeste, entraînant un tourbillon de questions.
Que fait-on lorsqu’on
n’a que le point A ? Que le point B ? Ou ni le point A, ni le point B ? »
David roule sur une route de montagne. Il se rend vers son
nouveau travail, vers sa nouvelle vie. La tempête de neige rend la conduite
difficile, David se sent fiévreux, sa vue se trouble, il est sujet à des
vertiges. David est inquiet. Deviendrait-il fou. Il ne reconnaît plus son corps
qui semble changer d’aspect, se métamorphoser. Il sait qu’il s’appelle David
Bresson mais même de cela, il n’est pas complètement sûr.
Nathan est assis face au commissaire Field. Comme
régulièrement depuis des années il a été convoqué. Le lecteur ne sait pas
pourquoi. La raison de cette convocation tient à une affaire non résolue qui
tient particulièrement à cœur au commissaire, qui le touche personnellement.
Comme les personnages de Diane Peylin, en quête de leur
identité, j’ai été trimbalé tout au long de l’histoire. Comme eux je me suis
retrouvé dans une ambiance de fête foraine, dérangeante, à la David Lynch.
Comme Tess dans son labyrinthe urbain, comme David qui semble enfermé dans un
palais de miroirs déformants, j’ai été déstabilisé par la construction
diabolique de ce superbe roman. Peu à peu les pièces du puzzle se mettent en
place, petit à petit, Diane Peylin distille son passionnant venin.
J’avais découvert la plume de Diane Peylin avec Même les pêcheurs ont le mal de mer qui avait été un de mes coups de cœur de l’année
dernière. J’attendais donc avec une impatience mêlée d’appréhension ce nouveau
roman. Vous l’aurez compris, j’ai été tout aussi séduit par La grande roue. Tant par sa construction que par la plume de l’auteur. Un style qui nous fait
ressentir à la perfection la confusion, les émotions de ses personnages. La grande
roue est mon premier coup de cœur de cette nouvelle année.
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