mardi 30 décembre 2014

Clara et la pénombre




Clara et la pénombre de José Carlos Somoza aux éditions Actes Sud




Dans ce roman publié en 2001, l'auteur nous invite en 2006 dans le monde de l'art. Un monde ou tout a changé. L'art Hyper Dramatique tient le haut du pavé. C'est un art ou les toiles n'existent plus, ou plutôt si , elles existent mais elles sont humaines, vivantes. Ces toiles humaines sont peintes, mises en scène, exposées, vendue comme les anciens tableaux. C'est un commerce juteux qui rapporte aux artistes, mais aussi à ces modèles qui par ce biais engrangent beaucoup d'argent et espèrent passer à la postérité mais à quel prix?



   Le marché de l'art Hyper Dramatique est dominé par un peintre hollandais, Bruno Van Tysch. Ce peintre, habile homme d'affaire a aussi créé une fondation pour développer ses revenus et protéger ses oeuvres qui sont accompagnées par des agents de sécurité. Tous les aspirants modèles ne rêvent que d'une chose être peints par lui. C'est le ças de Clara, jeune espagnole qui ne vit que pour être une toile, qui est prête a accepter tous les sacrifices pour être le modèle original d'une de ses oeuvres.


   "Être une oeuvre d'art a quelque chose de... d'inhumain. Tu dois être froide, beaucoup plus froide. Imagine un sujet de film de science fiction : l'art est comme un être d'une autre planète et se manifeste à travers nous. Nous pouvons peindre des tableaux et composer des musiques, mais ni le tableau ni la musique ne nous appartiendrons, parce que ce ne sont pas des choses humaines. L'art nous utilise, petite, il nous utilise afin de pouvoir exister, mais c'est comme un alien. Tu dois penser à ça : quand tu es un tableau, tu n'es pas humaine."

   Le meurtre du  jeune modèle de la toile Défloration, l'un des chefs d'oeuvre de  Van Tysch passe d'abord pour le geste d'un détraqué, tant cet assassinat est monstrueux, mais il est suivi de près par celui des deux protagonistes du tableau Monstres, autres oeuvre importante du maître. Toute la fondation est en émoi et son service de sécurité enquête. Est-ce l'oeuvre d'un concurrent, d'un fan dérangé? Toujours est-il que dans le contexte de la mise en place de la nouvelle exposition du maître le pire est à craindre.

   Ce roman de José Carlos Somoza est une oeuvre hybride. C'est à la fois un roman d'anticipation, un thriller, mais aussi et je dirais surtout une réflexion sur l'art contemporain, sur ses dérives mercantiles poussées ici à l'extrême avec la vente, l'échange de toiles humaines. Un roman passionnant composé comme un tableau. La première partie tourne autour des couleurs, la deuxième autour des formes, et la troisième autour de l'exposition de l'oeuvre. Une construction originale qui nous plonge dans le milieu de l'art sans jamais nous perdre. Une réussite.






 

mardi 16 décembre 2014

Un léger déplacement




Un léger déplacement de Marie Sizun aux éditions Arléa




    Ellen vit à New York depuis trente-cinq ans. Elle y a suivi Norman son mari. Ensemble ils tiennent une petite librairie française dans le quartier de Chelsea, un quartier à taille humaine qui fait penser à un village. Un jour Ellen reçoit un appel de France. Le notaire de sa famille l'informe que sa belle-mère, la seconde épouse de son père est décédée et qu'elle est maintenant la propriétaire de l'appartement familial. Ellen n'hésite pas, elle doit se rendre à Paris pour mettre en vente ou en location cet appartement. Ils ont besoin de cet argent pour agrandir la libraire, et aider leur fille.


   Dès son arrivée à Paris Ellen est bouleversée. Elle retrouve les rues, les ambiances de son enfance et de son adolescence. Bien sûr les choses ont changé, mais pas tant que ça finalement. Elle retrouve facilement le chemin de l'appartement familial pour une plongée dans le passé, dans son histoire. Une histoire dont elle a occulté les périodes les plus dramatiques. Elle ne se souvient plus de certains personnages pourtant si importants dans sa vie, comme sa propre mère par exemple décédée quand elle était toute jeune. Ellen redevenue pour un temps la petite Hélène, va questionner son passé mais aussi son présent. Jeter des ponts entre son histoire et sa vie actuelle.


   "Mais lorsque enfin elle se glisse dans le lit étroit de la chambre du fond et qu'elle éteint la lumière, c'est comme un vertige : dans l'obscurité, aujourd'hui pourrait être hier, le lointain hier d'avant. C'est bien son corps, c'est bien elle-même, Hélène, qui est entre ces draps, dans cette chambre. peut-être que le temps n'a pas passé. Peut-être qu'on est autrefois. Imaginer, rien qu'un instant, qu'elle va se réveiller demain avec le même tressaillement de bonheur que cet été là!"


   "Et voilà que les choses curieusement, lui apparaissent sou un nouveau jour, décalées : comme s'il avait suffi d'un rien, d'un léger déplacement, pour qu'elle ressente une tendresse nouvelle, étrangement poignante pour son père. Une tendresse pleine de questions. C'est elle qui n'avait rien compris."


   La plume tendre, sensible, délicate, précise, poétique de Marie Sizun nous porte dans ce voyage entre passé et présent, dans ce voyage extérieur et intérieur, ce léger déplacement entre New York et Paris, entre passé et présent. Un léger déplacement qui change le point de vue que l'on a sur la vie, qui nous permet de nous nous remémorer des choses qu'on avait, oubliées, de comprendre celles qu'on avait mal comprises,  qui nous propose  de voir de l'autre côté du miroir. Un roman coup de coeur, oui, encore un! Que j'ai de la chance en ce moment d'enfiler ces perles! Un conseil, précipitez vous, et découvrez le style de Marie Sizun, pour ma part je vais me procurer d'urgence ses autres romans.


   "Ellen se dit que la mort, la vraie, ce serait peut-être quelque chose comme ça, quelque chose de magique et de naturel à la fois. Comme il arrive dans les rêves. Rien d'autre qu'une brève rupture, un léger déplacement : le glissement délicat d'un monde dans l'autre. Au fond n'y avait-il pas là une certitude rassurante et tendre, comme la promesse que rien de mauvais ne pouvait désormais arriver?"

samedi 13 décembre 2014

Les derniers indiens



Les derniers indiens de Marie-Hélène Lafon aux éditions Buchet Chastel


     Les derniers indiens ce sont les Santoire. La mère, le père, Pierre, Marie et Jean. De cette famille ne restent plus que les deux derniers tous les autres sont morts les uns après les autres mais leur présence les hante. Marie et Jean sont à la retraite, la soeur et le frère vivent ensemble dans la maison familiale ou rien n'a changé depuis la mort de la mère. Dans cette famille de paysans auvergnats on a des principes, on vit comme il faut selon des règles ancestrales, on tient son rang. Pas comme ces voisins descendants d'ouvriers journaliers qui croissent et se multiplient, qui s'étendent sous leurs fenêtres. Marie à travers des yeux de laquelle nous revivons l'histoire de la famille passe son temps à les regarder vivre. Car chez les Santoire on ne vit pas, on se contente de travailler et de se conformer au règles édictées par la mère.


     La mère, personnage despotique, vivant dans l'ombre d'un père qui restera à jamais le seul homme de sa vie, ne s'est mariée que pour assurer la descendance, pour asseoir la dynastie. Fière de son rang, elle ne veut être appelée que Madame Santoire, n'acceptant pas le nom de son mari qu'elle considère juste comme un ouvrier, et un géniteur. C'est elle qui possède tout. Elle a trois enfants mais seul Pierre, l'héritier reçoit son amour. La mère dirige son petit monde d'une main de fer. Elle aime que les choses et les gens restent à leur place, pas comme c
es voisins qui sont sortis du rang. Elle crée ainsi un vase clos ou ce qui se passe à l'extérieur n'a pas sa place. La modernité on ne fait que l'observer chez ces voisins qui ont su s'adapter au monde actuel, mais l'adopter serait déchoir.


   Ce roman est la chronique d'une mort annoncée. La mort d'une famille, la mort d'un monde vivant dans le passé, replié sur lui même et sur son histoire, hanté par ses morts. Ce roman est un huis-clos étouffant, nous ne quittons pas la pièce principale de la ferme des Santoire. Nous ne quittons pas les souvenirs de Marie, cette femme qui ne vit que dans le passé, dont la vie s'est arrêtée à la  mort de la mère. Cette mère toute puissante qui l'a empêchée de vivre.  Sa vie se passe dans la contemplation du monde qui change, ce monde représenté par ces voisins honnis. Un roman intimiste passionnant servi par la plume envoûtante de Marie-Hélène Lafon.

   "Les expressions faisaient le tour du monde et le mettaient en ordre, elles donnaient les règles, elles prévoyaient tout ; la mère avait régné par leur puissance qui coulait avec son sang, qui était son héritage à l'égal  des terres des bâtiments , de la maison et du nom."






 

vendredi 12 décembre 2014

Portrait d'après blessure




Portrait d'après blessure d'Hélène Western aux éditions Arléa




19 septembre, une explosion a lieu dans le métro, une explosion mortelle. Olivier et Heloïse deux amis se trouvaient dans la rame qui a explosé. Olivier n'a pas perdu connaissance mais est blessé au visage. Heloïse, elle s'est évanouie et semble plus touchée. Ses vêtements ont été arrachés par le souffle de l'explosion. Olivier n'attend pas l'arrivée des secours. Il brise la vitre du wagon avec ce qu'il trouve et sort son amie de la rame, il la porte vers les secours qui s'organisent. Une personne est témoin de cet acte, un photographe de presse. Il prend la photo. Un cliché qui se retrouvera en première page de Scoop-Images, et qui sera repris partout dans la presse et sur internet.


  Nous assistons aux soins, à la convalescence plus ou moins longue d'Olivier et Heloïse. Olivier se remet plus vite. Ses blessures sont moins graves. Il ne peut voir Heloïse qui après une période en soins intensifs est toujours à l'hôpital veillée par son mari. Ils essaient de se remette du traumatisme de l'explosion. Un autre traumatisme vient s'ajouter, celui de la photo. Une photo dont la légende laisse entendre que les deux amis sont amants. Une photo qui a d'autant  plus de répercussion qu'Olivier est un personnage public. Historien, il a créé une émission télévisée, Histoire d'images, qui étudie des photos historiques, prises lors de conflits. C'est en mettant sur pied cette émission qu'il a rencontré Heloïse, documentaliste au ministère de la Défense. Très vite une profonde amitié s'est nouée entre eux. Tous deux savent qu'il y a bien plus que de l'amitié entre eux. Tous deux sont en couple et hésitent à franchir le pas. Un pas que d'ailleurs Olivier se promettait de franchir juste avant l'explosion.

 L'explosion éloigne les deux amis. L'explosion et la photo. Heloïse protégée par son mari, n'est pas au courant du cliché , de sa large diffusion. Olivier, lui est anéanti, il ne sait pas qu'Héloïse en ignore tout, il se remet petit à petit  aux côtés de Karine, sa compagne qu'il n'aime plus.

   "Ses mains et sa bouche me murmuraient des choses apaisantes, tendres. Elles cherchaient à me persuader que j'étais encore en vie. Dans ma nuit personnelle, l'amitié du corps de Karine m'offrait un répit. Un gué pour franchir la succession vide des journées , ces images qui me traversaient comme des coups de couteau et la peur collante qui avait infiltré mon quotidien."

Héloïse va finir par trouver la photo, une photo qui jette son corps en pâture au voyeurisme. Olivier et  Héloïse vont reprendre contact et décider de contre attaquer, d'attaquer en justice le journal à scandales, pour se reconstruire.

Dans ce superbe roman, Hélène Gestern, nous parle de droit à l'image, de l'absence de dignité d'une presse prête à tout les surenchères pour vendre du papier sans se soucier du traumatisme que cela peut causer aux victimes,  sans se soucier de rajouter de la douleur à la douleur déjà causée par le drame. Nous vivons le calvaire d'Olivier et d'Héloïse, nous nous identifions à eux. Portrait d'après blessure est un roman fort, porté par une plume pleine de sensibilité  mais aussi de force, et d'indignation. Ce roman est un coup de coeur et je vais me précipiter sur le roman précédent d'Hélène Gestern, Eux sur la photo, qui me tentait déjà avant de lire ce livre.

   "Mais ce soir le chagrin était d'une autre teneur. Il avait la couleur de l'impudeur : flashes, images crues d'une intimité disséquée au scalpel méchant de la presse à scandale, ses morceaux de chair palpitant dans la lumière ; portrait cruel d'après blessure, viande photographique sur laquelle s'agglutinent les regards comme des mouches obsédantes en appétit de malheur, aiguillonnées par l'archaïque goût du drame."

jeudi 11 décembre 2014

Providence




Providence de Valérie Tong Cuong aux éditions Stock



Marylou, secrétaire malmenée par son patron, est mère célibataire, elle ne vit que pour son fils, ne tient le coup que pour lui. Albert, architecte de renom, solitaire, vient d'apprendre qu'il n'a que quelques mois à vivre. Prudence, avocate de talent, est elle aussi au bout du rouleau, ayant du mal à s'imposer,  femme et noire de surcroît dans ce monde régi par les hommes. Tom, producteur de film, amoureux transi de Libby tombe nez à nez avec l'amante de celle qu'il voulait épouser.


    Ces quatre personnages malmenés par la vie, vont vivre une journée qui va bouleverser leur vie. Ils nous racontent tour à tour leur histoire leurs difficultés, leurs déceptions, leurs réussites, leurs échecs jusqu'à cette fameuse journée qui va les amener à se rencontrer, à réfléchir sur leur vie, à changer de vie. Il suffit d'un rien, d'un retard, d'un accident, d'une allergie à une pâtisserie, d'un suicide manqué, d'une explosion, et de la compassion, de la curiosité, de l'ouverture d'esprit  d'un enfant pour que tout bascule.


    Dans ce roman choral les personnages vont être confrontés à des manifestations de la Providence sous forme de petits accidents, de petites chances qui peuvent paraître anodins mais qu'il faut savoir saisir pour avancer, pour évoluer, pour être heureux. Un roman frais, rythmé, porté par une plume alerte. Valérie Tong Cuong fait partie de ces auteurs qui vous mettent du baume au coeur, qui vous font voir le bon côté de  la vie même quand elle est difficile. Une auteure que j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire.


   "-Une autre fois, a fait Albert en s'adressant à Marylou, je vous raconterai comment ce jour-là, j'ai moi aussi emprunté un taxi qui a changé le cour de ma vie.
    -Le cours de nos vies , ai-je souligné. Pourquoi ce jour là? Je me poserai toujours la question.
    -Peut-être que le monde a parfois un hoquet , a dit Marylou, songeuse. Il est programmé d'une certaine façon, et puis quelque chose ou quelqu'un  décide de tout changer à la dernière minute."

Noces de verre



Noces de verre de Philippe Routier aux éditions Stock



   
  Khadija, jeune fille d'origine marocaine a grandi en banlieue parisienne dans l'atmosphère de l'épicerie familiale. Elle a aimé son enfance choyée, rythmée par le contact de la clientèle. Khadija a grandi, sa mère est morte et son père a décidé de retourner au pays tenter sa chance. La jeune femme se retrouve donc seule et doit prendre sa vie en main. Un jour à la laverie automatique, elle rencontre un  jeune homme. Elle tombe sous son charme, attirée par cette impression de force et de solidité qui se dégage de lui. Très vite les deux jeunes gens tombent amoureux et décident de se marier.


   Pour fonder leur famille, les deux tourtereaux décident de déménager dans la région de Cahors, région d'origine de Virgile. Ils se rapprochent de la famille de Virgile. La vie de Khadija tombe très vite dans l'horreur. Elle découvre rapidement le vrai caractère de son mari, violent et pervers. Ils vivent dans une maison isolée et elle sait qu'elle ne peut attendre aucune aide de ses beaux-parents qui n'on jamais accepté le mariage de leur fils avec une étrangère. Virgile frappe sa femme à la moindre occasion et contrôle complètement son existence.


 "Virgile avait isolé sa femme, à qui il ne concédait  que deux espaces libres : le mas et le Vival Casino.
   Il contrôlait sa vie, bornée par deux bourgs engourdis."


     Dans ce roman, la violence conjugale est analysée,  avec précision, froideur. L'auteur rapporte les faits,  il les dissèque. On assiste à l'évolution des réactions de la jeune femme à la violence physique et morale que lui fait endurer à son mari. D'abord elle l'excuse, puis elle accepte son sort sans savoir quoi faire, enfin c'est quand elle sent son fils en danger qu'elle décide de réagir.  Les noces de verres est un roman passionnant qui se lit d'une traite. Le style précis, sans fioritures de l'auteur donne au roman un réalisme qui donne froid dans le dos. Un roman efficace, sans pathos, la description d'une situation malheureusement assez courante.


   "Il se mit à penser à la gifle qu'il avait donnée à sa femme. Il comprenait mal pourquoi il s'était laissé aller à ce geste et se demandait s'il devait en éprouver du remords. Il avait entendu dire dans une émission de télévision q'un homme sur dix frappait sa compagne. C'était donc une multitude, et la multitude ne pouvait pas être composée que de sales types."


   

samedi 6 décembre 2014

Concours Noël des bloggers



Pour fêter cette fin d'année et le début de la suivant, 8 Blogs se sont réunis afin de vous gâter !!

Au total 8 lots à gagner soit 8 gagnants !! Excusez du peu !! on ne se moque pas de vous ...

Le principe est très simple, une image représentant une lettre est cachée sur chaque blog. En retrouvant toutes les lettres vous pourrez composer un mot.
Il ne vous reste plus qu'à nous envoyer ce mot mystère, le titre et l'auteur de chaque chronique où se trouve les lettres avec votre nom (ou pseudo) et email à l'adresse suivante concoursinterblog@yahoo.com

Vous avez jusqu'au 23 Janvier 2015 inclus pour participer. (Tirage au sort le week-end de 24-25)

Attention, vous êtes prêts ? Voici la liste des blogs (pour certains un indice s'impose !)


Ce livres et fourneaux (Indice : "Un joli conte des temps modernes" !!! )
Emotions Blog littéraire et musical (Indice :"il vaut mieux en avoir dans le sport, y a pas photo (enfin si...)"
Le shoot de loley ( Indice : Gothique)
Leeloo s'enlivre
Les lectures du hibou ( Indice : Catacombes)
The big blowdown (Indice : Federico (Moi-même et Lorca)
Tribulations d'une vie (Indice : "Puisse le sort vous êtes...")
Les cibles d'une lectrice à visée (Indice : Pas un coup de cœur mais s'en approche!)

Liste des lots :

- un roman " la méthode Schopenhauer" d'Irvin Yalom
- un lot " Saules aveugles, femme endormie" de Haruki Murakami et "13 à table"
- un roman "Un hiver avec Baudelaire" de Harold Cobert en grand format
- un roman "Irradié" Collectif des auteurs du noir
- un roman au choix : "Une disparition inquiétante Dror Mishani" OU "Les Origines de l'amour" de Kishwar Desai
- un roman "le magasin des suicides" de Jean Teulé
- un lot " Tapis rouge" de James Patterson & Marshall Karp et "Le dernier déluge" de David Emton
- un roman "Avant d aller Dormir" de Watson, Éd Sonatine.


Les gagnants autorisent les bloggers organisateurs à divulguer leur nom et prénom ou le pseudo communiqué pour la diffusion des résultats.

Bonne chasse ! Très bonnes fêtes de fin d'année de notre part à tous.

lundi 1 décembre 2014

L'heure des fous



L'heure des fous de Nicolas Lebel aux éditions Marabooks



    A Paris, près de la Gare de Lyon, le cadavre d'un SDF est retrouvé. L'enquête est confiée au Capitaine Mehrlicht. Des témoins interrogés affirment avoir vu l'homme emmené par trois individus qui une fois repérés ont décidé de s'en débarrasser. L'enquête du capitaine s'oriente très vite vers le milieu des SDF mais coup de théâtre, l'identité de la victime, Marc Crémieux, journaliste d'investigation, rend l'affaire explosive. 


    Les hommes de Mehrlicht se concentrent alors sur l'enquête que menait le journaliste. Ils retrouvent chez lui des documents sur Napoléon III. Ils découvrent que Crémieux enquêtait sur la personnalité d'un jeune SDF au parcours troublant.  Mais l'enquête piétine et les autorités adjoignent à l'équipe de Mehrlicht, un autre capitaine ce qui fait suspecter à Mehrlicht que l'affaire est bien plus compliquée qu'il n'y parait.


   Avec L'heure des fous, Nicolas Lebel signe un premier roman haletant, fourmillant de références, à Audiard,  à Hugo. Un roman où les personnages principaux sont bien campés. Les personnalités des différents membres de l'équipe sont décrites avec précision, donnant encore plus de poids et de saveur à l'intrigue. Nous avons le Capitaine Mehrlicht au nom prédestiné (plus de lumière en allemand) personnage bourru , flic à l'ancienne, encyclopédie ambulante au langage difficilement compréhensible pour ses subalternes. Ils auraient presque besoin d'un dictionnaire argot-français pour le suivre. Il est fan d'Audiard et à chaque sonnerie de son téléphone une application choisi une citation du dialoguiste. Le lieutenant Dos Santos, flic dans l'âme, rigide, trop rigide parfois, connaît le code pénal par coeur et ne résiste pas à mettre les gens devant leurs contraventions au code en leur citant in extenso les articles correspondants. Le lieutenant Latour, seule femme de l'équipe, a bien du mal à se faire la place qu'elle souhaiterait avoir dans l'équipe du fait de son sexe. Et enfin Ménard, lieutenant stagiaire et souffre douleur de Mehrlicht , plein d'abnégation qui se révélera d'une grande utilité à l'équipe.


   L'heure des fous est un roman passionnant, au rythme soutenu, on ne peut plus le lâcher une fois commencé. Le style de Nicolas Lebel mêle avec talent les descriptions souvent poétiques, à l'argot, passant avec brio des envolées quasi hugolinennes au langage vert d'un San Antonio. Cette plume sert à merveille le roman, rendant encore plus réaliste sa description des bas fonds de Paris, cette cour des miracles contemporaine. Vous l'aurez compris, ce roman est un coup de coeur et j'ai hâte de me plonger dans Le jour des morts, le deuxième roman de Nicolas Lebel.


   " -Je te dis que la loi, on la balance pas sur la ville au Kärcher, c'est un travail d'impressionnistes... de pointillistes, même. Par petites touches. Notre macchab en est une.
On peut pas passer tous les gonzes indélicats à la bascule à charlot, ou leur coller une quetsche dans la théière. C'est pas le Chili   ici."

   " Ses yeux étaient deux boules sombres que l'on aurait juré indépendantes l'une de l'autre, capables de lorgner l'une la grille de sudoku, l'autre ce qui se passait alentour. Nul n'aurait pu dire s'il avait une langue visqueuse, mais à l'instant où il quittait le bâtiment - ce qui se produisait toutes les demi-heures - on voyait poindre de sa gueule un magot laiteux qu'il supait avec délectation, s'imbibant de sa teinte cireuse jusqu'au bout de ses doigts-ventouses. Au portrait s'ajoutaient des taches brunes qui ponctuaient chaotiquement son crâne fripé où vacillaient au vent du ventilateur les derniers lambeaux d'une chevelure défunte."