samedi 30 novembre 2013

Le joli mois de mai




Le joli mois de mai d'Emilie de Turckheim aux éditions Héloïse d'Ormesson




   Monsieur Louis vient de mourir d'un accident de chasse. Cinq de ses clients ont reçu une convocation à se rendre dans sa propriété pour le partage de ses biens. Monsieur Louis était propriétaire d'une grande maison d'où il organisait des parties de chasse.

   La maison est tenue par deux hommes Aimé, valet de chambre et homme à tout faire très frustre apparemment il n'est jamais aller à l'école (c'est le  narrateur de cette histoire) et Martial garçon de peine lui aussi défiguré et handicapé par un "accident". Les deux hommes reçoivent avec mauvaise grâce ces cinq "têtes de chiens". Parmi ces parisiens se trouvent un commandant de police, un militaire, un proxénète mélomane et un couple. Très vite Madame Truchon s'écroule, morte.


   Superbe huis clos plein d'humour noir du fait du vocabulaire et du style frustres  employés par le narrateur qui, il l'avoue, ne sait pas raconter. On assiste à des allers retours entre passé et présent qui distillent le "suce pence" avec maestria. Un livre qui raconte avec rythme et humour une sordide histoire.  Emilie de Turckheim nous offre ici un petit bijou ciselé de main de maître qui se lit d'une traite.


vendredi 29 novembre 2013

Gin et les italiens




Gin et les italiens de Goldie Goldbloom aux éditions Christian Bourgeois éditeur



   Deuxième guerre Mondiale, Wyalkatchem en Australie occidentale, la ferme des Toad reçoit le renfort de deux prisonniers italiens pour palier le manque de bras causé par la guerre. Les Toad, ce sont Toad le mari, petit homme frustre, analphabète, Gin, la narratrice ancienne pianiste  prodige albinos et leurs deux enfants.


  Gin nous raconte l'arrivée de ces deux italiens "John" et Antonio et de leur intégration à la vie de la ferme. Après de la méfiance des deux côtés, les choses prennent une tournure plus amicale, voire familiale. Très vite Gin est troublée par le bel Antonio qui ne  cache pas l'intérêt qu'il lui porte. Gin et Toad sont un couple de circonstances. On apprend très vite que Toad a rencontré Gin dans un asile psychiatrique ou Gin séjournait suite à un internement demandée par son beau père. Gin s'étant gravé "pas touche" sur le ventre à l'aide d'un clou en guise d'avertissement à son beau père qui passait dans sa chambre tous les soirs et soulevait ses vêtements à l'aide de sa canne pour l'observer nue. Toad lui avait besoin d'une femme pour l'aider à la ferme et faire taire les rumeurs sur son homosexualité.


   Très vite les rapports entre Gin et le bel italien vont évoluer vers une attirance réciproque. Gin de par sa différence est en manque d'amour, son handicap  dégoûte même son mari qui ne la regarde que très peu et ne la touche que la nuit.


  Un beau roman au style parfois poétique, parfois très réaliste. Les passages émouvants laissent la place à d'autre beaucoup plus durs. Un roman à découvrir.

mercredi 27 novembre 2013

Une fille, qui danse



Une fille, qui danse de Julian Barnes aux éditions Mercure de France



   Suite à un mystérieux héritage, Tony Webster se penche sur son passé. Alors qu'il était jeune étudiant il a entretenu une relation quelques mois avec une Veronica Ford, une jeune fille d'un milieu et d'une éducation bien supérieurs aux siens. C'est elle la jeune fille qui danse. Tony n'était pas à l'aise dans cette relation, il se sentait manipulé. Finalement la rupture arriva.


   Quelques temps après,  Adrian, un des ses amis lui apprend par lettre qu'il sort avec Veronica, il leur envoie alors une lettre dans laquelle il leur souhaite tout le malheur du monde. Lettre qu'il regrettera par la suite. Adrian qui se suicidera peu après apparemment par choix philosophique.


   Très beau roman au ton souvent ironique voire cynique sur le remord, la prise de conscience que la  vision que l'on a de la vie que l'on a menée n'est pas conforme à la réalité à l'heure du bilan. Un roman qui s'interroge sur la mémoire souvent déformée pour être moins gênante. Une fille, qui danse a été couronné par le Man Booker Prize 2011.

mardi 26 novembre 2013

Rien ne s'oppose à la nuit



Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan aux éditions JC Lattès


   Après le suicide de sa mère, l'auteure décide d'enquêter sur la vie de celle-ci. Elle revient sur son enfance au sein d'une famille nombreuse et sur sa vie de femme bipolaire, sur sa descente aux enfers et sa lutte pour s'en sortir.


   Lucile est née dans une famille nombreuse. Les Poirier. Elle fait partie des aînés. Le père, personnage haut en couleur crée diverses sociétés avec plus ou moins de bonheur mais finalement réussit à offrir une vie confortable à sa famille. C'est un personnage qui se révèlera par la suite très ambigu. Sa mère, Liane est une femme énergique, sportive et pieuse qui vouvoie ses enfants et qui et les laisse vivre leur vie. Les parents partent régulièrement en laissant les aînés s'occuper des petits. La famille est très vite marquée par le drame les décès d'Antonin d'abord par accident puis de Jean Marc quelques années plus tard par suicide. Jean Marc avait été adopté par la famille peu de temps après le décès d'Antonin. Très vite Lucille nous apparaît comme une enfant solitaire, repliée sur elle-même. Elle est très belle et fait des photos publicitaires.


   Plus tard, Lucille va tenter toutes les expériences qui vont se présenter à elle, la vie en communauté, la drogue.... Elle va avoir deux enfants avec Gabriel mais le couple ne va pas durer. Très la santé psychologique va se dégrader, elle va avoir des bouffées délirantes qui vont obliger sa famille à l'interner. Mais finalement elle parviendra à reprendre le dessus et se stabiliser.


   En revenant sur l'histoire de sa mère, l'auteure reviens sur sur son enfance difficile. Longtemps elle en a voulu à sa mère pour son enfance  brisée. Ce récit est un magnifique message d'amour de l'auteure pour sa mère, pour le  courage qui lui a été nécessaire pour s'en sortir.  Un très beau texte très émouvant et plein de pudeur.

samedi 23 novembre 2013

Le bleu des abeilles



Le bleu des abeilles de Laura Alcoba aux éditions Gallimard



   La narratrice (Laura Alcoba) nous raconte la préparation de son départ pour la France et son arrivée dans son nouveau pays. Elle logeait chez ses grands-parents le temps d'organiser le voyage qui lui permettrait de rejoindre sa mère, son père étant prisonnier politique.

   Les préparatifs de son départ se résument surtout au début de l'apprentissage de la langue française, de sa familiarisation avec ses sons étranges ( les voyelle nasales dont la prononciation s'effectue "sous  le nez", les "e" muets, le "c" cédille) qu'elle découvre avec Noémie.

   Le départ approche et lors de la visite du jeudi à la prison, son père lui demande de lui écrire chaque semaine. Elle doit le faire en espagnol pour des raisons de censure. Il lui propose d'échanger par courrier autour de livres qu'ils liraient en même temps, lui en espagnol et elle en français. Le premier des ces livres étant Vie des abeilles de Maurice Maeterlinck qui donne son titre au livre. De cette manière la narratrice pourra progresser en français.

  A son arrivée en France, la jeune fille se lance à corps perdu dans l'apprentissage de la langue, dans l'immersion. Un apprentissage physique ( elle découvre comment prononcer des sons qui lui sont étrangers) aussi bien que culturel.  Elle veut parler parfaitement le français. Elle veut s'intégrer complètement. Le français apparaissant comme la langue de la liberté alors que l'espagnol serait celle de l'enfermement de son père.

  Superbe roman sur l'exil, le déracinement et l'enracinement dans un nouveau pays. La correspondance avec le père détenu nous montre la dureté du monde que l'enfant fuit en s'exilant en France, et maintient le lien avec ses origines. Ce roman est aussi une merveilleuse déclaration d'amour à la langue française que Laura Alcoba manie si bien.


 

vendredi 22 novembre 2013

Le don du roi



Le don du roi de Rose Tremain aux éditions JC Lattès

   Nous sommes en Angleterre juste après la restauration de la monarchie après l'épisode Cromwell. Robert Merivel, étudiant en médecine bon vivant et coureur de jupon est présenté au roi Charles II par son père, gantier royal. Subjugué par la personnalité du roi, Merivel n'a qu'une ambition rester auprès du roi. Il néglige ses études de médecine et devient bouffon du roi. Un jour le roi le donne en mariage à sa maîtresse Célia Clémence afin de s'assurer la tranquillité avec son autre favorite. Bien sûr Mérivel ne doit pas consommer le mariage et ne pas tomber amoureux de sa femme. Mérivel tombe cependant sous le charme de la belle et déclenche la colère du roi.


  Très agréable roman qui nous montre l'aveuglement de Merivel pour son roi et nous fait assister à la rédemption du narrateur après bien des aventures comme dans tout bon roman picaresque qui se respecte. Le style est énergique, les descriptions réalistes, on est tenu en haleine tout au long du roman.

  J'ai beaucoup apprécié la description de la manière dont on traitait les aliénés à l'époque et les propositions novatrices faites par le héros pour essayer de traiter ces malades.

mercredi 20 novembre 2013

Avoir un corps




Avoir un corps de Brigitte Giraud aux éditions Stock




   Récit original où l'auteure nous raconte sa vie du point de vue de son corps. Nous suivons l'évolution de ce corps de la naissance à la vie adulte. L'évolution physique (nous assistons à la croissance de l'enfant, les divers changements liés à l'âge), les changements physiologiques à la puberté), l'"usine" que devient le corps de la femme au moment de la maternité, les réactions du corps face aux agressions extérieures (maladie, stress).


   Récit qui se lit d'une seule traite. Le roman de l'évolution d'un corps. L'accent est mis dans ce roman sur le mouvement. En fin d'ouvrage, l'auteure précise que ce récit est né de nombreux échanges avec une chorégraphe. Un roman touchant par sa sincérité et au style simple sans être simpliste qui résonne comme un journal intime.