samedi 14 janvier 2017

Carte blanche à Florence Herrlemann



CARTE BLANCHE A :   

Florence Herrlemann



Aujourd’hui, c’est Florence Herllemann, auteur du superbe roman, Le festin du lézard, aux éditions Antigone 14, qui vous invite à  la lecture. Elle a choisi de vous présenter, Sans lui de Catherine Rolland, paru récemment aux éditons Mon village.





Sans lui, est une histoire comme on les aime.
De celles que l’on garde en mémoire longtemps après qu’elle nous ait été contée.  

Un soir, dans un petit village en plein cœur du Vercors, un terrible incendie ravage la maison familiale des Sostein, épargnant les enfants Ethan et Lénaïc, deux frères jumeaux à la ressemblance troublante. La relation qu’ils entretiennent est fusionnelle et indéfectible. Lénaïc artiste aux talents innés se réfugie dans la peinture, et les oeuvres du Caravage qu’il reproduit avec magnificence.

« Il avait sorti son attirail du placard de la minuscule cuisine, avait installé le chevalet face à la fenêtre, son tabouret branlant, ses pinceaux et ses couleurs. Il s’était fait couler un café très fort, s’était roulé une cigarette et s’était mis à peindre.
Le Caravage. Le Christ à la colonne, œuvre tardive du maître dont Lénaïc était tombé amoureux au premier regard. L’original était à Rouen, au Musée des Beaux-Arts, et il ne l’avait jamais vu. » 

Tiraillés par l’incessante obsession de l’autre et par l’urgence de survivre au drame, les jumeaux s’installent malgré eux dans une épreuve de force et s’affrontent en duel comme au jeu du tir à la corde. Ethan tentera le tout pour le tout en proposant à Lénaïc la possibilité d’un ailleurs.

« – Est-ce que tu viens avec moi ? Est-ce que le huit, tu monteras ou non dans cet avion ?
– Non. Et tu savais depuis le début que c’était ce que je te répondrais. C’est pour ça qu’il n’y a que ton seul billet, dans la poche de ton blouson.

Lénaïc avait, pour répondre, conservé le ton neutre et calme dont depuis le début de leur discussion, il ne s’était jamais départi. Ethan hocha la tête, vidé brusquement, envahi par le malaise, la nausée et une espèce d’épuisement désolé.
[…]  En chancelant un peu, il fit volte-face, remonta l’allée, écoutant machinalement l’écho de ses pas, sur les pavés déformés par les milliers de pèlerins qui au cours des siècles, les avaient foulés. La porte de la chapelle était restée ouverte, il avançait vers la lumière, et il songea à Orphée, qui avait tenté d’arracher Eurydice aux Enfers et n’y était pas arrivé. »

Dans cet insolite jeu de miroir apparaît un trio haut en couleur : Flore, l’amie d’enfance des deux garçons, devenue l’amante d’Ethan ; Olivier, prêtre à l’allure singulière, dont les raisons de son affection profonde pour les jumeaux reste énigmatique, et la mystérieuse Madeleine qui semble en savoir long sur la vie des jumeaux.

Avec Sans lui, Catherine Rolland nous entraîne dans l’univers complexe de la gémellité. Ses mots, ses phrases comme des entrelacs nous tiennent et nous retiennent. Son écriture fluide, lumineuse est addictive, autant vous prévenir.
Dans ce quatrième et magnifique roman, il est avant tout question d’Amour et de cette fabuleuse force qui nous vient de je ne sais où, ce souffle de vie qui nous pousse à nous dépasser, à vivre au-delà de ce qui nous est permis de croire ou d’imaginer.

Sans lui se dévore d’une traite. Son univers est d’une grande richesse, d’une grande humanité.
Merci, Catherine !



Un grand merci à Florence pour cet avis sur Sans lui de Catherine Rolland.

Vous pourrez retrouver Florence Herrlemann en dédicace, le mardi 17 janvier à la libraire La lucarne des écrivains à Paris, dans le neuvième arrondissement à partir de 19h30.

Catherine Rolland, quant à elle, signera son roman à la Fnac Neuchâtel en Suisse, le 21 janvier, à partira de 14H.

Amis Rhône-Alpins, vous pourrez retrouver les deux auteurs à la Libraire Cassiopée au Bois d’Oingt (01), le 10 mars à partir de 19h.


jeudi 12 janvier 2017

Prudence Rock


Prudence Rock d’Anne-Véronique Herter aux éditions Félicia-France Doumayrenc


Prudence ne parvient pas à s’acclimater à cette nouvelle maison dans laquelle ils ont récemment emménagé. Ses parents sont si tristes, lui adressent à peine la parole. Heureusement qu’elle a Lucie, sa grande sœur, celle qui l’accompagne, l’aide, la conseille. Celle à qui elle se confie.

Prudence ne supporte plus ses parents. Quelle idée ont-ils eu de lui donner ce prénom, elle est la risée de ses camarades d’école. Le prénom n’est déjà pas facile à porter mais accolé au nom de famille, c’est difficilement supportable.

« Mais alors avec le nom de famille, « Prudence Rock ». Rien à ajouter ou plutôt si en pleurer. Papa fait souvent cette remarque « Prudence Rock, c’est l’eau et le feu, l’équilibre parfait. » Il le dit comme il déclamerait un poème ou une plaidoirie d’avocat ! Si c’était pour défendre une cause perdue, ce ne serait pas pire. »

Prudence a de plus en plus de mal à supporter son corps. Elle est grande, ronde. Elle se  sent regardée, épiée, jugée.  Elle veut le faire disparaître, ce corps dont on se moque. Elle arrête de manger.

Nous suivons la vie de Prudence de l’adolescence à l’âge adulte. Une vie qui sera taraudée par l’image qu’elle a de son corps, cette façade qui empêche les gens de voir la personne qu’elle est au delà.  Son corps, n’est pas le seul carcan  qui entrave Prudence, il y a aussi tout ce qu’on attend d’une femme de son milieu, le rôle d’épouse et de mère qui lui sont imposés par les convenances. Prudence veut fuir tout cela, briser ses chaînes. Elle veut vivre pour elle-même mais en aura-t-elle la force ? Lui donnera-t-on une chance de réussir ?

« « Tu as vu, Romain, c’est magnifique, n’est-ce pas ? La façade est classée ! »
Devrais-je lui demander ce qu’il reste derrière cette façade parfaite, classée ? Que retient-on de cet endroit ? La vue im­prenable ou l’âme du lieu ? Sa terrasse ou ses pièces vieilles, dangereuses, insalubres et lugubres ?
Il ne reste rien, maman, que des débris, c’est un cache-misère ta façade, un mensonge, l’illusion d’une beauté passée, un rideau qui cache la réalité : l’obscurité, le manque d’argent pour l’assainir des dangers.
Cette façade est une illusion. Une illusion.
Comme toute ma vie.

Prudence est un personnage attachant qui a du mal à trouver l’équilibre entre l’eau et le feu suggérés par son nom. Tantôt quand elle est trop Prudence, on a envie de la secouer, tantôt quand elle est trop Rock, on a envie de la prendre dans ses bras pour l’apaiser.


J’ai lu Prudence Rock d’une traite. Le style d’Anne-Véronique Herter est à l’image de son héroïne, à la fois plein de force et de fragilité, tout en émotion. Il évolue avec Prudence au fur et à mesure qu’elle prend de  l’âge. Je ne peux que vous recommander ce livre captivant ou espoir et désillusion se succèdent. Un livre dont on ne ressort pas indemne avec une fin qui coupe littéralement le souffle.

Page Facebook d’Anne-Véronique Herter : 
https://www.facebook.com/AVHERTERauteure/?fref=ts
Site de éditions Félicia-France Doumayrenc : 
http://www.editions-feliciafrancedoumayrenc.com