Le problème à N corps de Catherine
Quilliet aux éditions Paul & Mike
Vincent a
tout pour être heureux : une femme sublime, un métier qui le passionne
dans la recherche de pointe sur la reconnaissance vocale, pourtant tout va
changer pour lui le jour où il replonge dans le journal intime qu’il tenait
jusqu’à ses années de fac. Il y découvre un pan entier de son passé dont il ne
se souvient absolument pas. Une histoire d’amour avec une certaine Marianne.
Pourtant ce n’était pas une relation d’un soir. Comment peut on oublier une histoire
d’amour aussi intense.
« Il relut, interloqué, les phrases qu’il
avait commencé à parcourir distraitement, et dont il réalisait soudain qu’elles
ne réveillaient aucun écho en lui. Son écriture n’avait pas vraiment changé,
pas de doute, c’était bien lui qui avait
écrit ces lignes. Mais quand ? Et la fille, c’était qui ?.
Les réponses lui reviendraient
forcément quand il lirait la suite.
Mais plus il avançait dans sa
lecture et moins le récit s’ajustait à ses souvenirs de jeunesse. Chaque anecdote
l’éloignait davantage de lui-même. Il n’avait aucun visage à mettre sur les
obsessions déroulées page après page. »
Petit à
petit ce pan de son passé oublié va obnubiler Vincent, il va s’insinuer dans
les moindres recoins de sa vie. Il faut
qu’il sache, qu’il retrouve cette Marianne, qu’il découvre pourquoi, comment il
a pu oublier cette histoire. Cette quête va perturber son travail et surtout sa
vie de couple, il va peu à peu délaisser Claire.
Il va faire
appel à un écrivain qui, dans une interview, révélait que quand il terminait un livre il ne se
souvenait plus de tout de ce qu’il avait écrit. Il va partir à la recherche de
cette Marianne pour l’interroger. Il va faire appel à des logiciels de
reconnaissance lexicales pour comparer ce pan de son journal avec le reste de
ses écrits dont il se souvient. Ce qu’il va découvrir, je ne vous en parlerai
pas, il vous faudra lire le livre pour le savoir.
Ce roman
est un véritable thriller. Un thriller sans meurtre, sans assassin, sans
policier. Un roman dans lequel le héros va se mettre à enquêter sur son passé,
d’ailleurs son nom n’est pas innocent : Vincent Estière (est hier) . Une
enquête pleine de rebondissements et de surprises. C’est un roman dont le
centre est la trahison dans la relation amoureuse, le mensonge qui fausse la
donne.
Venons-en au titre. Le problème à N corps. C’est un problème physique qui
consiste à résoudre les équations du mouvement de Newton de N corps interagissant
gravitationnellement, connaissant leurs masses ainsi que leurs positions et
vitesses initiales (merci Wikipédia). Mais rassurez-vous nul besoin d’êre un
expert en physique pour comprendre et apprécier ce roman. Je suis nul en physique et ce titre a bien failli me dissuader de lire ce livre ; grossière erreur. Ici il peut être
résumé par le fait qu’en amour, quand il y a plus de deux corps en présence, c’est le
chaos.
Je vous
invite à découvrir ce véritable thriller mené de main de maître par Catherine
Quilliet. Un roman dont la construction et le style vous prennent dès la
première ligne, vous happent et ne vous lâchent plus.
« -Votre journal,
Vincent. Le vôtre, pas le fascicule supplémentaire. Vous le relisez à quelle
fréquence, à peu près ?
-C'est difficile de
parler de fréquence. Je ne le relis pour ainsi dire jamais" Vincent
hésita. " Enfin quand je dis jamais ..."
Son vis-à-vis
s'enfonça davantage dans son moelleux fauteuil de cuir brun, croisa les jambes,
attendit. Vincent mordilla l'une de ses phalanges, puis se fit violence pour
parler.
"En fait, ça m'est arrivé une fois, il
y a assez longtemps. Pendant ma thèse. Au début, il me semble. C'était...
comment dire... surprenant. Presque désagréable. J'ai reconnu les événements,
tout au moins les plus marquants, mais quasiment rien des détails. Comme s'il
ne s'agissait pas de moi, mais du roman de la vie d'un autre que j'aurais
fréquenté autrefois. Quelqu'un qui avait finalement très peu de points communs
avec moi, mon moi de maintenant. C'est déstabilisant de de pas se retrouver là
où on croyait s'être laissé. Ça m'a suffisamment déplu pour que je n'aie pas
envie de recommencer l'expérience. Il est plus confortable d'entretenir
l'illusion qu'on est soi de toute éternité, et que ce qu'on vit à un instant
donné restera ancré dans notre mémoire jusqu'à la fin ... »
intéressant ce sujet thriller où la mémoire se joue de la vérité, je suis assez tentée, c'est original, et si le hibou dit que c'est bien !!! merci
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