dimanche 10 mai 2015

Souvenirs de lecture 9 : Laura Alcoba



Souvenirs de lecture 9 :Laura Alcoba


   Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchés, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient d'où on était quand on les lisait, quel temps il faisait. Il m'a semblé intéressant de savoir quelles lectures avait marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avaient influencé leur désir d'écrire. Aujourd'hui c'est Laura Alcoba qui me fait l'honneur de répondre à mes questions. Je la remercie chaleureusement pour son temps si précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.


LLH : Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus marqué et pourquoi ?



LA :    J'ai commencé à lire alors que j'étais très jeune, encore enfant. La lecture m'a accompagnée durant toute l'adolescence, j'ai grandi avec elle - elle était à la fois mon jardin, mon temple, mon refuge. J'attendais TOUT des livres. Je ne lisais pas pour me distraire ou m'évader mais véritablement pour me trouver. Entre mes douze et seize ans, j'étais dans une quête d'absolu sans concession, typiquement adolescente et dont je garde un souvenir fort. J'étais une lectrice boulimique mais je cherchais LE livre, celui qui répondrait à toutes les questions, celui qui me comblerait.

             Lorsque j'ai lu Siddhartha de Herman Hesse, j'ai eu l'impression d'avoir trouvé le livre qui correspondait à cet idéal. Je devais être dans ma quatorzième année. C'est un livre que je n'ai pas relu depuis, peut-être serais-je déçue aujourd'hui... Mais je me souviens d'avoir été fortement impressionnée par son propos philosophique, j'avais le sentiment de faire ma vraie première lecture de "grande"

             Siddhartha est une sorte de conte retraçant une quête spirituelle dans laquelle je me retrouvais totalement. C'est aussi une initiation au bouddhisme, dont j'ignorais tout à l'époque. Cette lecture est vraiment lointaine, mais j'en ai gardé des images qui sont encore très belles dans mon souvenir notamment toutes les scènes de méditation au bord de l'eau. A la toute fin du livre, Siddhartha retrouve son ami, Govinda. Ils étaient partis ensemble à la recherche de la sagesse, mais leurs chemins s'étaient séparés. Leurs retrouvailles à la fin de leurs parcours, m'avaient profondément émue.


LLH : En quoi ce livre a-t-il influencé votre désir d'écrire ?

LA :    Je ne sais pas si ce livre a influencé directement mon désir d'écrire. Mais il y a dans le souvenir que j'ai de Siddhartha quelque chose qui me semble correspondre à ce que je recherche dans mon écriture. J'essaye d'écrire de manière à la fois concise et fluide, à dépouiller mes textes de tout ce qui ma paraît gratuit ou superflu. Je crois qu'il y a là quelque chose qui est en relation avec le sujet de Siddhartha.


LLH : Quelles sont vos dernières lectures coup de coeur ?

LA :    J'ai fait de très belles lectures ces derniers mois. J'ai particulièrement aimé Monastère d'Eduardo Halfon (Quai Voltaire). Tout ce que j'aime en littérature est là. L'auteur s'attache à des petites choses, des petits détails apparemment anodins qui portent une histoire immense - familiale et collective. C'est un texte mélancolique et profond, écrit tout en subtilité.

            Comme Un vague sentiment de perte d'Andrezej Stasiuk  (Actes Sud) un beau livre sur la mémoire, assez proche dans l'esprit du livre d'Eduardo Halfon.

            J'ai aussi beaucoup aimé Le chaste monde de Régine Detambel (Actes Sud) - un livre bien différent des deux précédents, une histoire de voyage et de découverte sensuelle librement inspirée du parcours d'Alexander Von Humboldt. C'est un livre vivifiant, truffé de trouvailles littéraires.



Biographie



           Romancière de langue française, Laura Alcoba a passé son enfance en Argentine.

            En 2007, elle publie aux éditions Gallimard Manèges. Petite histoire argentine où elle évoque une épisode de son enfance sous la dictature. ce premier livre a été traduit dans de nombreuses langues (anglais, espagnol, allemand, italien et serbe). Toujours dans la collection blanche de Gallimard, elle publie ensuite Jardin blanc, Les passagers de l'Anna C. et enfin Le bleu des abeilles, paru à la rentrée 2013. Dans ce dernier roman, elle s'inspire de son arrivée en France en 1979 : elle y évoque notamment la correspondance avec son père, alors prisonnier politique en Argentine, et l'apprentissage de la langue française.

           Après avoir longtemps exercé comme maître de Conférence à l'Université de Nanterre, depuis le mois d'octobre 2013 elle est également éditrice aux éditions du Seuil. Laura Alcoba est aussi traductrice.


    Encore un grand merci à Laura Alcoba pour sa gentillesse et son temps. Tous le titres des romans de Laura Alcoba ayant fait l'objet d'un chronique sur ce blog sont colorisés et disposent d'un lien intégré vous permettant d'accéder à la chronique en question d'un simple clic. Si vous ne connaissez pas encore la plume de Laura, je vous invite à la découvrir au plus vite.




1 commentaire:

  1. Déjà que j'aimais beaucoup sa plume. Là je l'aime tout court. Je ne reviens pas que nous ayons le même livre préféré que j'ai également lu à 14 ans !!! Mais relu depuis et pas déçue :)
    Allez, je vais chroniquer le bleu des abeilles. Il le faut!

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