Affichage des articles dont le libellé est Américaine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Américaine. Afficher tous les articles

dimanche 15 février 2015

Le pensionnat des jeunes filles sages




Le pensionnat des jeunes filles sage d'Anton Disclafini aux éditions Le Livre de Poche




   1930 en Caroline du Nord, alors que la crise de 1929 touche de plein fouet les Etats Unis, Théa, jeune fille de quinze ans est déposée par son père à Yonahlossee, un internat pour jeunes filles aisées dont le programme éducatif repose sur l'équitation, la passion de Théa.  Ce séjour est une punition, ses parents ont décidé d'éloigner la jeune fille de la famille car elle s'est mal comportée et a été à l 'origine d'un drame familial. Habituée à vivre en vase clos avec ses parents et son frère jumeau Sam, Théa va découvrir la vie en communauté. Pour elle qui n'était jamais allée à l'école, son éducation ayant été dispensée par son père, le choc est difficile. Elle va devoir se plier à des règles, des horaires contrairement à la maison où tout était beaucoup plus flou, les enfants disposant de tous leurs après-midi dehors.


   Théa rongée par le remord, par le sentiment d'être abandonnée par sa famille, va très vite comprendre qu'elle n'est pas là juste pour les vacances. Ses parents se sont débarrassés d'elle, de sa présence si encombrante après le drame vécu par la famille. Bien que solitaire dans l'âme elle va très vite s'intégrer et se faire des amies. Ses journées sont rythmées par les cours et les séances d'équitation. Le pensionnat n'est pas un lieu très strict. Les Holmes qui le gèrent sont un couple "progressiste". Henry Holmes est un bel homme, séduisant pour qui toutes ces jeunes filles ont le béguin, quant à son épouse, c'est elle qui est en charge de l'autorité. Théa va tenter de construire sa vie dans ce pensionnat , entre cours d'équitation, rivalité avec ses camarades, bals avec les garçons d'un établissement voisin. Le caractère fort de Théa et son béguin pour Mr Holmes ne vont pas lui rendre la tâche facile.



  Que dire de ce roman si ce n'est ma joie d'en avoir terminé. Que c'est long, que c'est poussif, que le style est lourd. Les seuls moments qui m'ont intéressé sont ceux où l'auteur traite du contexte social de l'époque. Cette crise de 1929 qui toucha tout le monde, y compris les plus riches. On a du mal à entrer dans l'histoire, à s'attacher aux personnages. Un roman de cinq cents pages qui aurait pu à mon avis être mieux traité s'il en avait compté moitié moins.









samedi 31 janvier 2015

Esprit d'hiver



Esprit d'hiver de Laura Kasischke aux éditions Livre de poche



     C'est le matin de Noël et Holly, comme chaque année a beaucoup de choses à préparer. La famille et les amis vont arriver. Pourtant, bizarrement, elle se lève tard. Bizarrement, Tatiana n'est pas venue les secouer comme chaque année, impatiente d'ouvrir ses cadeaux. Quand elle s'est levée un peu plus tôt, sa fille dormait paisiblement, mais pourquoi Holly s'est-elle recouchée. Son mari, lui, part de mauvaise humeur chercher ses parents à l'aéroport. Holly ne se lève pas dans les meilleures dispositions, un sentiment de malaise l'oppresse.

      "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux."

     Holly a besoin d'écrire cette phrase, de poser des mots sur ce qu'elle ressent pour comprendre, mais ce matin elle n'a pas le temps.  Cette phrase la hante. Tatiana n'est pas leur fille biologique. Très jeune Holly a dû subir une ablation des seins et des ovaires pour ne pas mourir de la même maladie que sa mère et sa soeur. Quand le désir d'enfant s'est fait ressentir, le couple a décidé de se rapprocher d'un orphelinat sibérien pour adopter. Tout en essayant d'activer les préparatifs, Holly se souvient de toutes les étapes de leur vie avec Tatiana, de leur première visite à l'orphelinat, de comment ils ont eu le coup de foudre pour cette enfant de dix-neuf mois aux si grands yeux.


    "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux."


    Treize ans qu'ils vivent ensemble. Aujourd'hui Tatiana a quinze ans et elle n'est pas comme d'habitude. Alors que sa mère se débat avec les préparatifs, lui demandant son aide, Tatiana ne cherche que l'affrontement. Comme si Holly avait besoin de ça. Elle se sent déjà assez angoissé et n'a toujours pas le temps d'aller écrire cette phrase qui la mine, de l'écrire pour savoir, pour comprendre cette terreur sourde qui l'étreint. Et dehors le blizzard fait rage, s'intensifie. Non ce Noël ne sera pas comme les autres.


    Esprit d'hiver est une roman angoissant, asphyxiant, on ressent cette atmosphère étouffante générée par l'angoisse de Holly presque physiquement. Cette impression à l'intérieur de ce huis clos est encore renforcée par cette neige à l'extérieur qui recouvre tout, qui bloque tout. Une couche de neige qui bloque les issues. On sent l'horreur psychologique monter, on sait qu'on ne pourra y échapper. Un roman qui distille l'angoisse avec précision, par petites touches, faisant monter ce sentiment d'étouffement petit à petit. Laura Kasischke est une pointilliste de l'angoisse. Un thriller psychologique d'une efficacité redoutable qui continue de nous hanter une fois la dernière page refermée.

   "C'était là maintenant, dans cette pièce avec elles, et c'était terrifiant, oui mais il n'était plus question de terreur. La terreur, c'était la lente approche du chat blessé, traînant ses pattes arrière en traversant la cour. La terreur c'était le silence, après avoir entendu sa mère gémir derrière une porte close. Il y avait de la terreur dans ce silence car il restait encore une chance de refuser les faits."